Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Radicalisé, irresponsa­ble et interné

- F. D.

Nicolas est coupable mais il ne sera pas condamné. Deux médecins ont attesté que son état psychiatri­que le rendait irresponsa­ble pénalement. Pour autant, les juges de Versailles devaient statuer sur son sort. Impossible de remettre en liberté cet habitant de Maurepas âgé de 21 ans. Trop dangereux pour les autres et pour lui.

« À la synagogue pour tuer »

Les actes qui lui sont reprochés remontent à la fin de l’année 2015. Mais ce n’est que ce 12 avril que le dossier est arrivé sur le bureau des juges. Nicolas venait tout juste de sortir d’une longue période d’internemen­t.

Le jeune homme est apparu sur les radars de la police courant octobre 2015. Ce jour-là, Nicolas fait une déclaratio­n à sa mère. « Je prends mon couteau et je vais à la synagogue pour tuer au nom d’allah. » Il claque la porte. La malheureus­e femme doit se résoudre à donner l’alerte pour stopper son propre enfant. Il est retrouvé à Maurepas. En le fouillant, les policiers découvrent l’arme attachée avec de l’adhésif à son mollet droit.

En menant une perquisiti­on chez lui, les enquêteurs mettent la main sur 44 grammes de cannabis mais surtout douze cartouches de 9 mm et plusieurs ouvrages rédigés en arabe et traitant de l’islam. Nicolas s’en expliquera. Il assure s’être converti un an auparavant après avoir rencontré une jeune femme qui, depuis, l’a quitté. Petit à petit, affaibli par ses troubles psychiatri­ques, il s’est radicalisé.

« J’ai été guidé par Dieu »

Face aux juges, Nicolas est apparu serein, la tête rasée et la barbe très longue. « Je ne suis pas victime de la folie. Le diagnostic des médecins n’est pas bon. Ils se trompent. J’ai été guidé par Dieu et je ne suis pas radicalisé. Au contraire, je veux aider les gens. Je veux faire du bien en emmenant le plus de personnes au paradis. Si j’avais un couteau ce jour-là, c’était pour me défendre car j’avais été attaqué deux ou trois jours plus tôt. » Face à ces déclaratio­ns, le procureur de la République a demandé une hospitalis­ation complète, estimant que les rapports médicaux établis sur Nicolas étaient solides.

« Je pense être Jésus »

Juste avant que les juges se retirent pour en délibérer, Nicolas leur a demandé d’emporter plusieurs réflexions. « Je pense être Jésus. Certains chrétiens, comme certains musulmans, me reconnaîtr­ont dans cette salle. »

Quelques minutes plus tard, la décision d’interner Nicolas était prise pour au moins six mois. « En quel honneur ? a-t-il questionné. À quoi cela sert-il de tuer ma soirée comme cela ? » « C’est pour votre bien », a tranché la magistrate laissant l’escorte l’accompagne­r jusqu’à l’ambulance.

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