Le Courrier des Yvelines (Poissy)
La lutte contre la pénurie de médecins s’organise
Le diagnostic de santé lancé par la ville de Poissy en septembre dernier a livré ses premiers résultats et confirme la diminution du nombre de médecins traitants. Des pistes sont avancées pour tenter d’enrayer le processus.
« Avant d’engager les grands moyens, nous voulions un diagnostic de l’offre de médecins libéraux à Poissy. » Le maire, Karl Olive, s’est adressé en ces termes aux médecins et autres professionnels de santé réunis, jeudi dernier, au théâtre Blanche-de-castille. La baisse du nombre de médecins traitants (-13 % entre 2009 et 2016) inquiète les professionnels, les habitants et les élus. « Nous avons lancé ce diagnostic pour que nous puissions tous partir sur la base des mêmes chiffres », a commenté Virginie Messmer, adjointe en charge des questions de santé, de prévention et de handicap.
Trois implantations
L’union régionale des professionnels de santé Médecins libéraux a conduit et cofinancé le diagnostic. Son directeur, Alexandre Grenier, a exposé la situation actuelle et les propositions de solutions immobilières de la commune.
Pour les besoins de l’étude, la ville a été divisée en trois grands quartiers. Le premier, d’environ 13 000 habitants, englobe les Hameaux, La Coudraie, Beauregard, quartier de l’abbaye. Deux médecins généralistes sont recensés quartier Corneille plus un médecin avec un mode d’exercice particulier quartier de l’abbaye. Au niveau des spécialistes, on trouve un ophtalmologue quartier des Hameaux et une biologiste médicale quartier Racine. La moyenne d’âge des médecins s’élève à 50 ans.
Sur ce secteur, la Ville propose trois implantations possibles de médecins généralistes ou autres professionnels de santé. La plus rapide : 80 m2 en rez-de-chaussée du futur immeuble du promoteur Villogia qui sera construit face au lycée Le Corbusier d’ici fin 2018. Plus lointaine (horizon 2020) : possibilité d’implanter une maison médicale en pied d’immeuble dans le quartier Corneille (au niveau du parking Favera-rochas). Le centre hospitalier, situé dans le quartier, propose de mettre à disposition un plateau (1 000 m2) ou un demi-plateau (500 m2) soit dans le futur nouvel immeuble des urgences, soit dans un bâtiment existant qui serait rénové.
Lots en pied d’immeuble
Le deuxième quartier englobe Saint-exupéry, Noailles et Closd’arcy (13 000 habitants). Sept médecins généralistes sont recensés (trois dans le quartier des Capucines, trois quartier des Sablons, un dans la Zac Saintsébastien) dont cinq ont plus de 55 ans. À Saint-exupéry, un médecin exerce avec un mode particulier. Enfin, le seul spécialiste présent est un rhumatologue âgé de 62 ans.
La solution immobilière proposée par la Ville est de réserver en lien avec l’aménageur Citallios, plusieurs lots en pied d’immeuble ou au premier étage dans le futur quartier Rougetde-lisle. Ces différentes surfaces pourraient être disponibles entre 2019 et 2021 au fur et à mesure de la construction des logements.
Enfin, le troisième et dernier quartier correspond au centreville (12 000 habitants) où se trouve la plus forte concentration médicale : 16 médecins généralistes, 10 médecins avec un mode d’exercice particulier et 43 spécialistes, plus la clinique Saint-louis.
Annuaire partagé
Parmi les solutions proposées par la commune : deux locaux de 102 et 115 m2 avec entrée indépendante pourraient être réservés à des spécialistes au sein du futur immeuble Nexity qui sera construit d’ici mi 2020, à l’arrière de l’hôtel de ville. La Ville sera propriétaire des murs et louerait ces deux surfaces par le biais d’un bail professionnel de 12 ans « avec un loyer annuel modéré ».
Sans attendre la concrétisation de ces projets, le diagnostic propose de « maintenir une dynamique locale ». « Il manque un annuaire partagé des professionnels de santé de la ville », constate Alexandre Grenier. Nous pouvons aider à mettre en place ce système de coordination. » La Ville et L’URPS suggèrent également de promouvoir auprès des internes de médecine en stage à l’hôpital ou chez des libéraux les opportunités de s’installer sur le territoire de Poissy et environs. Enfin, la Ville réunira deux fois par an les professionnels de santé pour faire le point sur les projets de santé dans la commune.
« Changer les habitudes pour attirer les jeunes »
Le mot de la fin est venu de Frédéric Prud’homme, vice président de L’URPS Médecins libéraux : « Construire des murs, s’il n’y a personne à mettre dedans, cela ne sert à rien. Ce qui marche le mieux à mon sens, c’est l’association des jeunes et des anciens, le principe du compagnonnage. Il faudrait que ceux qui vont partir à la retraite dans cinq ou dix ans acceptent de changer leurs habitudes. Les jeunes n’ont pas les mêmes désirs que les plus anciens. En changeant nos habitudes, nous attirerons les jeunes dans le monde libéral. »