Le Courrier des Yvelines (Poissy)
L’église a-t-elle un trésor inestimable dans ses murs ?
Une campagne crowdfunding est lancée pour lever le mystère du bas-relief de la Déposition du Christ. S’il s’avère qu’il a bien été réalisé par le sculpteur italien Benedetto Antelami, génie de la sculpture médiévale, il s’agirait alors d’un « trésor inestimable ».
L’église Saint-germain, à Saint-germain-en-laye, est-elle en possession d’un véritable trésor ? C’est la question à laquelle trois associations tentent de répondre concernant un bas-relief de la Déposition du Christ. Il représente la descente du corps de Jésus après sa crucifixion et sa mort.
Trois associations veulent lever le mystère
L’association diocésaine de Versailles (ADV), Arts, cultures et foi (ACF) de Saint-germainen-laye, présidée par le père Thierry, curé de la paroisse, et FAI France, association française liée au FAI (Fondo Ambiente Italiano), se mobilisent pour lever toutes les interrogations touchant à son auteur. En effet, la traduction d’une inscription en latin sur le bandeau, sous la frise, a lancé le mystère. Elle indique : « L’an 1178, un sculpteur se révéla le deuxième mois, ce sculpteur fut Benedictus dit d’antelamo. »
L’original repose dans la cathédrale de Parme
Or, il s’avère que ce dernier est connu sous le nom de Benedetto Antelami, un sculpteur italien qui fut un véritable génie de la sculpture et de l’architecture médiévales. « Il est surtout l’auteur du chef-d’oeuvre original qui repose dans la cathédrale de Parme, explique Romano Ferrari, le président de FAI France. Personne ne sait comment cette copie, que certains prétendent même être mieux réussie que l’original, est arrivée en France et à Saint-germain-en-laye. Ni l’objet lui-même, ni la documentation et les informations récoltées à ce jour n’ont été en mesure de percer le mystère du bas-relief de la Déposition de Croix de Saintgermain-en-laye. »
Campagne de financement participatif pour récolter 11 000 euros
Les trois associations ont donc décidé de lancer une opération de crowdfunding pour collecter des fonds permettant de financer des études scientifiques poussées de datation de ce bas-relief et enfin savoir qui en est l’auteur : Antelami, un de ses élèves, un copiste ou un faussaire ?
La campagne de financement participatif lancée sur le site Internet dartagnans.fr, dédié au rayonnement et à la préservation du patrimoine culturel, vise à récolter 11 000 euros. Dans un premier temps, une partie de la somme sera utilisée pour faire réaliser par un laboratoire spécialisé en objets d’art une phase d’analyses visant à déterminer s’il existe des évidences d’une ancienneté de l’objet (altération superficielle naturelle de la surface sculptée, éventuelles traces de peinture mettant en évidence l’utilisation de pigments de peinture anciens, traces d’outils indiquant l’utilisation d’outils de taille anciens…), ou au contraire des indications d’une « modernité » de la sculpture.
Analyses approfondies et datation
« Si cette première étape s’avère positive, le laboratoire pourra procéder dans un second temps à l’étude plus approfondie du matériau et de son altération éventuelle à partir d’une analyse pétrographique d’un prélèvement dans la masse, expliquent les associations. Cette analyse peut permettre d’identifier l’origine du marbre mais dans certains cas s’avérer insuffisante ou imprécise. Il serait alors nécessaire d’approfondir les recherches, en effectuant une analyse isotopique du marbre. »
Si, au final, cette sculpture datait bien de 1178 et venait à être authentifiée, il s’agirait alors d’un « trésor inestimable ». « Pour le situer dans le temps, ce chef-d’oeuvre serait alors antérieur à la construction de la Sainte-chapelle et contemporain du début de la construction de Notre-dame de Paris ! »
■PRATIQUE
Pour participer, il suffit de se connecter, jusqu’au 15 mai, sur le site Internet dartagnans.fr puis de cliquer sur « découvrir les projets » (en bas de la page), « patrimoine » et enfin « Mystère du bas-relief d’antelami ».