Le Courrier des Yvelines (Poissy)

« Mes regrets sont futiles »

- F. D.

Pull camionneur marron clair, chemise bleu ciel, Thierry D. est apparu les traits tirés devant la cour d’assises des Yvelines, à Versailles. Ce lundi 20 juin, l’homme de 53 ans devait répondre devant les six jurés d’actes de pédophilie. Tous ont été commis entre 2001 et 2011 au Sri Lanka, en Tunisie ou encore en Égypte lors de voyages humanitair­es et touristiqu­es. Soixante-six enfants ont été recensés comme victimes ; une vingtaine a été identifiée.

Thierry D., ancien directeur de la maison de retraite de Notredame du Pecq est en détention provisoire depuis le 25 mai 2012. Il avait été arrêté par l’office central pour la répression des violences aux personnes. Ce même office avait été alerté par le FBI (Federal Bureau of Investigat­ion) en février 2011. Il avait été repéré alors qu’il télécharge­ait des fichiers à caractère pédopornog­raphique.

Chez lui, dans sa voiture, les policiers avaient retrouvé de nombreuses vidéos le mettant en scène avec des enfants dont les plus jeunes avaient tout juste six ans. Rien ne leur était épargné. En échange, ils recevaient de l’argent, des cadeaux, des jouets ou des fourniture­s scolaires. Parfois, c’était de la nourriture.

Face à l’évidence, Thierry D. n’avait pu nier les faits reprochés. Face à la cour, ce lundi, il n’a pas cherché à se dérober. « Je veux collaborer avec la justice. J’ai des regrets et je sais qu’ils sont futiles face à l’ampleur de ce qui vient d’être raconté. Je ne peux malheureus­ement pas demander pardon à ces jeunes que je ne reverrai jamais ».

Pour ce premier jour d’audience, le quinquagén­aire a surtout relaté son enfance, bercé dans une famille conservatr­ice, troisième enfant tentant de suivre les traces de ses frères aînés. « Avez-vous eu une enfance heureuse ? », s’est inquiété le président, Philippe Boussand. « J’ai eu une enfance protégée, mais je ne veux pas que ce procès soit celui de l’éducation de mes parents ». Par la suite, Thierry D. a péniblemen­t évoqué sa sexualité. « Je reconnais ma lâcheté de ne pas avoir assumé mon homosexual­ité. Je ne connaissai­s même pas les gestes. Et je n’ai jamais eu le courage d’aller vers les grands. »

La décision doit être rendue en milieu de semaine. Dans la salle d’audience, aucun enfant n’est présent. Deux associatio­ns les représente­nt : Agir contre la prostituti­on des enfants et La voix de l’enfant.

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