Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Il avait cassé une dent à sa grand-mère

- F. Desserre

Une véritable détresse humaine s’est invitée au tribunal correction­nel de Versailles, ce jeudi 2 mars. Jérémy 27 ans, comparaiss­ait pour avoir frappé sa grandmère le 27 février dernier à Buc.

Très mince, le visage blême, la tête baissée, Jérémy a écouté avec attention le récit du juge. Ce lundi-là, alors qu’il s’apprête à quitter le domicile de sa grand-mère chez laquelle il vit depuis plusieurs années, il est en colère. En retard, mal réveillé, il ne parvient pas à se maîtriser alors qu’elle veut lui parler. Il frappe la femme de 83 ans au visage. Elle en perdra une dent. Lui affirmera qu’il ne s’agissait que d’un coup de coude accidentel. L’octogénair­e ira le signaler à la police. La procédure est enclenchée. Le procès ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

« Comment peut-on descendre aussi bas ? tonne le président. Il paraît en plus que vous frappez régulièrem­ent votre grand-mère ! « Ce n’est pas vrai. Comme elle est sourde, je lui tapote sur l’épaule ou le visage. Ce matin-là, j’étais en retard pour aller travailler. Je suis désolé. Pourtant, je l’aide et je l’aime ma grand-mère. Je ne suis qu’un moins que rien alors qu’elle est super gentille avec moi. »

« Par pitié »

Jérémy refoule ses larmes. La vieille dame ne retient pas les siennes. Elle se lève péniblemen­t, s’avance vers les juges, ignorant la barre des témoins qui lui est attribuée. « C’était juste une chiquenaud­e. Je vous en supplie. Soyez bons. il n’est pas méchant. ne l’envoyez pas en prison. Son père l’a abandonné petit. Il ne l’a vu qu’une fois. Sa mère lui a fait comprendre qu’il était de trop. Par pitié… »

Le procureur de la République se lève. L’ambiance est pesante. « C’est un dossier tragique. Monsieur emporte sa grand-mère dans sa chute en enfer. Du cannabis a aussi été retrouvé chez lui. »

L’octogénair­e coupe la magistrate : « Ce n’était pas grand-chose. Ce n’est pas un gros truand. Vous n’allez pas l’aplatir ! » Jérémy la regarde, fataliste : « Mamie, laisse le parler s’il te plaît. » Le parquet poursuit : « Monsieur a dépassé les limites. D’autant qu’il avait déjà été condamné pour des violences sur sa grand-mère et son oncle. Je demande douze mois d’incarcérat­ion et la révocation de son sursis. »

Le tribunal se retire pour délibérer. À son retour, Jérémy et sa grand-mère retiennent leur respiratio­n. Quinze mois d’incarcérat­ion sont prononcés. À sa sortie, Jérémy ne pourra plus retourner chez elle, ni la contacter.

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