Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le chantier naval repart sur de bons rails
Alors que la société Chantier naval d’achères est toujours en liquidation, le site de la Croix d’achères est repris en main, depuis le 6 juin, par un chef d’entreprise cherbourgeois très attentif aux conditions de sécurité.
« C’était une véritable déchetterie à ciel ouvert ! » Stéphane Huet, 48 ans, est le président du groupe JSH (spécialisé dans le traitement de surface et l’application de peinture industrielle), basé à Martinvast, près de Cherbourg. Depuis le 6 juin, il est le directeur de la toute nouvelle société Chantier naval Seine et Oise, créée spécialement pour exploiter le site de la Croix d’achères, propriété de Ports de Paris. Son projet a été préféré à celui des autres candidats, sans doute en raison de son attachement aux conditions de sécurité et au respect des normes environnementales.
« Personne n’entrera sans »
« Je n’aurais pas osé faire venir un client dans le bureau dans l’état où il était, poursuit-il, dégoûté par le souvenir des cannettes et autres boîtes à pizza vides qui jonchaient le sol. Les toilettes, c’est simple, on ne pouvait pas s’en approcher rien qu’à cause de l’odeur. Depuis trois semaines, nous avons entrepris de tout nettoyer sur les trois hectares autour. Nous avons repeint tous les bureaux, intérieur et extérieur. » À compter du 19 juillet, l’accès au site sera réglementé avec un système de contrôle des entrées et des sorties - « en cas d’incendie, je veux savoir le nombre de personnes à évacuer ».
Prenant modèle sur ses principaux concurrents (Chantiers de la Haute Seine, à Villeneuve-le-roi, Chantier naval Van Praet et Chantiers navals Vandenbossche, tous deux à Villeneuve-la-garenne), Stéphane Huet impose que chaque personne pénétrant sur le site aura l’obligation de porter des équipements de protection individuelle (casque, lunettes, chaussures de sécurité, gilet fluo…). « Personne n’entrera sans, pas même moi ! »
Sous-traitance
Début juillet, l’ensemble du site sera placé sous vidéosurveillance. Aucun véhicule ne sera plus autorisé à circuler sur le chantier, un parking sera aménagé à l’entrée dans le prolongement de la petite maison existante qui, elle, servira de bureau d’accueil. Sur le plan environnemental, une zone de tri des déchets sera spécialement aménagée et la « zone de déchirage » reconfigurée.
Rénover, modifier - voire construire - des barges fluviales, telle sera l’activité essentielle de Chantier naval Seine et Oise. « On est plus tournés vers les transporteurs professionnels, mais on accueillera également des résidentiels. »
En revanche, Stéphane Huet fonctionnera différemment des précédents exploitants des lieux. « Nous créons un pôle d’activité fluviale. Nous mettons à disposition de nos clients et de nos partenaires un ensemble de moyens : système de levage et de tirage à terre de bateaux, équipement de manutention (portique de 10 tonnes, grues, etc.), bureaux, vestiaires, sanitaires… Nous assurons la coordination des travaux, prenons en charge le risque technique et gérons le site. »
Toute la partie technique sera confiée à des partenaires soustraitants « experts dans leur corps de métier ». « Le groupe JSH fonctionne ainsi. » Ces partenaires seront sélectionnés avec soin et devront s’engager au préalable à respecter les règles de fonctionnement sur le site.
Flash
Stéphane Huet précise aussitôt qu’il ne s’agit pas pour lui d’exporter l’activité à Cherbourg. « On peut trouver des chaudronniers et serruriers à Cherbourg, mais le fluvial reste un métier à part entière. Le but est de faire travailler les professionnels de la région parisienne, d’achères et audelà. »
Deux anciens salariés du site ont déjà été recrutés, dont l’ancien directeur, licencié il y a un an. « On est en négociation avec deux autres. » Soit quatre salariés au total. Stéphane Huet sera présent sur site trois jours par semaine.
Une grande partie du matériel a été vendue aux enchères suite à la liquidation judiciaire de la société Chantier naval d’achères prononcée le 20 mai dernier. « Tous les actifs ont été vendus le 26 mai », explique Stéphane Huet. Je n’ai racheté que la partie qui sert à monter et descendre les bateaux. Toute la partie production a été vendue. »
Stéphane Huet a été fournisseur du chantier naval d’achères il y a un an et demi. « Cela m’a coûté 21 000 euros. Comparé à d’autres, je ne m’en sors pas trop mal… » Il y a un an, il a eu cette idée de reprendre en main ce chantier. « Cela a été comme un flash. Je m’étais dit : comment se fait-il que cela ne marche pas ? »
L’activité devrait redémarrer incessamment. « Le 5 juillet, nous accueillerons deux bateaux à rénover, nos premiers clients ! »