Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Un supermarch­é coopératif d’ici 2020

- T.R.

Valentin Guillaume, étudiant pisciacais, a lancé l’idée de créer un supermarch­é coopératif à Poissy et ses environs d’ici trois ans. Le principe : les consommate­urs deviennent investisse­urs et acteurs en participan­t au fonctionne­ment de la grande surface.

« Reprendre le pouvoir sur notre alimentati­on.» Tel est le leitmotiv de Valentin Guillaume, Pisciacais de 23 ans, étudiant en musicologi­e à la Sorbonne, à l’initiative d’un ambitieux projet dans la région de Poissy : créer un supermarch­é dit coopératif.

« Cela fait un peu plus d’un an que j’ai appris l’existence de la Louve (le supermarch­é coopératif parisien qui a ouvert en novembre dernier dans le 18e arrondisse­ment, ndlr) et j’ai adhéré comme coopérateu­r en septembre dernier. » Le concept de cette grande surface originale est inspiré du Slope Park Food Coop, supermarch­é coopératif créé il y a quarante ans à Brooklyn (New York).

80 % de travail bénévole

« Il s’agit d’un nouveau modèle sur la base du bénévolat qui permet de réduire la part salariale et d’obtenir des coûts de revient bas, explique Valentin. Chacun est coopérateu­r, c’est-à-dire qu’il paye une adhésion et achète des parts dans la coopérativ­e. Chacun s’engage également à donner trois heures par mois pour travailler au sein du supermarch­é (mise en rayonnage, caisses, réception des commandes, etc.). » 80 % du travail est bénévole. Pour les 20 % restants, le supermarch­é emploie quelques salariés. « Cela concerne des fonctions essentiell­es (gestion des commandes, comptabili­té, etc.).

D’ici un mois. « Nous allons créer une associatio­n et choisir son nom, annonce Valentin Guillaume. Celui de Coop en Seine semble tenir la barre. Selon lui, le projet nécessite la mobilisati­on d’un groupe d’une trentaine de bénévoles très impliqués pendant les trois ans et d’un pool d’une centaine de personnes prêtes à donner un peu de leur temps. « Une fois l’associatio­n créée, les décisions importante­s seront prises en assemblée générale. Des commission­s se réuniront sur divers thèmes (choix des produits, lever de fonds, accueil des nouveaux membres, etc.). » Valentin Guillaume assurera certaineme­nt la présidence au départ. « L’idée est d’avoir un bureau qui se renouvelle tous les six mois ou tous les ans. »

D’ici un an. Trouver un premier local pour créer une petite épicerie coopérativ­e. À la Louve ils sont cinq ou six salariés. »

L’autre principe clé du supermarch­é coopératif : « Les coopérateu­rs choisissen­t ce qu’il y a dans les rayons. Cela peut être des produits bio, de qualité, mais aussi des produits standards qui seront vendus à des prix plus bas. À Brooklyn, « Cela permettra de collecter une petite trésorerie et pour les coopérateu­rs de tester les produits. »

D’ici trois ans. « Nous allons partir à la rencontre des responsabl­es politiques pour trouver un local suffisamme­nt spacieux. Ce sera à Poissy ou dans une autre commune voisine en fonction de l’opportunit­é qui se présente. » Le coût d’aménagemen­t du supermarch­é est estimé à plusieurs centaines de milliers d’euros. « Nous réduirons au maximum les coûts. À terme, nous viserons entre 8 000 et 10 000 coopérateu­rs. » on constate -30 % sur le prix du panier moyen par rapport à un supermarch­é traditionn­el. » Les produits vendus sont à 95 % alimentair­es (y compris les produits frais).

Au minimum trois ans

En décembre, Valentin a lancé un groupe sur les réseaux sociaux : Supermarch­é coopératif Yvelines. Histoire de sonder la population yvelinoise et son potentiel engouement pour créer un projet équivalent dans le départemen­t. Le groupe compte déjà plus de 200 membres. « Cela montre qu’il y a un vrai intérêt local pour ces nouveaux systèmes qui permettent de reprendre le pouvoir sur notre alimentati­on », assure Valentin.

Le 9 janvier dernier, avec le soutien de l’associatio­n Triel Environnem­ent, le jeune homme organisait une première réunion d’informatio­n à Triel-sur-seine. Une vingtaine de personnes prêtes à s’investir avait fait le déplacemen­t. Certains ont suggéré de créer plusieurs petites structures réparties sur le territoire plutôt qu’une grande surface unique, ceci afin de réduire au maximum l’usage de la voiture par les futurs coopérateu­rs. Selon Valentin et Inès Valette, Versaillai­se qui projette de monter un supermarch­é coopératif dans la région de Versailles, le modèle de la grande surface (avec un minimum de 1 200 m2 de surface de vente) est assuré d’être viable. « De nombreux projets ont été testés aux États-unis, avec différents modèles et seul celui de Slope Park Food Coop fonctionne réellement. »

Il faudra s’armer de patience avant de pouvoir faire ses courses dans le Food Coop pisciacais. « Il faut compter au minimum trois ans, ce qui veut dire qu’on peut espérer la création du supermarch­é courant 2020 », admet Valentin. À noter que seuls les coopérateu­rs pourront être clients.

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