Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Au château pour travailler
Quand Charles de Gaulle recevait des chefs d’etat pour de longues heures de travail, il venait au château de Rambouillet, résidence présidentielle. C’est alors que le drapeau du pays reçu flottait au sommet de la tour François 1er. « Les années soixante furent la grande période », souligne Pierre Barbier, historien de la société historique de Rambouilet (la Shary). Ici, il reçut les dirigeants de l’union soviétique en pleine guerre froide, notamment Krouchtchev en 1960. En pleine guerre d’algérie, de Gaulle reçoit Bourguiba, le président tunisien, vu comme un intermédiaire dans cette guerre. La rencontre se déroule le 27 février 1961. Pierre Barbier s’y est penché durant une année, pour ressortir toutes les archives à ce sujet. Sur des photos extraites de notre journal Toutes Les Nouvelles, on voit de Gaulle accueillir sur le perron du château le président tunisien. Auparavant, Bourguiba a atterri à Orly et le cortège a pris la RN10 jalonnée de points tenus par les forces de l’ordre. Un hélicoptère survole le trajet emprunté en voitures par les chefs d’etat. Rambouillet est une ville bouclée où toute la circulation est interdite. « Les CRS sont à toutes les grilles du domaine fermé. La Mercedes du président arrive à vive allure sur le rond-point pavé et entre dans le domaine présidentiel sans passer par la ville. Toutes les maisons qui donnent sur le château ont reçu la visite des Renseignements généraux pour ficher toutes les personnes présentes à ces adresses, car c’était une rencontre à risques », raconte Pierre Barbier.
Des débats intenses
Le général de Gaulle lance alors une journée intense au château. Il reçoit d’abord Bourguiba en tête-à-tête dans son bureau. Bourguiba a besoin de la France face à la guerre d’algérie qui déborde sur son territoire. De Gaulle voit en Bourguiba un médiateur avec les combattants algériens. Le président tunisien lui parle du sort de Bizerte au Sud tunisien, et du Sahara. Ici, les compagnies pétrolières exploitent l’or noir. Mais dans quelles mains va aller cette région riche ? Bourguiba plaide pour son pays. Les négociations se poursuivent avec l’ensemble des collaborateurs dans la salle des Marbres au rez-de-chausée du château de Rambouillet.
Michel Debré, Couve de Murville sont aux côtés de De Gaulle. « On raconte que les débats sont intenses. Bourguiba change plusieurs fois de chemise ». Mais toujours au château, le dîner d’apparat devient courtois et amical. « La conversation est plus décompressée. Bourguiba aurait dit : Quand j’étais jeune, j’ai fait du théâtre en amateur. Et de Gaulle aurait rétorqué moqueur : Vous deviez avoir beaucoup de succès. Bourguiba y parle de son admiration pour Mendès France. De Gaulle reconnaît que Mendès ne l’avait pas toujours suivi. C’est de ces phrases et de ces moments