Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Poissy. Serres municipales : des plantes par milliers soignées au naturel.
À l’approche du mois de mai, passé les saints de glace, les milliers de plantes conçues et entretenues, sans produit chimique, dans les serres municipales, s’apprêtent à être plantées un peu partout dans la ville. Explications.
Une production 100 % en régie
Parmi ses quarante agents, le service espaces verts de la ville de Poissy compte cinq personnes dédiées à la production et deux à l’entretien des massifs. « Nous assurons toutes les étapes en régie, du semis à la plantation », commentent Karl Cousin et Marc Brière, respectivement responsable de la production/ décoration et chef de service espaces verts. « Vers la fin décembre, nous préparons les semis pour les plantations après les saints de glace : Saint Mamert (11 mai), Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai). »
Le site de production est installé au sein du parc Meissonier. Il regroupe 560 m2 de serres en verre (dites chapelles de verre), 600 m2 de châssis et 700 m2 de serres plastique (appelées « tunnels »). Les plus anciennes datent des années 60, les plus récentes des années 80. « Nous réalisons les semis (90 % de la production) et les bouturages (le restant) dans les serres puis, les plantes sont élevées en châssis », détaille Karl Cousin.
Au total, le centre de production dénombre 110 000 plantes dites annuelles (« ces plantes se caractérisent par un cycle de culture et de vie qui se déroule au cours d’une même année ») et 75 000 plantes bisannuelles (« Elles sont semées en août pour fleurir au printemps suivant »). « Nous avons environ 170 variétés et coloris différents en plantes annuelles, poursuit Karl Cousin. Chaque année, le taux de renouvellement des variétés varie de 5 à 10 %. Ce qui est important, c’est d’avoir des massifs bien fleuris jusqu’à la fin de la saison (octobre). » À Poissy, l’équipe de production tend à privilégier l’harmonie entre principalement trois couleurs chatoyantes : bleu, rouge et jaune.
Recherches d’économies
Chaque année, la Ville investit dans de nouvelles variétés de plantes. Cependant, le mot d’ordre comme dans tous les services de la commune est économie. « Nous avons une serre dédiée au maintien des plantes utilisées pour les événementiels ou la décoration de bâtiments municipaux, souligne Karl Cousin. Nous les réutilisons tous les ans tant qu’elles tiennent car elles coûtent extrêmement cher.
Le recours aux plantes vivaces permet d’assurer un fleurissement de fond des massifs. « Cela permet de limiter la production sans réduire le nombre de massifs. Les plantes vivaces sont également semées dans nos serres ou multipliées par division de souches. »
Des économies sont également réalisées dans la gestion du chauffage. « Dès que les températures de nuit sont inférieures à 10 °C, on chauffe et ce toutes les nuits jusqu’à la mi-mai. En période de plantation, on éteint le chauffage. Nous ne chauffons pas les structures vides et nous nous efforçons de regrouper un maximum de plantes dans une même serre. Dans le but d’optimiser le chauffage, nous fermons les serres avant le coucher du soleil. »
L’intérêt pour une commune d’avoir ses propres serres est triple selon Karl Cousin et Marc Brière : « Cela permet d’avoir une gamme étendue de plantes, de réparer immédiatement les massifs et de ne pas être obligé de relancer systématiquement de nouvelles commandes. »
Lutte 100 % biologique
« Ici, c’est zéro pesticide, affirme Karl Cousin. L’implantation d’insectes auxiliaires, de bactéries et de champignons nous aide à préserver nos plantes contre les insectes dits « nuisibles ». En production, le fait d’être à zéro produit phyto nous oblige à un niveau d’exigence élevé en termes de sélection des plantes. »
Les agents de la ville opèrent ainsi depuis une dizaine d’années. Depuis six ans, l’équipe de production est même autonome. Deux agents procèdent aux analyses des serres tous les quinze jours, notamment les plantes les plus sensibles, à l’affût de larves et autres signes indiquant la présence d’insectes ravageurs. « En préventif, nous implantons des insectes auxiliaires pour qu’ils colonisent nos plantes et si un insecte ravageur arrive, il sera aussitôt maîtrisé. » Le recours à certains champignons qui « se mettent en symbiose avec le système racinaire de la plante » permet à la plante d’être « plus résistante face aux attaques d’insectes ou de champignons ». Les trois grands prédateurs qui menacent les serres de la ville de Poissy sont la cochenille, le puceron et l’aleurode. « Sans oublier les acariens et les thrips. Nous ne les éradiquons pas. L’idée est d’atteindre un équilibre entre les auxiliaires et les ravageurs. La lutte biologique est chronophage mais pour la santé du personnel, des plantes et de l’environnement, c’est mieux. »
Trois fleurs, pas quatre
Poissy est labellisée trois fleurs dans le cadre du concours des villes et villages fleuris. « C’est un jury régional d’une cinquantaine de bénévoles qui vient juger sur place tous les trois ans, commente-t-on à la ville. Ils sont passés en 2016 et ont confirmé notre troisième fleur. Trois fleurs, cela implique que la ville soit fleurie partout, en toutes saisons, y compris en hiver. La ville doit assurer la pérennité des massifs et une gestion différenciée des espèces. Elle doit présenter des continuités entre les espaces verts et urbains. »
Obtenir une quatrième fleur n’est pas un objectif. « Les villes avec quatre fleurs ont souvent un attrait touristique. Cela nécessite des moyens humains et matériels conséquents. Au critère du fleurissement, s’ajoutent d’autres liés à la publicité, à la signalétique, au ravalement des façades. »