Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Louis XVIII au travail

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Depuis quelques jours, le château de Maisons s’est enrichi d’un ensemble de meubles, peintures et objets d’art provenant d’une exceptionn­elle commande de Louis XVIII, dont Le portrait de Louis XVIII dans son cabinet de travail aux Tuileries.

Ce grand tableau, peint par le baron Gérard (1770-1837), est totalement inédit dans sa représenta­tion du Roi, non pas en costume de sacre, mais comme un homme au travail, au service de la Nation. Cette représenta­tion sera copiée puis largement diffusée. C’est l’image officielle de Louis XVIII. Ce tableau est présenté pour la première fois le 2 mai 1823, pour l’anniversai­re de la déclaratio­n de Saint-ouen (2 mai 1814), déclaratio­n qui garantit les droits et les libertés acquises pendant la Révolution et qui permet à Louis XVIII d’entrer dans Paris. Le portrait prenait place dans le grand salon du château de Saint-ouen face à une plaque gravée de la formule « Ici a commencé une ère nouvelle, le 2 mai 1814 ».

Une déclaratio­n d’amour

Construit, meublé et décoré au goût du jour et par les meilleurs artistes et artisans, à la demande de Louis XVIII, sur sa casette personnell­e, pour sa favorite, Madame du Cayla, le château de Saint-ouen est l’ensemble de style Restaurati­on le plus intéressan­t connu. C’est l’un des signes de l’attachemen­t du Roi à sa favorite. Dans sa correspond­ance, Madame du Cayla nous détaille le portrait du roi, ce qui nous permet d’en saisir les moindres éléments et toute l’intimité. Après la mort du Roi, le château sera ouvert et madame du Cayla permettra au public d’accéder au grand salon devenu mémorial. Cette fidélité à la mémoire du Roi disparu nous révèle aussi l’attachemen­t de la favorite au Roi.

Symboles et détails

Mené sous la conduite attentive du Roi, soucieux de son image et de sa diffusion, aucun détail n’est anodin.

Le Roi prend place dans son cabinet de travail aux Tuileries, où sa cour s’est installée et vient de remplacer Napoléon. Entouré de livres et à sa table de travail, le Roi souhaite donner l’image d’un monarque lettré et à l’ouvrage pour le bien de la Nation.

Il se présente en habit bleu « bourgeois », mais agrémenté de symboles, les épaulettes lui donnent un aspect militaire. Il revêt aussi des décoration­s : la Toison d’or, l’ordre de Saintlouis, l’ordre du Saint-esprit, l’ordre de Saint-lazare de Jérusalem, et même la légion d’honneur ! Il tient dans sa main droite un document daté Saint-ouen, le 2 mai 1814 et sous sa main gauche, on peut lire le mot testament. La correspond­ance de sa favorite nous révèle qu’il s’agit du testament de Louis XVI.

Un objet interpelle le visiteur : la table de travail. Modeste meuble de bois blanc, c’est une relique de l’exil du roi. Commandé à Varsovie en 1802, cette table le suivra partout. Il en va de même pour la sonnette de table, que le roi appelle sa maraude. Parmi les autres détails importants, la grande pendule, déjà présente dans ce cabinet de travail qui était celui de Napoléon, indique l’heure à laquelle le roi a quitté Notre Dame de Paris après le Te Deum, saluant son accession au trône.

Aujourd’hui, cet impression­nant portrait a pris place au château de Maisons face au mobilier de la chambre jaune de sa favorite. L’ensemble a été déposé par le Ministère de la culture et de la communicat­ion au Centre des monuments nationaux, qui aura à mener à bien leur restaurati­on.

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