Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Une passerelle piétons-vélos en 2022
Les élus ont choisi le projet de passerelle pour piétons et cyclistes qui verra le jour d’ici 2022, au-dessus du vieux pont de Poissy reliant la gare RER à Carrières-sous-poissy et le parc départemental du Peuple de l’herbe. Le coût est évalué à 20 millio
Protéger les piétons et les cyclistes La problématique première des Pisciacais et des Carriérois qui franchissent la Seine à pied ou à vélo est la sécurité. Certes, la vitesse de circulation des véhicules sur le pont de Poissy a été abaissée de 90 km/h à 50 km/h l’été dernier, mais cela ne suffit pas. L’association Mieux se déplacer à bicyclette Val de Seine, représentée par Thibaut François, a fait part de mesures supplémentaires à prendre, notamment rétrécir la chaussée pour aménager un espace sécurisé pour les cyclistes ou encore déplacer le mobilier urbain (notamment certains panneaux) jugé gênant voire dangereux.
L’hypothèse d’élargir le pont pour y aménager un cheminement sécurisé pour les piétons et les cyclistes a été écartée. « Il n’est pas possible techniquement d’ajouter des éléments sur les largeurs du pont, justifie Christophe Delrieu, maire de Carrières-sous-poissy. La largeur des trottoirs est contrainte, on ne peut aller audelà. »
D’où la solution d’une passerelle à circulation douce (piétons-cyclistes) au niveau du vieux pont. « Cette passerelle est une bonne nouvelle, réagit Thibaut François. Cela fait un moment qu’on l’attend. Néanmoins, nous restons sur la même ligne concernant les aménagements peu coûteux nécessaires sur le pont de Poissy, car la passerelle n’est pas pour tout de suite. » Le Département confirme qu’une réflexion est en cours pour proposer un aménagement pour les cyclistes. « Ce sera probablement une bande cyclable sur la chaussée », indique Jean-françois Raynal, vice-président en charge des projets routiers.
Relier la gare RER au parc départemental
« Cet ouvrage va dépasser les frontières de nos deux communes. » Karl Olive souligne l’autre enjeu de cette passerelle : permettre aux Carriérois et aux autres de rejoindre facilement, à pied ou à vélo, la gare RER de Poissy et dans le sens inverse, permettre aux habitants de la rive gauche d’accéder tout aussi facilement au parc départemental du Peuple de l’herbe dont l’inauguration officielle est programmée en juin.
« Le développement économique est la colonne vertébrale de la communauté urbaine. On ne mesure pas assez l’attractivité de ce parc unique en France. Sans oublier le futur pôle gare et l’arrivée de 3 500 collaborateurs de PSA qui pourront venir se loger à Poissy ou à Carrières en empruntant la passerelle. »
Plus qu’une passerelle, un ouvrage d’art
Le Syndicat mixte Seine et Oise (SMSO) présidé par Daniel Level, a la responsabilité du dossier, en lien avec les élus des deux communes concernées, Karl Olive et Christophe Delrieu, la communauté urbaine, compétente en matière de circulation douce et l’établissement public d’aménagement du Mantois Seine aval (Epamsa), maître d’oeuvre délégué. Le SMSO est par ailleurs, actuellement en train de réaliser une autre passerelle reliant Mantes et Limay.
« Il y a trois semaines, le choix a été fait entre trois projets », explique Daniel Level. Une dizaine de candidats avaient répondu à l’appel à projets lancé au niveau européen et pas seulement national. Trois finalistes ont été retenus, avant de désigner le lauréat. La proposition du cabinet d’architectes belge Ney & Partners a séduit par sa qualité architecturale.
« C’est un projet aérien, solide et léger qui entretient un lien avec l’histoire », commente Daniel Level. Pour Christophe Delrieu, « la proposition développe des idées superbes et le résultat dépasse une simple passerelle, c’est un véritable ouvrage d’art ! » Le coût global n’est effectivement pas neutre : 20 millions d’euros.
L’ouvrage, long de 300 mètres et large de cinq mètres, sera donc aménagé dans l’alignement des piles du vieux pont, sans les toucher. « Il empruntera les départs de l’ancien pont, de part et d’autre de la Seine, détaille Daniel Level. Les piliers seront plantés entre les piles de l’ancien pont. Il était trop compliqué de restructurer les piles pour qu’elles puissent soutenir le tablier de la passerelle. »
La perspective paysagère devrait être préservée au maximum. « La passerelle, réalisée en acier avec bardage bois, s’apparentera à un trait fin reliant les deux berges. »
Un casse-tête résolu « Le projet était complexe à dessiner car il devait répondre à deux contraintes particulières. » Daniel Level évoque ainsi la nécessité pour la passerelle d’avoir une pente conforme aux normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite (soit 5 % maximum). En l’espèce, le projet présente un dénivelé de deux mètres.
Autre difficulté : limiter la portée au vent de la passerelle tout en étant suffisamment haute pour permettre aux bateaux de passer en dessous. « Voies navigables de France (VNF) a approuvé le projet qui répond à l’obligation de hauteur minimale de tirant d’air », ajoute Daniel Level. Au point le plus haut, la passerelle dominera à douze mètres au-dessus de l’eau.
Des aménagements spécifiques La largeur de la passerelle sera aménagée pour accueillir notamment une piste cyclable à double sens. Des bancs seront positionnés « en dehors des zones de circulation » et des panneaux d’affichage et d’exposition seront disposés de telle manière à préserver la vue. Un éclairage de nuit est prévu.
Côté Poissy, un nouvel espace public verra le jour sous forme d’une placette avec des gradins, destinée à des événements festifs et culturels. « Cet amphithéâtre en pierre noble accroché au pont donnera un point de vue exceptionnel au ras de l’eau », s’enthousiasme Daniel Level. Pour Karl Olive, cet aménagement s’inscrit dans une volonté de redynamiser tout ce bord de Seine. « Nous souhaitons également développer le cours du 14-Juillet avec des guinguettes, de la pêche, de l’aviron, etc. »
Côté Carrières-sous-poissy, une anse dite de la Seine tranquille sera aménagée. « Le projet prévoit de remettre un peu d’eau au pied des piles du vieux pont, indique Christophe Delrieu. C’est une belle idée qui permet d’aménager une zone d’extension des crues, renforcer la biodiversité et créer une frayère à poissons. La question plus compliquée sera celle de la gestion des déchets. »
Qui finance ? C’est la question en suspens. Karl Olive, Daniel Level et Christophe Delrieu affirment d’une seule voix que la passerelle verra bien le jour. Le calendrier prévisionnel annonce une livraison en 2022, avec un démarrage des travaux en 2019. « Il reste désormais à mettre les partenaires autour de la table pour décider qui finance quoi », résume Daniel Level. Ces partenaires financiers sont la Région, le Département, la communauté urbaine, les deux communes… « On sollicitera l’état, les fonds d’investissement européens, voire même l’agence de l’eau. »
La communauté urbaine sera responsable de la maintenance de la passerelle. « Le projet choisi est à ce titre le plus économique : le coût de maintenance a été estimé à 40 000€ par an », annonce Marc Busso, directeur des services techniques de Poissy.