Le Courrier des Yvelines (Poissy)
3 QUESTIONS à
Christine Hamelin, maître de conférence à l’université de Versailles Saintquentin-en-yvelines.
1. La nouvelle campagne de prévention du VIH en direction des homosexuels hommes a provoqué des réactions épidermiques. Son but était-il de choquer ? L’objectif que poursuivait cette campagne n’était pas de choquer, mais plus de marquer les esprits, de manière à ce que le message de santé publique soit entendu. On peut faire un parallèle avec la campagne d’images choc sur les paquets de tabac instaurée par le ministère de la Santé pour inciter les fumeurs à stopper leur consommation. 2. Qu’avez-vous pensé du retentissement de cette campagne ? C’est, à ma connaissance, la première fois que des hommes sont mis en scène dans des relations affectives, mettant clairement en avant une relation de couple. Là on les voit s’embrasser, ce qui fait référence à la sexualité. Je peux donc comprendre qu’il y ait des gens qui se sentent dérangés dans leurs représentations. Mais l’homosexualité ce n’est pas que ’’les gays du Marais’’. Tout comme l’héterosexualité n’est pas limitée à un groupe social ou géographique particulier. Ce que je trouve essentiel, c’est l’objectif poursuivi: celui d’inciter les gens à se protéger. Cette polémique autour, c’est de la politique. Si certaines personnes exposées à des risques de contamination ont eu la curiosité d’aller sur Internet pour se renseigner, alors l’objectif est atteint. Aujourd’hui en France, 30 000 personnes vivent encore avec le VIH sans le savoir. 3. Cette polémique ne signe-t-elle pas le retour à une certaine forme de pudeur ? La pudeur est à géométrie variable. Là on souhaite sanctionner des images liées à l’homosexualité. Les personnes qui déchirent ces affiches ne vont pas se mobiliser avec la même virulence pour dénoncer la campagne de pub d’aubade mettant en scène des femmes dans des positions suggestives. La campagne contre ces affiches, c’est donc de l’homophobie, au sens sociologique du terme.