Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Olivia Ruiz chante les plaisirs de l’amour
À 36 ans, la chanteuse et compositrice native de Carcassonne interprétera, ce vendredi 21 avril, au théâtre Simone-signoret, les titres de son sixième album À nos corps aimants, aux accents érotiques.
Avez-vous des attaches avec Conflans-sainte-honorine ?
Pas particulièrement. Je suis une provinciale, même si je vis à Paris depuis quinze ans. Quand j’ai du temps de libre, alors je fais des voyages, mais plus loin que les Yvelines.
J’ai eu le privilège d’une visite privée du château de Versailles, il y a cinq ou six ans. Avec d’autres artistes, j’avais participé au contenu des audioguides. Il y a aussi un endroit que j’aime beaucoup et où je m’arrête pour boire un café, c’est le Trianon Palace.
Votre album À nos corps aimants est-il un contrepoint à l’ambiance anxiogène dans laquelle nous vivons en France depuis les attentats de Paris il y a deux ans ?
Non, mon album n’est pas une réplique à quoi que ce soit, il n’y a pas d’objectif de pallier la morosité ambiante. Les chansons décident où elles veulent aller. J’écris beaucoup en pensant à des histoires. C’est important d’avoir une histoire à raconter. Après est-ce que ce que l’on vit donne envie d’écrire d’une façon plus joyeuse, peutêtre mais alors c’est inconscient.
Plus généralement que l’album, le fait de faire des spectacles permet de jouir du pouvoir de divertir. Dès que je donne un spectacle, je fais rire, chanter, voyager pendant une heure cinquante.
Votre album est-il une déclaration d’amour au corps humain ?
Non pas au corps humain, c’est plutôt un hommage aux femmes. Il y a beaucoup de personnages féminins dans les chansons. Dans la chanson Mon corps mon amour, c’est l’histoire d’une femme qui alerte sur le danger de l’abandon physique. Le plaisir n’est pas réservé qu’aux hommes. La nécessité chimique hormonale existe aussi chez les femmes. Moi aussi, j’ai besoin de me sentir vivante à travers l’acte sexuel mais aussi à travers les caresses, les baisers, etc.
Comment avez-vous conçu les différents univers instrumentaux de l’album par rapport à votre voix si particulière ?
Je compose moi-même, ma voix va là où elle est confortable et où elle s’accorde avec le texte. Quand je compose, parfois je commence par la musique, parfois, à l’inverse, avec le texte. J’épouse au mieux les arrangements et la voix avec le sens donné à l’histoire, mais il m’arrive aussi de dissocier les choses, comme dans la chanson La crèpe aux champignons qui parle de cette femme névrosée qui a tué un homme. Là, j’ai eu envie d’une musique dansante pour contrebalancer le propos. Le choix des arrangements et l’endroit où va se situer ma voix amènent une deuxième lecture aux propos chantés.
En référence à votre titre Il y a des nuits, êtes-vous un oiseau de nuit ?
J’ai été longtemps un oiseau de nuit, c’est un moment qui m’attire beaucoup car les êtres se révèlent que ce soit dans leurs failles ou dans leur folie. Cela a pu être moi à un moment donné, cet oiseau de nuit qui se laisse guider par l’obscurité. Mais depuis un an et demi, la maternité fait que c’est plus compliqué. Mais peut-être que plus tard, cela reviendra.
Cette chanson évoque celle du film La La Land, Another day of sun, qui évoque aussi le temps qui passe et la perspective d’un nouveau départ. Avez-vous vu ce film ?
Non, malheureusement pas encore. Mais je vais aller le voir. Le thème de ma chanson peut être perçu à la fois en termes de deuil ou au contraire de libération.
Pour rester dans le cinéma, votre titre Tokyo Eyes a-til un lien ave le film éponyme du Français Jeanpierre Limosin qui raconte la rencontre, à Tokyo, entre un pseudo tueur binoclard et une adolescente qui tente de le remettre dans le droit chemin ?
Oui, je suis amoureuse de Jean-pierre Limosin avec qui j’ai failli tourner dans un thriller psychologique. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. Tokyo Eyes fait partie de moi. Je l’ai découvert quand j’étais à la fac de cinéma. Les images de ce film m’ont également habitée au cours de ma visite de Tokyo. L’image, la façon de filmer, les deux personnages principaux… C’est une histoire improbable mais on y croit quand même ! L’asie se retrouve aussi dans le clip de la chanson Mon corps mon amour dans lequel vous vous fondez dans le décor à la manière du photographe chinois Liu Bolin. Est-ce une influence ?
Oui c’est effectivement un clin d’oeil à ce photographe chinois. Cela fait partie des références pour illustrer cette idée de femme caméléon de la chanson. Je voulais que cet homme ne voie pas cette femme. Le metteur en scène du clip m’a proposé cette référence et j’étais d’accord. Sans être figuratif, le message véhiculé est très clair. Et j’aime cette idée à la fin que la femme sorte du décor tandis que l’homme intègre à son tour le décor et devient invisible.
J’imagine que sur scène, on ne verra pas ces images ?
Sur scène, on a choisi de développer le thème du triangle de façon plus cinématographique. Et j’ai un très joli décor conçu par mon scénographe habituel et dont je suis très fière.
■PRATIQUE
Olivia Ruiz sera en concert au théâtre Simone-signoret, Conflans-sainte-honorine, vendredi 21 avril à 20 h 30. Tarifs : 15 à 34 €. Rens. et rés. : www.theatre-simonesignoret.fr