Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Sur la scène de Poissy, Barbara Hendricks n’a pas le blues

- Propos recueillis par T. R.

À 68 ans, la chanteuse américaine Barbara Hendricks se produira sur la scène du théâtre de Poissy avec deux musiciens de jazz pour interpréte­r les morceaux de son dernier album Blues Everywhere. Entretien.

Vous êtes venue chanter avec votre blues band il y a deux ans à Saint-germainen-laye, quel souvenir gardez-vous ?

Nous étions venus avant le concert, mais nous n’avions pas passé beaucoup de temps pour visiter. C’est le public qui compte le plus. Il était très chaleureux et réceptif.

Je crois que c’était l’un des premiers concerts après l’enregistre­ment de votre disque ?

Lorsque j’enregistre un disque, j’ai déjà fait le programme plusieurs fois auparavant. Je viens de la musique classique où on interprète le répertoire pendant des années et ensuite, on fait des enregistre­ments. Dans l’univers de la pop, c’est l’inverse : on enregistre et ensuite on fait des concerts. Cela me pose des problèmes, car une fois que j’ai enregistré, j’ai généraleme­nt envie de passer à autre chose (sourire).

Les quatre musiciens de votre band seront-ils tous présents à Poissy ?

Ce sera le programme conçu pour deux musiciens. Il est vrai que pour les concerts en plein air, on avait décidé d’ajouter une batterie et une basse pour pallier les problèmes de nuisances sonores liés à la circulatio­n, etc. À Poissy, nous serons dans une salle. Ils ont aimé le programme à deux musiciens. Je voulais garder un cadre intime.

Quelle est votre relation avec vos musiciens sur scène ?

C’est comme pour la musique de chambre, on s’écoute. Nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Il n’y a pas une personne qui décide et tout le monde suit. On se regarde, on s’écoute.

Avez-vous pensé ce disque comme une introducti­on au blues pour les non-initiés ?

Je ne fais jamais un disque pour faire la leçon, c’est avant tout pour partager ma passion pour la musique. Comme tout le monde, je n’aime pas toutes les musiques, mais lorsqu’on est passionnée, cela permet de toucher ceux qui ne sont pas initiés. Le blue existe un peu partout, mais n’est finalement pas très connu.

Quels conseils donneriezv­ous à ceux qui découvrent le blues grâce à votre disque pour prolonger l’aventure ?

Aujourd’hui, il n’y a pas de grands artistes du blues comme par le passé. Dans les années 60 des gens comme Sunhouse ou Raven Gaye Davis étaient à la fin de leur vie. Quelqu’un comme B. B. King est plus récent. Aujourd’hui, il suffit de taper blues dans un moteur de recherche pour trouver beaucoup de choses. Avant, il fallait aller dans une bibliothèq­ue et savoir ce qu’on cherchait. Sur Internet il y a beaucoup de choses et il faut aussi orienter.

Dans le disque, je chante un morceau de Robert Johnson qu’a interprété Eric Clapton. Ceux qui ont entendu la version de Clapton ont pu découvrir qui était Robert Johnson. C’est comme ça qu’on peut faire des découverte­s. Il n’y a pas besoin d’être un musicologu­e pour aimer. Nous avons juste besoin d’écouter des choses qui nous font vibrer personnell­ement. Nous en avons besoin !

Votre Fondation pour la paix et la réconcilia­tion estelle toujours aussi active ?

Je continue de travailler pour les droits humains, notamment avec le festival du film pour les droits humains de Genève et celui de Ouagadougo­u. Je reste aussi très active avec le Hautcommis­sariat aux réfugiés. Il y a quelque temps, j’ai fait un discours pour le soixantièm­e anniversai­re du traité de Rome, j’ai parlé des valeurs des droits humains et défendu la cause des réfugiés. Il ne faut pas abandonner.

La campagne présidenti­elle française actuelle vous donne-t-elle le blues ?

Non, car j’ai confiance dans les Français. Après l’élection de Trump aux Etats-unis, les Français doivent faire jouer la raison et ne pas s’abandonner à la destructio­n. Aux États-unis, nous avons quelqu’un qui ne sait pas comment le gouverneme­nt fonctionne ni même comment les partis fonctionne­nt, c’est effrayant ! Je n’aimerais pas que les Français fassent cette même expérience. C’est la même chose en Angleterre avec le Brexit. Les gens qui ont voté pour la sortie de l’union ont réalisé après ce que cela entraînait comme conséquenc­es. Être citoyen, c’est avant tout la responsabi­lité d’être informé. Je peux comprendre les gens qui expriment leur colère, mais chaque élection a des conséquenc­es.

Pensez-vous que cette période tourmentée puisse inspirer les artistes à jouer du blues ?

Il y a beaucoup de musiciens britanniqu­es qui chantent le blues. Le monde a besoin de l’europe, cette union démocratiq­ue fondée sur le respect de la dignité humaine. Ces valeurs sont essentiell­es. Nous n’allons pas demander à la Chine ou à la Russie d’être les nouveaux défenseurs de la démocratie. C’est notre devoir et c’est le rôle de l’europe et de la France.

■PRATIQUE

Barbara Hendricks et son blues band, au théâtre de Poissy, mardi 25 avril, 20 h 30. Rens. 01 39 22 55 92 ou www.ville-poissy.fr

 ?? ©Bengt Wanselius ©Mats Bäcker ?? La chanteuse originaire de l’arkansas, défenseuse des droits de l’homme dans le monde, créera l’événement à Poissy, ce mardi 25 avril. Barbara Hendricks se produira sur scène avec Max Schultz à la guitare et Mathias Algotsson au piano.
©Bengt Wanselius ©Mats Bäcker La chanteuse originaire de l’arkansas, défenseuse des droits de l’homme dans le monde, créera l’événement à Poissy, ce mardi 25 avril. Barbara Hendricks se produira sur scène avec Max Schultz à la guitare et Mathias Algotsson au piano.

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