Le Courrier des Yvelines (Poissy)
« Je comprends mes collègues du privé »
Christophe Delrieu, maire de Carrières-sous-poissy se dit favorable à la professionnalisation des élus locaux pour les communes à partir d’une certaine taille. « À 16 000 habitants, nous sommes à la limite. Aujourd’hui, on demande trop de choses au maire, en termes de contrôles, d’interventions..; On lui demande un suivi prononcé sur tous les dossiers. L’élu est obligé d’être un expert et donc d’exercer sa fonction comme un métier. »
Le maire de Carrières gère environ 500 employés
Il estime que les élus appliquent le bon sens dans la réalisation des projets de leur commune. « On peut avoir des experts autour d’une table mais l’élu peut faire preuve de pertinence. Je prendrai l’exemple de l’école des Bords de Seine : nous avons eu des interrogations sur la hauteur des bâtiments au regard de la sécurité incendie. Après vérification, il s’est avéré que les hauteurs n’étaient effectivement pas conformes aux plans. Pourtant, il y avait des architectes et des techniciens sur place… Autre exemple, à propos de la requalification de la RD 190, les experts préconisaient de supprimer la contre-allée. Nous élus, avons dit qu’il valait mieux les conserver pour protéger les piétons. »
L’élu ne peut pas être bénévole
En résumé, l’élu local doit être en mesure d’être en contact avec la population locale. « Et cela demande du temps. L’élu ne peut pas être bénévole, car il faut qu’il puisse vivre aussi. La ville n’est pas une association. »
Christophe Delrieu admet qu’il n’est pas possible d’arrêter son activité professionnelle pour se consacrer à son activité de maire ou d’élu local à temps complet sans perdre d’argent. « La philosophie est que l’élu est un bénévole et qu’il perçoit une indemnité pour compenser sa perte de salaire. Sauf que lorsque la perte est totale, l’indemnité ne suffit plus à compenser. C’est pourquoi, nombre d’élus cumulent les mandats afin d’avoir les moyens d’assurer cette présence quotidienne dans leur collectivité. »
Par ailleurs, le maire est comparable à un chef d’entreprise. « Le maire de Carrières gère environ 500 employés. Estce qu’on imagine un patron d’une entreprise de 500 personnes ne pas être là à temps complet ? Il faut trouver le bon équilibre, ouvrir le débat et augmenter la rémunération pour qu’un seul mandat suffise. » Il évoque son cas personnel : « J’ai la chance de vivre, travailler et exercer mon mandat dans la même commune. Plus de la moitié de mon équipe municipale travaille à Paris. » Christophe Delrieu est enseignant durant la semaine. Cela ne l’empêche pas de s’occuper de sa commune chaque jour après les cours (16 h 45, sauf le mardi et le mercredi (11 h 30) et le matin avant 8 h 20. « Tous les jours je suis mobilisé pour la mairie jusqu’à minuit et demi, une heure. Le week-end est moins chargé, même s’il y a une présence à assurer même si je délègue beaucoup. »
En tant que fonctionnaire d’état, Christophe Delrieu est assuré de retrouver un emploi après la fin d’un mandat. « C’est mon autre chance. Et je comprends mes collègues du privé qui ne bénéficient pas du même avantage. Car il ne faut pas que seuls les fonctionnaires puissent être des élus. Il faut que les élus puissent être représentatifs de tous les pans de la société. »