Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Embrouille et coup de couteau

- Da. G.

Pour Ahmed, locataire d’une chambre au foyer Adoma d’élancourt, ce 15 avril est un samedi comme beaucoup d’autres depuis 2009. Séparé de sa compagne, cet homme de 40 ans de nationalit­é algérienne se rend ce matin-là au domicile de son ex-conjointe pour récupérer ses deux filles de 11 et 13 ans, dont il a la garde un week-end sur deux. Les deux gamines ont forcément beaucoup de choses à raconter à leur père et, notamment, les insultes et les réprimande­s dont elles sont l’objet, avec leur mère, depuis plusieurs semaines de la part d’une voisine. Son ex a d’ailleurs déposé plusieurs mains courantes à ce sujet.

Ahmed décide de régler cette histoire sur le champ. Il sonne avec force, à plusieurs reprises, à l’interphone de la voisine. Rachid, son époux, répond. Ahmed s’emporte aussitôt. « Descends ta femme, descends-la tout de suite, je veux lui parler ! », « voilà ce qu’il m’a dit », a soutenu Rachid à la barre, le 19 avril. « Je pensais que c’était une erreur, et puis j’ai vite compris qu’il était le père des filles du voisinage. J’étais avec mes trois enfants, ma femme était au marché. J’avais peur qu’elle tombe sur lui en revenant alors je suis descendu. »

Lorsque les deux hommes se font face quelques secondes plus tard, on n’en est déjà plus au stade des préliminai­res. Une bagarre éclate, les coups pleuvent, sous les yeux horrifiés des deux filles de l’accusé, accrochées à leur père. « J’ai pris le dessus et je l’ai jeté au sol, raconte Rachid. J’ai pensé que c’était terminé. » Ahmed, lui, en a décidé autrement. « Il s’est précipité sur son sac. Il en a sorti un petit couteau. J’ai réussi à lui arracher avant qu’il ne l’ouvre complèteme­nt. »

À l’arrivée de la police, les pompiers s’affairent déjà autour de Rachid. Il présente une plaie superficie­lle à la joue gauche qui nécessiter­a la pose de quelques points de suture et une incapacité totale de travail de sept jours. Ahmed, lui, a déjà filé. Alerté par son ex-compagne, il se présentera finalement peu après au commissari­at de Saint-germain-en-laye. Sa version, corroborée par ses filles, est bien différente de celle défendue par sa victime. « Je n’ai pas mis de coup de couteau. Il y a eu embrouille mais quand on est partis, il n’avait rien au visage. »

« Je m’étonne qu’il n’y ait pas eu d’analyses sur le couteau ni de recherche de témoins pour confirmer les faits, a d’ailleurs plaidé son avocate. On ne peut pas affirmer aujourd’hui que la blessure a été faite par mon client avec ce couteau de poche. » « Il a choisi de se faire justice lui-même », a tranché la procureure.

Les juges ont été au-delà de ses réquisitio­ns. Pour Ahmed, ce sera huit mois de prison ferme et non avec sursis, mandat de dépôt en prime.

« Descends ta femme, descends-la tout de suite »

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