Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Cinq ans, dont trois avec sursis, pour le violeur aux somnifères
Mercredi, la cour d’assises des Yvelines a condamné Christophe Bay, 27 ans, à cinq ans de prison dont trois avec sursis. Le jeune homme, originaire de Chevreuse, était poursuivi pour viol par soumission chimique.
Trahie par son « petit frère »
Dans la nuit du 16 au 17 juin 2011, Christophe est invité à dîner chez Sophie*, à Poissy. Tous deux sont bénévoles à la Croix-rouge. Le jeune homme, un coureur de jupons, convoite son hôtesse depuis longtemps. Elle n’est pas du tout intéressée, à cause de son jeune âge - ils ont sept ans d’écart, et de sa réputation. Elle voit celui qui va devenir son violeur comme un « confident », un « petit frère ».
Durant la soirée, il glisse dans l’assiette de Sophie, à son insu, deux comprimés d’un puissant somnifère, réduits en poudre. Le médicament fait son effet. Elle est « dans les vapes », Christophe en profite pour s’inviter à dormir, et ainsi réaliser son fantasme. Dans un état second, elle aurait consenti à coucher avec l’accusé.
Le lendemain, elle retrouve sa lucidité et se rend compte qu’elle a eu un rapport sexuel. Elle dépose plainte pour viol. Lors des perquisitions, les enquêteurs découvriront que Christophe, élève infirmier à l’époque, conservait chez lui de nombreux médicaments dérobés à l’occasion de stages en milieu hospitalier. Ils mettront la main aussi sur des clichés d’adolescentes dénudées. Il était donc également poursuivi pour détention d’images pédopornographiques. « Ces photos sont issues d’échanges virtuels avec des filles âgées de 15 à 18 ans. Ce n’est pas un pédophile », a indiqué son avocat, maître Didier Liger.
Ce procès a permis de mettre en évidence la personnalité « paradoxale » de Christophe. Son « professionnalisme et son implication » observés à la Croix-rouge détonnent avec une « grande immaturité » sur le plan personnel. À l’époque des faits, il collectionnait les aventures, privilégiant « la quantité à la qualité ». Et n’hésitait pas à raconter sa vie sexuelle à qui voulait l’entendre. « À la Saintsylvestre 2010, il m’a dit avoir quatre petites copines, relate l’un de ses anciens supérieurs à la Croix-rouge. Il racontait être grillé avec les filles des Yvelines et chercher désormais dans les Hauts-de-seine. »
De son côté, la victime a été décrite par ses proches comme « naïve, fleur bleue, à la recherche du grand amour ». Tous s’accordent à dire que ce n’est pas le genre de femme à avoir une aventure d’un soir.
Sentiment de toute puissance
Selon les experts psychiatres, le passage à l’acte de Christophe, qui a déjà effectué quatorze mois de détention provisoire, serait lié à la frustration de voir la victime refuser ses avances, le jeune homme se sentant « irrésistible ».
« Beaucoup de témoins ont dit que l’accusé était bien sous tous rapports, intelligent, dévoué. Mais le fait de commettre un viol n’est pas réservé aux débiles mentaux », soulignait l’avocat général, Benoît Meslin, qui a requis sept ans de prison.
Pour maître Frédéric Champagne, l’avocat de la victime, Christophe ne pouvait pas ignorer que le consentement de sa cliente était complètement artificiel. De son côté, le conseil du jeune homme a plaidé pour l’acquittement, estimant qu’il y a eu « méprise » : « Il a trahi la confiance de son amie en lui administrant ces somnifères. Mais il n’avait pas conscience de commettre un viol avant, pendant et après les faits. » Son client, qui a refait sa vie depuis, est parti en prison après l’audience.