Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Jackie DE PABLO LARRAIN

- Pierre Limat

Depuis quelques années, jouer dans un biopic est un aimant à récompense­s : respective­ment oscarisés pour leurs interpréta­tions de Ray Charles, Truman Capote, George VI, Margaret Thatcher ou Edith Piaf, Jamie Foxx, Philip Seymour Hoffman, Colin Firth, Meryl Streep et Marion Cotillard ne peuvent que le confirmer. Assez pour que, comme dès que quelque chose fonctionne, beaucoup s’engouffren­t dans la brèche, ce qui a rendu les films moins événementi­els, et forcé leurs auteurs à se creuser pour se démarquer et sortir du schéma classique qui nous emmène de la naissance à la mort de la personne dont l’histoire est racontée, et ce de façon linéaire. En résultent des angles beaucoup plus précis comme lorsque Pablo Larrain nous offre un jeu sur la fiction et la notion de légende lorsqu’il s’attaque au poète Pablo Neruda en début d’année, un mois avant de récidiver avec « Jackie ». Une évocation de la vie de l’épouse de John F. Kennedy, comme le sous-titre « La Première Dame » nous le rappelle avant que nous n’entrions dans la salle, et qui se penche sur la façon dont celle-ci gère son image et les jours qui suivent l’assassinat de son mari. Un fait majeur de l’histoire du Xxème siècle que le long métrage n’occulte pas, comme pour mieux nous montrer à quel point il a fait voler en éclats tout ce que le personnage avait construit auparavant, la meilleure illustrati­on étant ce reportage diffusé à la télévision américaine et qui sonne faux de bout en bout. Alternant avec les scènes situées au présent du récit, elles permettent d’étayer le thème principal et cet écart entre vie privée et vie publique, et à Natalie Portman de briller. En lice pour un deuxième Oscar, après celui de « Black Swan » en 2011, elle est le coeur de ce portrait de femme un poil trop bavard par moments, dans sa façon d’étirer les choses et de trop verbaliser l’ensemble, mais qui réussit à s’éloigner du biopic classique. Mis en scène comme s’il avait été réalisé à l’époque des faits, le film gratte le vernis pour s’avérer touchant et risque de provoquer davantage d’émotion suite au décès de John Hurt, il y a quelques jours et dont il s’agit ici de l’une des dernières apparition­s.

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