Le Courrier des Yvelines (Poissy)

The Young Lady

- DE WILLIAM OLDROYD Pierre Limat

Au premier abord, l’histoire pourra vous paraître classique. Et pas seulement si vous avez lu « Lady Macbeth du district de Mtensk », roman de Nikolai Leskov dont ce film est une nouvelle adaptation. Car l’idée de la jeune femme réservée mariée de force à un noble qui a deux fois son âge et la délaisse aussitôt n’est pas ce que le cinéma et la littératur­e font de plus original. Et si les premières minutes nous font avancer en terrain connu, juger le long métrage sur ce seul point de départ serait une erreur capable de vous faire passer à côté de l’une des oeuvres les plus étonnantes de ce premier semestre. Sans trop en dévoiler, afin de ne pas trop anticiper les événements, sachez juste que la passion va faire son apparition sous la forme d’un palefrenie­r, alors que son époux est en voyage, puis la tension, d’abord sexuelle puis dramatique. Très ramassé, puisque l’ensemble dure moins de 90 minutes, générique de fin compris, « The Young Lady » parvient à trouver un équilibre entre le développem­ent de son personnage principal et les conséquenc­es de ses actions, qui ont lieu de façon graduelle jusqu’à un final glaçant au cours duquel la réussite du film éclate puisqu’il nous est impossible de détester Katherine malgré ses actes. Une jeune femme incarnée par Florence Pugh, actrice britanniqu­e et grande révélation que l’on risque fort de revoir après cette performanc­e sans faille. Il en va de même pour le réalisateu­r William Oldroyd, qui passe au long pour la première fois et devrait sans nul doute voir les propositio­ns affluer au vu du résultat. Sans trahir le genre du film en costumes, il parvient en effet à le dépoussiér­er par petites touches, toujours sur le fil, à mi-chemin entre classicism­e et trop grande modernité. On regrettera alors ce titre français, « The Young Lady », un peu trop sage et passe-partout là où l’original, « Lady Macbeth » annonce déjà plus la couleur et donne une indication sur les événements à venir. Ne vous laissez donc pas rebuter par son nom ou ses premières minutes, car vous manqueriez une oeuvre certes loin de la perfection, mais aussi solide que prometteus­e.

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