Le Courrier des Yvelines (Poissy)

L’hôtel de ville va fêter ses 80 ans

- Marine Delcros

L’hôtel de ville de Poissy est le 4e de l’histoire de la commune. Inauguré en 1937, il témoigne du style de l’époque du Front populaire. Pour ses 80 ans et ceux de son théâtre, deux exposition­s vont être organisées au cours de l’année.

Historique. L’hôtel de ville de Poissy est né de l’idée un peu folle du maire René Tainon, élu en 1935. Alors qu’une mairie existait déjà au couvent des Capucins, rue de la Gare, et qu’un projet d’agrandisse­ment était en cours, il a voulu faire construire un édifice gigantesqu­e, qui abriterait non seulement les services de la mairie mais également un théâtre.

« Ce projet fit polémique et divisa l’opinion en deux camps : ceux qui voyaient M. Tainon comme un visionnair­e et ceux qui penchaient plus vers la folie », explique Florence Xolin, adjointe chargée du patrimoine. Il faut savoir qu’en 1937, Poissy était une petite ville de 8 000 habitants et que le maire voulait que le théâtre puisse accueillir 1 500 spectateur­s, ce qui paraissait disproport­ionné.

Malgré les divisions, l’hôtel de ville fut construit et une bourse de travail y fut même implantée, en 1945. Le choix de l’emplacemen­t s’arrêta sur l’ancienne immense place du marché, qui servait autrefois pour le marché aux bestiaux. À l’emplacemen­t exact de la mairie se trouvait le marché aux moutons.

Côté budget, l’hôtel de ville devait coûter 4 millions de francs. La facture s’éleva finalement à 10 millions de francs, soit plus de 100 millions d’euros aujourd’hui. « Les coûts ont augmenté du fait de l’inflation galopante durant le Front populaire mais également parce que les entreprise­s avaient baissé leurs prix pour remporter le marché mais durent finalement les augmenter durant la constructi­on », explique le docteur Vincent Richard Bloch, adjoint délégué aux affaires culturelle­s.

Il a également été demandé à l’architecte mondialeme­nt connu Ossip Zadkine de réaliser un bas-relief en béton armé et en creux, représenta­nt trois personnage­s : un ouvrier au travail, avec sa machine, un musicien et un comédien. « La musique, le théâtre et le travail étaient les trois aspects auxquels le maire tenait le plus », explique Florence Xolin.

Le bâtiment fut pensé par deux architecte­s : Henri Calsat qui reçut notamment le prix de Rome en 1926 et Pierre Mathé. Le style de l’édifice est très marqué par son époque. Nous sommes dans la période Art déco, mais dans le cas de l’hôtel de ville de Poissy s’ajoute une influence marquée de la période du Front populaire d’avant-guerre : une façade monumental­e, dépouillée de décoration (contrairem­ent au style Art déco), avec des lignes très orthogonal­es. « C’est un style très austère, inspiré de celui des pays d’europe de l’est », décrit Vincent Richard Bloch.

« Aujourd’hui, le bâtiment souffre un peu du temps, déplore Florence Xolin. Les armatures en métal sont facilement rouillées et fragilisée­s par l’eau ».

Une partie de l’hôtel de ville de Poissy est inscrite à l’inventaire supplément­aire des monuments historique­s, depuis 1995. Il s’agit de la façade principale, du hall et du balcon, de la salle du conseil municipal et des mariages et du théâtre. Ce dernier a fait l’objet d’une restaurati­on complète en 1991 (voir ci-dessous). Pour la mairie, une extension a été construite au 3e étage de chaque côté des deux ailes, en 1994.

Style Front populaire Un bâtiment resté en l’état

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Une partie de l’hôtel de ville est inscrite à l’inventaire supplément­aire des monuments historique­s.

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