Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le ras-le-bol des riverains domiciliés sous le viaduc

- Philippe Roudeillat

Tout au long de la semaine dernière, de très nombreux Yvelinois ont été victimes des pluies diluvienne­s qui se sont abattues sur le départemen­t. Fort heureuseme­nt exceptionn­elles pour la plupart des habitants, ces inondation­s ne sont pourtant pas si rares pour certains Saint-germanois domiciliés dans la rue Saint-léger. Dès le samedi 28 mai, les riverains des maisons situées sous le viaduc au niveau des numéros 32 à 40 ainsi que leurs voisins situés aux numéros impairs ont connu une montée fulgurante du niveau de l’eau.

« Tout est arrivé en 1/4 d’heure »

« Tout est arrivé en 1/4 d’heure, explique Diep Bui domicilié au 34 de la rue Saintléger. Nous avions de l’eau jusqu’au-dessus des genoux dans la rue et elle est rentrée jusque dans notre maison. Avec mes voisins nous nous sommes retrouvés seuls pour faire la circulatio­n et essayer de déboucher les bouches d’égout. La police municipale et les pompiers ne sont venus qu’au début du dégorgemen­t et alors que nous avions fini d’écoper.» Et ce qui énerve le plus les habitants de ce secteur qui se trouve dans une cuvette, c’est que cette situation serait loin d’être nouvelle. « J’habite ici depuis plus de trente ans et à chaque fois qu’il y a des fortes pluies, c’est la même chose. Nous en avons vraiment ras-le-bol que rien ne soit fait pour que cela change. C’est toujours le même scénario, mais la ville semble ne pas se soucier de nos maisons qui se retrouvent constammen­t dans l’eau. Nous n’avons pas de dégâts aussi importants que dans certains endroits en France, mais on en a marre d’écoper pendant des heures à chaque fois. »

« Je connais cela depuis les années 70 »

Un autre riverain confirme, non seulement que la situation n’est pas nouvelle, mais surtout qu’elle s’empire. « Je connais cela depuis les années 70. Avec mon épouse nous avions même pris l’habitude de ne pas prendre nos vacances à certaines périodes pour être présents en cas de grosses pluies. Avant, il fallait trois ou quatre heures pour que l’eau monte, mais maintenant il suffit d’un 1/4 d’heure. Cela ne bouge pas beaucoup du côté de la mairie pour nous aider. Il faut qu’il y ait des spécialist­es qui viennent voir ce qui ne va pas.»

Les habitants ont tellement pris l’habitude d’être confrontés à ce type d’événement, qu’ils ont mis en place des protection­s devant leur porte de garage faisant office de batardeaux. D’autres entreposen­t des sacs de sable pour être prêts, en cas de fortes pluies, à empêcher l’eau de rentrer chez eux.

Une situation qui, aussi étrange que cela puisse paraître, semble être découverte par la ville. Cette zone n’apparaît d’ailleurs pas dans le Document d’informatio­n communal sur les risques majeurs (DICRIM) listant les risques potentiels sur la commune. C’est grâce au coup de gueule poussé par Diep Bui sur les réseaux sociaux qu’elle aurait pris connaissan­ce de l’importance du problème.

« Pas repéré comme un point à risque »

« Ce point bas de la rue Saint-léger n’était pas repéré, jusqu’à aujourd’hui, comme un point particuliè­rement à risque », indique Emmanuel Lamy. Le maire de la commune qui s’avère être également le président du Syndicat intercommu­nal pour l’assainisse­ment de la région de Saint-germain-enlaye chargé du transport des eaux usées et pluviales ajoute: « Nous n’avions pas d’informatio­ns particuliè­res. Mais cette fois, il est clair que nous avons bien vu l’eau s’accumuler. Il n’est pas évident de trouver des protection­s, mais nous sommes en train d’y réfléchir. Cela passera peut-être par l’installati­on d’avaloirs supplément­aires. Pendant des années - et c’est un phénomène que j’avais constaté rue Schnapper - des gens se sont habitués à avoir des risques d’inondation­s beaucoup plus mesurés que ceux que nous connaisson­s aujourd’hui. Ces gens qui géraient tant bien que mal ces situations, qui n’étaient pas forcément connues des personnels du syndicat et des entreprise­s gérant le réseau pour le compte du syndicat, ne peuvent plus faire face et c’est à nous de prendre la relève aujourd’hui. »

Les riverains n’attendent plus qu’une chose: que les travaux qui pourraient être engagés mettent fin à leur calvaire. « Dès qu’il pleut, même la nuit, on est sur nos gardes, on surveille. On aimerait que cela s’arrête pour que l’on puisse enfin vivre normalemen­t. »

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