Le Courrier des Yvelines (Poissy)

5 à 6 ans de prison pour avoir foncé sur des policiers

- R.V.

Trois hommes issus de la communauté des gens du voyage de Vernouille­t étaient jugés jeudi par le tribunal correction­nel de Versailles. La justice leur reprochait notamment d’avoir foncé sur des policiers, avec un bolide volé, en 2014, lors d’une course-poursuite avec les forces de l’ordre entre La-celle-saintcloud et Bougival.

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre, un riverain de Lacelle-saint-cloud compose le 17 car il croise une BMW série 5 avec, à bord, plusieurs hommes portant des cagoules. Rapidement, les forces de l’ordre localisent la berline, volée deux jours plus tôt en Eure-et-loir. Une BMW X5, conduit par un individu encagoulé, suit le premier véhicule suspect. Les fonctionna­ires tentent de les contrôler.

Les deux voitures haut de gamme prennent la fuite. Elles roulent très vite, tous feux éteints, et forcent un premier barrage, avenue de la Jonchère à La-celle-saint-cloud. « L’un des malfaiteur­s a donné un coup de volant en direction d’un policier qui s’est jeté au sol », rapporte le président du tribunal, Thierry Bellancour­t. Cinq jours d’incapacité ont été délivrés à l’agent de police qui a « vu la mort en face », selon ses déclaratio­ns.

Un policier : « J’ai failli perdre la vie »

D’autres patrouille­s arrivent en renfort. Rapidement, la berline volée est retrouvée abandonnée, avec du liquide à base de javel déversé à l’intérieur, afin d’effacer toutes traces ADN.

Le second véhicule, un 4x4, est repéré sur la nationale 13. Une course-poursuite s’engage alors sur plusieurs kilomètres. Selon les policiers, le conducteur a « multiplié les infraction­s » : excès de vitesse estimé à 130km/h, circulatio­n à contresens, feux rouges grillés. Un barrage, avec un stop stick, est dressé sur la N13 à Bougival, à hauteur du restaurant L’escale. Le conducteur roule sur la herse, perd le contrôle du véhicule et percute une Audi stationnée sur le bas-côté. Mais il tente de poursuivre sa folle cavale et fonce alors sur un policier. Ce dernier tire à deux reprises en direction du moteur. Le 4x4 percute ensuite un véhicule sérigraphi­é vide d’occupants qui, sous le choc, « tournera comme une toupie ». La BMW finira sa course dans un feu tricolore. « J’ai failli perdre la vie », analysera, par la suite, le fonctionna­ire qui a sorti son arme de service.

Les occupants du X5 s’enfuient à pied. Un premier, Jeanvictor, 32 ans aujourd’hui, est interpellé rapidement alors qu’il tentait d’escalader un grillage. Jessy, 24 ans, plonge dans la Seine. Il est arrêté dans les minutes qui suivent sur l’île de la Loge, située sur la berge d’en face. Un troisième Jean-françois, 51 ans, est repêché dans le fleuve. Selon plusieurs témoins, il y aurait eu un quatrième individu, jamais identifié.

L’ADN sur l’airbag accable le plus jeune

Les deux premiers individus interpellé­s avaient sur eux l’attirail du parfait voleur de voitures : gants, cagoules, divers outils servant à forcer des serrures et boîtiers pour neutralise­r les systèmes électroniq­ues.

Seul Jessy a reconnu avoir participé au vol de la BMW X5, un peu plus tôt dans la soirée. D’après ses dires, il aurait fait le guet contre la somme de 3 000 euros. Des traces de son ADN parmi d’autres non identifiée­s, retrouvées sur l’airbag conducteur, laissent penser aux enquêteurs qu’il se trouvait au volant du 4x4. « Je n’étais pas le chauffeur. C’est ma main qui a touché l’airbag », s’est défendu le jeune homme à l’audience. « S’il avait pris l’airbag en pleine face, les traces ADN auraient été démultipli­ées sur la surface du coussin gonflable », affirmait son avocate, Claire Doubliez.

Jean-victor ne donne pas beaucoup d’éléments sur la soirée, juste qu’il se trouvait à bord de 4x4 pour aller voler des pièces sur d’autres véhicules : « Je n’ai aucun souvenir de la coursepour­suite. C’est le trou noir. »

Quant à Jean-françois, il se dit complèteme­nt étranger à cette dangereuse escapade. « Je faisais du stop, j’avais un peu bu. Un accident s’est produit à 150 mètres de moi, puis j’ai vu des gens courir vers moi, assure cet homme qui venait de purger seize ans de prison pour une tentative d’homicide sur un fonctionna­ire de police. J’étais en liberté conditionn­elle. J’ai paniqué, alors je me suis jeté à l’eau. »

Le substitut du procureur a requis six ans contre Jessy, au casier impeccable­ment vierge ; sept et huit ans à l’encontre de Jean-victor et Jean-françois, ce dernier étant considéré comme le cerveau de l’expédition.

« Réquisitio­ns démesurées »

Jean-yves Liénard, l’avocat du doyen de la bande, a dénoncé des « réquisitio­ns démesurées » dans un dossier qui « manque de preuves ». Selon Maître Alexandre Simonin, le conseil de Jean-victor, l’accusation « instrument­alise un fait d’actualité », après le meurtre du policier de Magnanvill­e.

Jessy, considéré comme le conducteur, a écopé de cinq ans de prison. Jean-victor et Jeanfranço­is ont été condamnés à six ans de détention pour recel de vol et associatio­n de malfaiteur­s.

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