Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Des vestiges de l’antiquité et du Moyen Âge derrière la mairie
Les découvertes réalisées lors d’un diagnostic archéologique en mars dernier, derrière la mairie de Poissy, pourraient conduire à des fouilles plus poussées, retardant ainsi la construction de l’immeuble Nexity.
Dans notre édition du 27 avril 2015, nous annoncions le lancement, au premier trimestre 2016, des travaux de construction d’un immeuble de 80 logements et 950 m2 de locaux d’activité, derrière la mairie. Un projet porté par le promoteur Nexity.
Ce calendrier se trouve aujourd’hui bousculé. Le diagnostic réalisé par le service archéologique départemental des Yvelines en mars dernier, a abouti à d’intéressantes découvertes qui seront certainement approfondies dans les prochains mois. La décision de procéder à des fouilles revient à l’état, via le service régional d’archéologie. Karl Olive, maire de Poissy, n’a aucun doute : elle sera prise.
Des vestiges protégés
« Si les fouilles sont décidées, généralement, pour la superficie concernée, elles pourraient durer entre un et trois mois », confie Nicolas Girault, archéologue médiéviste au sein du service d’archéologie départemental (devenu, depuis le mois dernier, service archéologique interdépartemental Yvelines-hauts-de-seine). C’est lui qui a conduit l’opération de diagnostic entre le 1er et le 10 mars derniers. « Nous étions une équipe de deux archéologues, un troisième nous a rejoints pendant deux journées. » Contrairement à des fouilles qui portent sur l’intégralité du terrain, un diagnostic consiste à sonder une petite partie. « 10 % au minimum », précise Nicolas Girault. En réalité, on a sondé 25 % des 1 700 m2 accessibles. Nous avons dû réaliser des tranchées très larges pour assurer notre sécurité car il s’agit d’un terrain qui a été remblayé au XIXE siècle, sans doute au moment de la mise en place du marché aux bestiaux (1830). »
Ces remblais ont permis de protéger les vestiges plus anciens. « Par exemple, les passages de réseaux se trouvent au-dessus de ces vestiges. En revanche, ce qui a été le moins bien conservé, ce sont les vestiges du marché. Tout a disparu avec les travaux plus récents du début du XXE. On trouve beaucoup de gravats de pierre de mortier, ce qui prouve qu’il y a eu beaucoup de démolitions de bâtiments au XIXE et début du XXE siècle. »
Des fossés datant de l’antiquité
Il a donc fallu creuser entre 1,60 et 2,60 m de profondeur pour trouver des traces remontant à l’antiquité ! « Nous avons trouvé quelques céramiques de la protohistoire (période entre la fin de la Préhistoire et l’antiquité) et surtout trois fossés (creusements linéaires dans le sol, en forme de V, mesurant un mètre de large et servant probablement à délimiter des parcelles) datant de la fin de l’antiquité (IVE ou Ve siècles). » Selon Nicolas Girault, ces découvertes viennent conforter l’idée d’une présence humaine à Poissy dès l’antiquité. « L’ancien pont de Poissy devait déjà exister. On peut donc supposer qu’il existait déjà une agglomération de Poissy, ou tout au moins une installation humaine. »
De la céramique fabriquée à Poissy au XIVE
Le diagnostic a également permis de mettre au jour les restes d’un possible quartier périurbain de la ville médiévale (fin XIIIE et début XIVE siècles). « Deux bâtiments ont été découverts ainsi qu’une série de murs et la présence de l’enceinte médiévale du XIVE. » Des restes de mobilier de céramique, notamment un pichet du XIVE, rappellent que Poissy, au Moyen Âge, disposait d’ateliers de fabrication de céramique. « C’était une céramique très décorée et colorée avec des teintes rouges, jaunes, vertes, marron… On en retrouve à Paris ou à Rouen.»
Un rempart inconnu
Les archéologues relèvent très peu d’indices d’activité humaine entre la fin du XIVE et le XVIIE siècle. « Ce quartier a périclité assez rapidement, peut-être pour des raisons économiques, peut-être aussi du fait de la Guerre de Cent Ans… Poissy est une zone de guerres régulières et, à cet endroit, au niveau du mur