Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Jérôme Gauthier brasse les idées pour vendre sa bière
Installé à Carrières-sous-poissy depuis 1997, Jérôme Gauthier, informaticien de 47 ans, s’est pris de passion pour le travail de brasseur. Avec un ami, il vient de créer sa société pour commercialiser une bière de sa recette et rêve d’ouvrir une brasserie
Woonto. Non, il ne s’agit pas d’un cri de guerre aborigène ni d’un ravioli chinois, mais le nom - dénué de sens - de la société créée en début d’année par Jérôme Gauthier. Ce père de famille, originaire de Lannion (22) et installé depuis 1997 à Carrières-sous-poissy, développeur web de profession, s’est associé avec un ami, François Paix, dans le but de commercialiser leur propre bière. « On prononce Wontou mais des Anglais nous ont dit que c’était Wounto. Dans tous les cas, on voulait surtout un nom qui puisse devenir un nom de domaine disponible sur Internet. Et puis, c’est moins le nom de la société que celui de notre bière que l’on veut mettre en avant. » En l’occurrence : Cat, chat en anglais. « Le nom vient de François qui m’expliquait à l’époque que sa famille lui réclamait un chat. »
Le Fouquet d’or
Cette bière blonde, à 6°, fabriquée avec du houblon américain «chinook» présente deux particularités notables au goût, explique Jérôme Gauthier : « D’abord un aspect résineux dans l’amertume, puis, un aspect agrume, je trouve des notes de pamplemousse. »
Jérôme Gauthier a conçu cette recette et a même remporté un prix lors d’un concours de brasseurs amateurs. « C’était en avril 2015, à Saint-nicolasde-port, près de Nancy, où se trouve le musée français de la brasserie. J’ai remporté le Fouquet d’or. » Le jury avait alors relevé des notes fruitières et florales à la dégustation. « On a repris ces termes pour décrire la bière sur les bouteilles. Notre regret, c’est d’avoir dû inscrire bière blonde plutôt que American Pale Ale qui est beaucoup plus précis. » L’occasion pour François Gauthier de rappeler que le terme «ale», par opposition à «lager», est une bière qui bénéficie d’une fermentation à haute température (entre 18 et 21 °C). La fermentation de la lager étant plutôt entre 5 et 15 °C.
Notes de fruit exotique
« Cela fait deux ans que je fais du brassage en amateur. J’ai toujours aimé la bière, cela ne vient pas de mes parents qui n’en boivent pas. J’aime particulièrement les bières avec un goût de houblon prononcé, comme celles de type India Pale Ale (IPA). Aujourd’hui, j’utilise des houblons américains qui sont très expressifs, avec des notes de fruit exotique. » Avant de s’intéresser à la bière, Jérôme Gauthier a ressenti une curiosité pour les produits viticoles. « Vers 25 ans, je me suis intéressé à la fabrication du vin, j’ai lu beaucoup de livres sur le sujet, ce que j’ai fait plus tard pour la bière. » À défaut de pouvoir créer son vignoble, il se lance dans la fabrication artisanale de bière dans son sous-sol. « Mon rêve serait de créer une brasserie physique, pourquoi pas, ici, à Carrières. Je pourrai tester des recettes et les proposer aux clients sur place. Ce serait un bon complément à la vente de la Cat. »
Paillettes d’or
Pour la Cat, faute de local adapté, de matériel et notamment de chaîne d’embouteillage, Jérôme et François ont décidé de faire appel à un brasseur belge, basé à Binche : la Binchoise. « L’aspect financier a joué. Ils étaient moins chers que des brasseurs situés plus près de chez nous. Et puis, surtout, on voulait une étiquette ronde et beaucoup ne pouvaient pas le faire. » Au final, il a même été décidé d’inscrire le nom de la bière sur la bouteille non pas au moyen d’étiquettes mais selon la technique plus luxueuse de la sérigraphie. « L’aspect doré est plus prononcé grâce à la présence de paillettes d’or ! »
La distribution de la Cat (18 000 bouteilles) est également confiée à un prestataire extérieur, Jérôme et François étant trop pris par leur travail respectif (François est autoentrepreneur). Les points de vente augmentent petit à petit en région parisienne (notamment au E.-leclerc de Carrières-souspoissy). « Cela ne va pas aussi vite qu’on l’espérait. On a commencé à commercialiser en mars. En quatre mois, nous avons vendu 3000 bouteilles. On dégage des marges assez faibles, environ 30 centimes par bouteille. » Trop peu pour abandonner son poste de développeur web et se consacrer entièrement à la brasserie.
Alors, en attendant, Jérôme Gauthier s’amuse dans son soussol à expérimenter de nouvelles recettes - en deux ans, il en est à près d’une quarantaine -, comme cette Imperial Stout d’apparence très opaque qui termine sa fermentation en bouteille. « L’essentiel, résume-t-il, c’est que cela doit rester une passion et un plaisir. »