Le Courrier des Yvelines (Poissy)

En prison pour avoir refusé une amende

- F. Desserre

Chaque jour des centaines de personnes prennent le train sans titre de transport. Félicité, 50 ans, en fait partie. Son emportemen­t l’a menée tout droit au tribunal correction­nel de Versailles, ce jeudi 2 mars. Avant d’en arriver à son procès, il est nécessaire de remonter dans le temps, à la date du 30 août 2015. Ce dimanche après-midi, Félicité est en gare de Poissy. Elle monte dans le train. Des contrôleur­s arrivent.

« - Bonjour Madame, votre titre de transport s’il vous plaît.

- Je n’en ai pas. En fait mon pass Navigo est périmé. Mais comme je suis au RSA, j’ai le droit à la solidarité.

- D’accord. Mais il faut en faire la demande. Ce qui n’est pas votre cas. Nous allons devoir vous verbaliser. Veuillez descendre sur le quai. »

L’échange reste bon enfant jusqu’à ce moment-là. Félicité se met à gesticuler, refuse de donner son identité. Elle s’en prend à la contrôleus­e : « Allez viens ! On va s’expliquer entre femmes ». Alors que le train redémarre, elle pousse les autres contrôleur­s contre les rames qui amorcent leur mouvement. Un manquera de tomber sur les rails. La police ferroviair­e est appelée en renfort. Elle ne sera pas de trop pour la maîtriser.

Elle mord les policiers

L’affaire n’étant pas si grave, le parquet de Versailles décide de lui tendre la main. Elle ne sera pas jugée en comparutio­n immédiate. Elle peut bénéficier d’une alternativ­e aux poursuites. En d’autres termes, on lui tape sur les doigts, elle paye l’amende et accepte le rappel à la loi. Mais, à la surprise générale, Félicité refuse.

Le temps passe et la quinquagén­aire se dit que l’affaire est oubliée. Du moins, elle fait tout pour ne pas s’en souvenir. Elle ignore les relances de la justice, les convocatio­ns. Alors, ce mercredi 1er mars, la police reçoit l’ordre d’aller la chercher à Aubergenvi­lle, chez elle. Là encore, tout ne va pas se passer comme prévu. Un premier agent frappe à la porte, s’identifie. Félicité ouvre, le regarde et lui claque la porte au nez. Un officier de police judiciaire décide de renter en force. Félicité montre littéralem­ent les dents. Elle croque le doigt d’un fonctionna­ire et en mord un autre au bras. Malgré la veste et le pull, elle laissera l’empreinte de sa dentition sur l’avantbras. Au terme d’une lutte acharnée, Félicitée est menottée. Face aux juges, elle a souhaité montrer un visage plus apaisé. « Oui, j’ai mordu. Mais c’est parce que j’étais stressée. Je le regrette. »

Les excuses n’attendriss­ent pas le procureur. « Madame fraude, fait une fixette. Heureuseme­nt qu’elle ne se fait pas contrôler tout le temps ! Je demande six mois d’incarcérat­ion ». Avec un casier vierge, Félicité s’attendait à du sursis. Ce sera trois mois derrière les barreaux de la maison d’arrêt des femmes de Versailles. Fin du voyage.

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