Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Un profil de manipulateur ?
Lors de la longue enquête, toutes les victimes vont décrire le côté manipulateur de l’abbé. Elles évoquent toutes des rendez-vous réguliers, parfois de plusieurs heures, de jour comme de nuit. La question de la sexualité y était la seule évoquée. L’une expliquera s’être sentie « comme prisonnière ». Au sens figuré comme au sens propre. Diane racontera par exemple s’être retrouvée dans une salle fermée à clé. Certaines ont prononcé les mots « apeurée », « tétanisée ».
Une thérapie très personnelle
Sans compter les nombreux appels téléphoniques pour les convaincre de se taire. L’homme avait aussi obtenu qu’il devienne leur directeur spirituel. Il avait lui-même rédigé la lettre en sa faveur que les plaignantes ont signée et envoyé aux autorités de la Fraternité pour le procès canonique.
À ses parents qui s’inquiètent de la présence de ces femmes dans leur domicile, il répondra « qu’elles ont besoin d’aide et qu’il doit parler avec elle ». Redoutant le pire, le père du prêtre lui demandera même s’il ne les avait pas violées. Il niera.
En garde à vue, le père Christophe expliquera un peu plus en détail sa fameuse thérapie. Elle est censée « aider les personnes ayant subi des abus sexuels durent leur enfance. L’idée est de faire revivre les traumatismes pour mieux les dominer ». Il leur demandait alors de mimer les scènes qu’elles aient eu lieu ou non. Des victimes ont imaginé de fausses agressions pour répondre à ses demandes. Selon lui, elles étaient consentantes. Il n’en aurait jamais parlé à personne car nul ne pourrait le comprendre. Elles ne devaient pas le faire non plus.
Pour autant, il n’y avait jamais eu selon lui « contrainte physique ou morale ». « J’ai commis des erreurs, mais je suis certain de mes bonnes intentions », avait-il affirmé face aux enquêteurs. D’emblée, il niera les viols. Par la suite, il évoluera légèrement vers une reconnaissance. Mais pas de tous les faits. Pour lui, elles ont toujours été consentantes.
Un bienfaiteur ?
Suite à une expertise psychiatrique, le médecin soulignera une personnalité inscrite dans « le registre de la perversion et que sa dangerosité criminologique paraissait élevée dans la mesure où il se verrait confier de nouvelles responsabilités pédagogiques ou religieuses ». La contre-expertise a fait état « d’une surestimation de soi, de capacités d’élaboration très limitées sur les actes commis, le fonctionnement étant marqué par une psychorigidité sur l’idéal religieux invoqué pour aider les victimes ».