Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Les élections présidentielles dans les Yvelines…de 1974 et 1981
En partenariat avec Yvelines 1er nous proposons à François Boulet le président de la Fédération des Sociétés historiques et archéologiques des Yvelines de revenir sur l’élection présidentielle en lien avec les Yvelines. Cette semaine 1974 et 1981.
François Boulet le rappelle : « Le président de la République est la clé de voûte de la vie politique française, tout à la fois sur le plan local et, de fait, national. La vraie référence démocratique et populaire reste toujours ces élections présidentielles. Le pouvoir de l’etat alors s’incarne à travers des personnalités, somme toute, attachantes. » Cette élection est, de loin préférée des Français, et donc des Yvelinois : un vote important, populaire et personnalisé pour le véritable « chef de gouvernement » - le Premier ministre étant subordonné au pouvoir du président la République qui le nomme.
« Un sacre républicain ou une monarchie élective », a-ton dit avec raison ou donner une « tête à l’etat ». Reprendre cette enquête sur le plan d’un département récent - créé en 1964-1968 : les Yvelines ou 262 communes -, dans l’ouest parisien est intéressant pour l’histoire politique du court terme, mais également du temps long des XIXE-XXIE siècles, et surtout du demi-siècle passé. Des conclusions peuvent se dégager sur la géographie ou sociologie politique yvelinoise.
Les sources sont diverses : les archives départementales de la préfecture sont essentielles pour 1848 et 1965. Les années postérieures n’ont pas les 50 ans de rigueur pour les consulter.
La presse locale et départementale vaut le détour avec les trois journaux du département : Le Courrier des Yvelines, Toutes les Nouvelles de Versailles, de Rambouillet et de la Ville nouvelle, Le Courrier de Mantes, avec leurs différentes transformations depuis un demi-siècle.
Notre enquête a commencé avec la commune de Saint-germain-en-laye. Nous l’avons élargie au département des Yvelines. du département comme Sartrouville ou Achères sont tenues par des maires communistes. Le radical de gauche Michel Crépeau 3,01%, contre 2,21% sur le plan national et l’écologiste Brice Lalonde 5,03% contre 3,88% national manifestent une poussée écologique ; les candidats gaullistes Marie-france Garaud 2,04% et Michel Debré 1,99% font un peu mieux que leurs résultats nationaux. Huguette Bouchardeau (PSU) fait un peu mieux également avec 1,4% ; Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) au contraire avec 0,60% fait beaucoup moins que son résultat national de 2,3%.
La bataille politique est rude. A Mantes, une bagarre grave a lieu entre colleurs d’affiches giscardiens et socialistes place de la gare le vendredi 8 mai au soir : quatre socialistes et un giscardien sont blessés.
Au second tour le 10 mai 1981, alors que la France élit François Mitterrand, le département des Yvelines met Valéry Giscard d’estaing en tête avec 51% des voix ; ses meilleurs résultats se trouvent à Maisonslaffitte, Versailles, Saint-germain-en-laye à plus de 60% et le meilleur au Vésinet (73,04%) ou à Saint-nom-la-bretèche (72%). Mais ce vote à contrecourant ne peut cacher une baisse de 2% de Valéry Giscard d’estaing par rapport à 1974. D’autre part, une poussée du vote Mitterrand est notable, comme à Poissy (56,14%) avec 4% de plus qu’en 1974, Mantes (57%), Conflans-sainte-honorine (58%), sans parler des Mureaux (66%). La poussée de la gauche est lente et sûre. Symboliquement, Rambouillet donne la majorité à François Mitterrand avec 16 voix de plus sur Valéry Giscard d’estaing. Et dans le Mantois, ce ne sont pas seulement les villes industrielles -comme les cantons d’aubergenville (55,4%), Limay (56%), Meulan (60%) - qui ont donné la majorité à François Mitterrand, largement élu dans cet arrondissement de Mantes avec près de 56% des voix, mais également des bourgs ruraux ; une partie des voix chiraquiennes se sont tournées au deuxième tour sur François Mitterrand : au canton de Bonnières par exemple, le total du premier tour entre Chirac et Valéry Giscard d’estaing, seuls, rassemble 48%, sans compter les autres candidats gaullistes voire écologistes, or Valéry Giscard d’estaing est battu avec 49,63% - pourtant élu en 1974 avec 51,4% des voix-. Alain Jonemann peut s’exclamer : « La majorité a été battue par elle-même ». En revanche, les voix de Georges Marchais se sont partout bien reportées sur François Mitterrand.