Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Anggun : « Sur scène, je me moque de moi-même »

- Recueillis par T.R.

Chanteuse française, d’origine indonésien­ne, Anggun, 42 ans, créera l’événement, ce vendredi 7 octobre, sur la scène du théâtre Alexandre-dumas à Saint-germain-en-laye, dans le cadre du festival L’estival.

Êtes-vous familière avec Saint-germain-en-laye ?

Je suis déjà venue à Saint-germain-en-laye et surtout au Vésinet que je trouve magnifique. J’avais des amis qui y habitaient avant qu’ils ne partent vivre à l’étranger.

Pourriez-vous y vivre ?

Paris est très pratique, vu que je voyage beaucoup. De chez moi, je suis à une demiheure de l’aéroport. Mais oui, pourquoi pas ! Quand je serai vieille, que mes enfants seront grands, avoir une jolie maison et un beau jardin dans ce coin-là, cela me plairait.

Quel sera le programme de votre concert à Saint-germain-en-laye ?

Celui de ma tournée que j’ai commencée en juin. Elle était censée s’arrêter fin janvier et puis des dates se sont rajoutées jusqu’à juin 2017. J’adore être sur scène. Je sais aussi à quel point le public français ne me connaît pas sur scène. Les gens me voient à la télévision ou m’entendent à la radio surtout.

Comment interagiss­ezvous avec le public sur scène ?

Je parle pas mal, je raconte des histoires qui enrichisse­nt les chansons. Je m’amuse beaucoup avec les musiciens et avec les technicien­s. Je me moque de moi-même et de mon accent.

Il est joli votre accent !

Sauf quand on ne comprend pas ce que je dis. Il m’arrive de laisser des messages téléphoniq­ues à mes amis et quand l’un d’eux me fait réécouter le message, moi-même je ne me comprends ! (rire)

Êtes-vous plus à l’aise quand vous chantez en français ?

Non c’est aussi difficile que de le parler. Je préfère le lire, être bercée. Cela reste une nouvelle langue pour moi. C’est ma troisième langue, après l’indonésien et l’anglais. J’ai des excuses. Et les Français sont indulgents. Ma fille me corrige quand je fais des erreurs en français.

Quelle est l’histoire de votre tube La Neige au Sahara ?

Quand je suis arrivée en France, Florent Pagny m’a tendu la main. Il m’a présenté à son équipe qui est aussi devenue la mienne. Dans l’équipe, il y avait Éric Benzi, auteur-compositeu­r de mon premier album. On enregistra­it les chansons et il m’a parlé de cette chanson interprété­e par quelqu’un d’autre mais cela n’avait pas pris. Il m’a demandé si je voulais essayer. Je trouvais le titre super fort et très joli. Je ne comprenais pas le reste des paroles car je parlais très peu le français à l’époque. Et quand j’ai posé ma voix, dans le studio, il s’est produit quelque chose, tout le monde était unanime. Cette chanson est devenue la mienne. Elle est dans ma liste permanente et la plus importante de mon répertoire.

Elle a fait de vous une célébrité en France…

Quand on a sorti l’album en France, on a fait le même en anglais. La version anglaise est sortie dans 33 pays et cela a cartonné. Cette chanson a été mon passeport pour le monde entier !

Le public indonésien vous connaît-il mieux que le public français, selon vous ?

Le public indonésien m’a toujours connue, car j’ai chanté là-bas depuis toute petite. Certaines de mes chansons sont aussi connues que l’hymne national. À 21 ans, j’ai quitté l’indonésie pour faire carrière à l’internatio­nal, d’abord en Angleterre, puis en France. Régulièrem­ent, je suis revenue avec mes albums en anglais. J’ai toujours entretenu ma relation avec l’indonésie. Là-bas, je suis perçue comme la grande soeur ou un membre de la famille. Vous êtes engagée pour plusieurs associatio­ns solidaires et caritative­s…

Je travaille avec L’ONU depuis dix ans et récemment, je soutiens deux associatio­ns : La Voix de l’enfant, présidée par Carole Bouquet et qui défend les droits des enfants et Aviation sans frontières. Quand on devient parent, on devient également très sensible à la cause des enfants. Avec Aviation sans frontières, je suis partie à Madagascar pour ramener des enfants malades afin qu’ils puissent être opérés en France. Ili y a quelques jours, j’étais à Caen pour l’ouverture d’une antenne de l’associatio­n. Voir des enfants en situation de handicap heureux parce qu’ils volaient pour la première fois, c’était formidable.

Êtes-vous toujours mobilisée en faveur de Serge Atlaoui, ce Franco-algérien condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue ?

Oui, je suis mobilisée, même si je ne peux pas faire une lettre ouverte tous les ans. Je suis en contact avec la famille et surtout avec l’avocat et avec un journalist­e qui suit l’affaire de très près. C’est préoccupan­t à la fois pour lui et pour moi, car c’est mon pays. la justice de mon pays prend des décisions avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Je voudrais tellement que l’indonésie abolisse la peine de mort. Lorsque Mandela est devenu président d’afrique du Sud, il a changé la constituti­on et la première chose qu’il a faite, c’est abolir la peine de mort. C’est un geste énorme pour l’humanité ! Rien ne justifie de tuer un homme quel que soit le crime qu’il a commis. Nous sommes tous concernés.

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