Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Les élections présidentielles dans les Yvelines…de 1965 et 1969
En partenariat avec Yvelines 1ère nous proposons à François Boulet le président de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques des Yvelines de revenir sur l’élection présidentielle en lien avec les Yvelines. Cette semaine 1965 et 1969.
5 et 19 décembre 1965
Le principe de l’élection présidentielle est admis par le vote du référendum du 28 octobre 1962 avec 62% de oui face au « cartel des non », et une abstention de 25%.
Les sondages dans le département de Versailles prouvent que de Gaulle serait élu au premier tour jusqu’à mi-novembre, puis il passe en dessous de la barre des 50%.
Les élections présidentielles de décembre 1965 sont assez vives et l’abstention dans les Yvelines faible : 87,79% de votants au premier tour et 86,16% au second.
De Gaulle effectue un résultat au premier tour de 42,94% (155 217) de 1% inférieur à son résultat national, mais un des meilleurs résultats départementaux en Ile-de-france. Sur 262 communes, 231 donnent une majorité relative ou absolue à Charles de Gaulle dès le premier tour ; 25 communes à François Mitterrand, comme Sartrouville et Les Mureaux ; 6 à Jean Lecanuet. François Mitterrand réalise une un fort bon résultat avec 31,99%. Jean Lecanuet fait une percée notable : 16,49% : 26 communes l’ont mis devant Mitterrand dont Le Vésinet, et même premier à Chauffour-surbonnières ou La Tertre-saint-denis. Jean-louis Tixier-vignancour (5,01%) fait un résultat au-dessus de la moyenne nationale surtout à Versailles (8%). Les deux autres le libéral Pierre Marcilhacy (1,7%) et le « Français moyen » Marcel Barbu (1,2%) rejoignent leurs scores nationaux.
Cinq candidats montrent de l’activité et développent des arguments contre de Gaulle : contre la bombe atomique et la politique de la grandeur, pour la stabilisation économique à retrouver, la question européenne, contre le sous-équipement en logements et en écoles.
Au second tour, 208 communes et 18 cantons apportent leur soutien à de Gaulle (54,49%, 188.932 ; des villes aisées se rallient à de Gaulle : Versailles 59,68%, Saint-germain 61,26%), et 50 communes et quatre cantons – Limay, Mantesla-jolie, Meulan et Versaillesouest - à Mitterrand (45,51%). Mantes-la-ville lui donne son meilleur résultat avec une majorité absolue ; Sartrouville, ville communiste, donne 50,87% à Mitterrand : une fraction de l’électorat communiste vote de Gaulle.
1er et 15 juin 1969
Le référendum du 27 avril 1969 voit un « non » important dans les Yvelines : près de 57% ; de Gaulle démissionne le lendemain. De nouvelles élections présidentielles se mettent en place avec sept candidats.
Les sondages donnent premier Georges Pompidou 40%, deuxième le président par intérim et président du Sénat, centriste, Alain Poher 30%, puis le communiste Jacques Duclos 15%, le socialiste S.F.I.O. Gaston Defferre 10% qui fait équipe avec Pierre Mendès-france, 3 à 4% au jeune secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU) Michel Rocard, enfin 1% pour le communiste révolutionnaire Alain Krivine ou pour le radical-socialiste indépendant Louis Ducatel. Les résultats sont un peu différents de ces sondages.
Le maire de Versailles André Mignot choisit Alain Poher quand le député des Républicains indépendants, Bernard Destremau, giscardien, choisit Georges Pompidou, ainsi que le gaulliste, maire du Pecq, Pierre Régis.
Le 1er juin 1969, au premier tour, dans le nord-est des Yvelines Michel Rocard (5,12%) obtient de meilleurs résultats que Gaston Defferre (5,07%) ; preuve d’une nouvelle sociologie électorale du département, davantage tourné vers la « deuxième » gauche. Mais le Parti communiste français reste fort avec ses fiefs d’une banlieue rouge depuis l’entredeux-guerres. Jacques Duclos obtient un bon résultat. Avec ses 21,08%, toujours au nordest du département, il talonne Alain Poher (21,24%) : près de 30% de votes communistes à Achères, Carrières-sur-seine (26,86%), Houilles, Sartrouville ; à Saint-germain-en-laye, il arrive premier au bureau de vote de la gare d’achères. Alain Poher fait un peu moins que son résultat national (23,4%) ; il arrive en tête surtout dans la vallée de la Seine, à Verneuil ou Chanteloup-les-vignes, mais également
François Boulet le rappelle : « Le président, clé de voute de la vie politique française, tout à la fois sur le plan local et, de fait, national. La vraie référence démocratique et populaire reste toujours ces élections présidentielles. Le pouvoir de l’etat alors s’incarne à travers des personnalités, somme toute, attachantes. Cette élection est, de loin, préférée des Français, et donc des Yvelinois : un vote important, populaire et personnalisé pour le véritable « chef de gouvernement » le Premier ministre étant subordonné au pouvoir du président la République qui le nomme-. Un sacre républicain ou une monarchie élective a-t-on dit avec raison ou donner une « tête à l’etat ».
Reprendre cette enquête sur le plan d’un département récent - créé en 1964-1968 : les Yvelines ou 262 communes -, dans l’ouest parisien est intéressant pour l’histoire politique à Chavenay ; il réalise de bons résultats à Orgeval ou Croissy (+30%). Sur 45 communes de cette partie nord-est du département, 14 donnent la majorité à Georges Pompidou dès le premier tour. Alain Krivine et Louis Ducatel font 1% chacun.
Au second tour le 15 juin, sans candidat de gauche éliminé, Georges Pompidou face à Alain Poher obtient une bonne moyenne (59,09%) un peu supérieure à la moyenne nationale (57%). C’est l’arrondissement de Saint-germain-en-laye qui est le plus « pompidolien », avec plus du court terme, mais également du temps long des XIXE-XXIE siècles, et surtout du demi-siècle passé.
Des conclusions peuvent se dégager sur la géographie ou sociologie politique yvelinoise.
Les sources sont diverses : les archives départementales de la préfecture sont essentielles pour 1848 et 1965. Les années postérieures n’ont pas les 50 ans de rigueur pour les consulter.
La presse locale et départementale vaut le détour avec les trois journaux du département : Le Courrier des Yvelines, Toutes les Nouvelles de Versailles, de Rambouillet et de la Ville nouvelle, Le Courrier de Mantes, avec leurs différentes transformations depuis un demi-siècle.
Notre enquête a commencé avec la commune de Saint-germain-en-laye. Nous l’avons élargie au département des Yvelines. de 60% des voix. La consigne du Parti communiste de l’abstention est suivie par 50% des électeurs communistes : Achères 53%, Sartrouville 45%, Houilles 40% avec une moyenne de 32% (31% sur le plan national). Les communistes appellent alors le président Georges Pompidou, « Monsieur Tiers ». Carrièressur-seine et Achères votent cependant à 59-60% Pompidou. Versailles s’abstient à près de 30% ; les votes blancs et nuls sont 5% ; Pompidou obtient 62% des suffrages.