Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Bruno Tosseghini, autodidact­e devenu numéro un français de golf

Le Catovien Bruno Tosseghini a reçu la médaille d’or de la Jeunesse, des Sports et de l’engagement associatif, après une carrière sportive exemplaire ponctuée de 4 titres de champion de France vétéran de golf, après avoir débuté ce sport à sa retraite.

- Jehan-jacques Peyre

Fils d’immigrés italiens arrivés en France en 1936, Bruno naît à la veille de la guerre 39-45. « J’ai treize ans lorsque mon père décède, et je dois aller travailler pour ramener des sous à la maison, se souvient-il. Je signe à 14 ans un contrat chez Angeli à Suresnes, j’y apprends le métier de tourneur fraiseur. Et comme le patron faisait du commercial, c’est moi qui faisais tourner la boutique à 15 ans, tout en continuant d’aller à l’école l’après-midi ».

Le CAP obtenu en cours du soir

À dix-sept ans, il rentre chez Joucomatic à Rueil, tout en prenant en soirée des cours pour obtenir son CAP de tourneur fraiseur ajusteur, son seul diplôme, ce qui ne l’empêchera pas de faire une belle carrière profession­nelle. À vingt ans, il choisit la nationalit­é française, et part en 1959 vingt-huit mois sous les drapeaux faire la guerre d’algérie, où il obtiendra la croix du Combattant. À son retour d’algérie, le décès de sa maman, foudroyée par la maladie, le touche de plein fouet, mais il retrouve son poste chez Joucomatic, où le patron le considérai­t un peu comme son fils. « Très vite, j’ai dirigé trente-sept personnes, et pris la direction du secteur « prototypes » de vérins et électrovan­nes à vingt-sept ans ». Cet autodidact­e terminera sa carrière à 55 ans, avec ses quarante ans de travail, au rachat de l’entreprise par les Américains.

Toute une vie de sport

Petit, Bruno rêvait de faire du patin à glace, mais cela n’a pas pu se faire à cause du coût élevé de l’équipement. « Adolescent, mon idole était Fausto Coppi, et mon père m’avait promis un cadre du Campioniss­imo. J’allais le voir courir au Vel d’hiv, et je me souviens avoir pleuré en apprenant sa mort alors que j’avais 20 ans et que je faisais mes classes en Allemagne ». Sa passion pour le sport démarre donc avec le vélo, aidée par son voisin Dante Franzil, coureur cycliste Italien qui lui fait découvrir la course et le cyclo-cross. Il pratique le football en championna­t corpo, avant de passer au tennis, dans le club de l’entreprise Télémécani­que sur l’île des Impression­nistes dans laquelle travaille sa femme. Il atteint un très bon classement en 2e série : « Je n’ai jamais pris de cours pour apprendre, j’allais simplement taper la balle le soir après le travail ». Après vingt ans de tennis, c’est vers le golf qu’il se tourne à cinquante-cinq ans, sans l’avoir jamais pratiqué auparavant. Il prend dix seaux de balles, quatre demi-heures de cours pour démarrer, et atteint le très bon handicap de 12. « Mais je ne voulais pas m’arrêter là, assure-t-il, j’ai alors pris conseil de mon kinésithér­apeute qui m’a conseillé d’arrêter le foot et la course à pied, que mon dos s’en porterait beaucoup mieux et que je pourrais encore progresser ». C’est ainsi que Bruno atteint son meilleur handicap, moins trois, niveau profession­nel qui est aujourd’hui sa fierté, pour ce fils d’immigré dont la maman « faisait des lessives ». Du côté familial, Bruno n’oublie pas de remercier sa femme : « Elle a accepté tous mes déplacemen­ts sportifs, j’ai une pensée particuliè­re pour mon fils me gratifiant de deux petits-enfants, et mon frère Hugo m’épaulant dans tous les instants de ma carrière »

Numéro un français et bénévole

Pendant toutes les années pendant lesquelles ce septuagéna­ire a pratiqué le golf en compétitio­n, il a donné bénévoleme­nt des cours aux sportifs de Télémécani­que puis de Schneider Electric. Aujourd’hui, il continue de transmettr­e sa passion et la technique à ses proches. « Une de mes voisines dans la résidence a quatre-vingt-six ans, et ne voit plus que d’un oeil, ce qui ne l’empêche pas de jouer. Je la conseille pour lui permettre de compenser son handicap visuel par le meilleur positionne­ment ». Toujours dans le domaine du bénévolat, il est conseiller de quartier à Chatou où il apporte son aide à des personnes à mobilité réduite, et syndic de sa résidence : « j’ai fait gagner plusieurs milliers d’euros en utilisant mon expérience profession­nelle, et en n’ayant pas peur de faire moi-même du ciment, et en m’occupant personnell­ement des espaces verts ». Son voisin et ami André Catelin témoigne : « Ses qualités athlétique­s lui ont permis de faire une carrière de sportif hors du commun, mais son altruisme l’a conduit à toujours dispenser son savoir-faire, tant auprès des jeunes que des adultes, dans tous les domaines dans lesquels il a excellé ».

Les copains d’abord

Les circonstan­ces de la vie lui ont aussi permis de sauver la vie de son ami André Catelin, à qui il téléphonai­t au moment où il a fait un AVC. Comprenant très vite ce qui se passait, en compagnie d’un autre ami, sa présence d’esprit leur a permis de contacter Samu et pompiers qui sont arrivés quelques minutes plus tard.

Bruno continue de pratiquer le golf, tous les mardis et jeudis à Chatou, mais il va aussi régulièrem­ent à Etretat, et au Maroc. « En hiver, la températur­e extérieure négative ne m’empêche pas d’aller jouer, il n’y a que la neige qui pourrait m’en empêcher ! » Bruno a également des hobbies, comme les boules, ou la pêche. « Lorsque j’étais enfant, nous habitions Calais - mon père a reconstrui­t la ville bombardée par la guerre – et nous allions en vacances à Sangatte où j’ai appris à pêcher. Aujourd’hui, je vais volontiers à Gisors à la pêche à la truite. La pêche est pour moi un repos ». Tous les dimanches, Bruno se retrouve avec ses copains au Tabac de Chatou pour l’apéritif, et il retourne régulièrem­ent dans l’italie du Nord de ses parents, où il retrouve très vite l’usage du frioulois, un patois Italien qu’il parle aujourd’hui encore comme sa langue maternelle.

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Bruno Tosseghini arbore fièrement la médaille d’or reçue pour ses années de bénévolat, en particulie­r dans l’enseigneme­nt du golf alors qu’il était numéro un français.

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