Le Courrier des Yvelines (Poissy)

« Je voulais juste dormir au chaud »

- Da. G.

Un homme de 28 ans comparaiss­ait le 3 mars devant le tribunal correction­nel pour des faits commis le 1er mars à proximité de l’antenne de la Croix-rouge à Versailles. Ce jour-là, Florian avait été interpellé rue Berthier pour avoir, selon le rapport des fonctionna­ires, menacé des policiers avec un couteau et s’être rebellé au moment de son arrestatio­n. À la barre, le prévenu a nié formelleme­nt avoir brandi une arme blanche. Il a surtout raconté une autre histoire, la sienne, celle de sa vie.

Né de père inconnu, Florian a perdu sa mère à l’âge de 14 ans. Il a été élevé par de la famille. Un temps animateur jeunesse à Versailles, « en école, accueil périscolai­re et centre de loisirs », le jeune homme est surtout sans domicile depuis son départ en novembre dernier d’un foyer de jeunes travailleu­rs, où il a été hébergé deux ans. « C’est le maximum autorisé », a-t-il expliqué.

Depuis, c’est la galère, chaque jour la course et l’angoisse pour trouver une place en foyer d’hébergemen­t pour la nuit. Il bénéficie parfois de l’hospitalit­é de deux amis domiciliés à Versailles mais c’est dans la rue, souvent, qu’il doit se résoudre à dormir. Ce 1er mars, vers 15 h 30, Florian venait de quitter les locaux de la Croixrouge. Il en était sorti désespéré, trempé jusqu’aux os après plusieurs jours sous la pluie. Une nouvelle nuit dehors l’attendait. « Je voulais juste dormir au chaud ! »

Dispensé de peine

Un véhicule de police patrouille alors rue Berthier. Le jeune homme se poste en travers de la route. Les fonctionna­ires lui demandent de regagner le trottoir. Florian refuse, et craque. Il intime l’ordre aux policiers de l’arrêter et de le placer en garde à vue. Ces derniers lui expliquent que ça ne fonctionne pas comme ça. « Vous les avez alors menacés avec un couteau de poche en leur disant :

», décrit le président du tribunal. « Jamais je n’ai sorti un couteau ! répond Florian. Ce que j’ai dit c’est : il ne faut quand même pas que je sorte un couteau pour que vous m’écoutiez ! » « Vous aviez deux couteaux avec vous », renchérit le juge. « Oui, j’ai un couteau suisse et un couteau de cuisine qui me sert de couvert pour manger dans mon sac à dos. Mais je n’ai rien sorti du tout. » « Pourquoi vous êtes-vous énervé alors quand les policiers ont voulu vous passer les menottes », poursuit le président. « Je n’étais pas énervé, mais à bout. Je me suis débattu parce qu’ils ont failli me faire tomber dans une flaque d’eau. J’en avais marre d’être mouillé. »

Calme, posé et émouvant, Florian n’était pas à sa place dans ce tribunal. S’il a été finalement reconnu coupable de menace sur personne dépositair­e de l’autorité publique, rébellion et port d’arme sans motif légitime, les juges l’ont dispensé de peine.

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