Mieux armer les collégiens contre la radicalisation

Les collégiens connaissent les dangers d’internet mais pas souvent les techniques d’approche de personnes manipulatrices qui cherchent à former des groupes radicalisés.

La major Stéphane Detko, policier à Elancourt, l’adjudant-chef Christian Cheveau (gendarmerie) ou encore le major Fabienne Boulard du Centre départemental des stages et de la formation de la police des Yvelines ont présenté à tour de rôle les dangers d’internet à des collégiens du département. Mercredi, à l’occasion des Rencontres de la sécurité, les forces de l’ordre ont expliqué à une classe de 3e les réflexes à avoir lorsque l’on surfe sur la Toile.

Des images très violentes pour vous isoler de vos proches

« Gardez votre esprit critique. Il peut y avoir des manipulations. » Le problème est posé. Après avoir évoqué les dangers d’internet (lire cicontre), l’adjudant-chef Christian Cheveau a parlé « radicalisation ». « Des personnes manipulatrice vont essayer de prendre le pouvoir sur vous, sur vos amis, vos croyances et vos goûts. Elles ont des techniques, les voici. »

Technique après technique, le gendarme va donner ces clés pour comprendre et repérer la radicalisation sur le Net. « Ces personnes vont chercher à vous isoler d’abord avec des images très violentes qu’elles vont vous montrer. Elles veulent vous habituer à ces images jusqu’à vous révolter avec ce message «Tu as vu ce qui se passe là-bas ?» Tu as raison, les autres ont tort… »

Le gendarme poursuit : « Ces personnes vont chercher à vous isoler de votre famille en vous disant : «Tu es le meilleur, viens avec moi !» Le plus important, c’est de déceler, les personnes parmi vos proches qui sont embrigadées. »

Fabienne, la policière prend le relais. Là encore, le langage est clair. On n’est pas dans la communication mais dans la réalité des faits : « Le stade ultime, c’est comme nous l’avons dit, vouloir vous isoler pour intégrer un nouveau groupe de personnes capables d’aller jusqu’au bout, et même mourir pour des idées. »

Signaler, c’est sauver des vies

Et la policière de multiplier les modes de changement de comportement :

« L’agressivité, le renfermement, l’isolement. Votre ami vous dit un jour, j’ai de nouveaux copains, explique la spécialiste. Mais il y a aussi le changement dans les tenues vestimentaires, ou d’autres choses comme le fait de ne plus écouter de la musique. »

Elle explique même que des jeunes influencés peuvent refuser d’aller à l’école. « Une fois constatés tous ces changements, je fais quoi ? Il faut prévenir la famille, les parents, je ne me dis pas je dénonce mais au contraire, je signale. Les phrases «On n’est pas des balances» ou «Cela ne me regarde pas» n’ont plus lieu d’être prononcées. La sécurité, aujourd’hui, concerne tout le monde. On signale à des policiers, à des gendarmes. On fait un acte citoyen. Signaler, c’est sauver des vies. » Bref, pendant une demi-heure les collégiens vont découvrir les réels dangers d’internet. Ici la Toile peut enfermer et pousser à tuer.

Les collégiens de Hoche à Versailles ont expliqué avoir appris pas mal de choses pendant la réunion. Quentin a réalisé que le droit à l’image s’exerçait sur la Toile. « J’ai appris ce qu’il fallait faire et pas faire sur Internet en matière de droit à l’image. J’ai aussi trouvé intéressant le sujet sur la radicalisation et les pratiques expliquées. »

Amélie et Clara savaient beaucoup de choses sur les dangers d’internet. Mais là encore, le sujet sur la radicalisation a été reçu cinq sur cinq. « Nous avons découvert les dangers liés à la radicalisation, les approches de personnes malveillantes. C’est bien d’en parler. » Les parents leur ont souvent expliqué les pièges liés aux photos, aux vidéos. Le volet « Djihadiste » l’était moins. « Internet est magnifique; on y apprend plein de choses. Mais il y a des règles. Sur Internet, tout n’est pas net ! » Le major Stéphane Detko de la police d’elancourt a rappelé ce que les jeunes faisaient tous les jours sans même le savoir : télécharger une vidéo sur Youtube, s’échanger des photos, commenter des faits… « N’oubliez jamais que c’est l’utilisateur d’internet qui crée le danger. Vous manipulez un outil formidable mais il existe une loi pour protéger les citoyens sur le Net. La liberté d’expression, elle n’est pas no-limit sur la Toile », a-t-il alerté. Dans un échange direct avec les collégiens, le policier a posé les problèmes que crée Internet : « Si je t’insulte, tu fais quoi ? », « Ne dites pas quelque chose qui va dégrader l’image de quelqu’un » ou encore « Prenez garde à l’utilisation d’internet. Ne donnez pas votre nom pour créer un identifiant mais le compte profil doit comporter une étoile, des chiffres… Votre vie privée, c’est la vôtre. »