Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Les élections présidenti­elles dans les Yvelines de 1988 et 1995

- F.B. F.B.

Avec Yvelines 1er, nous proposons à François Boulet le président de la Fédération des Sociétés historique­s et archéologi­ques des Yvelines de revenir, chaque semaine, sur l’élection présidenti­elle et les Yvelines. Cette semaine les élections de 1988 et 1995…

24 avril et 8 mai 1988

Le président du comité « Yvelines pour Français Mitterrand » est le maire radical de Marly Jean Béranger ; Michel Péricard est président du comité de soutien de Jacques Chirac dans les Yvelines ; Christine Boutin, députée, est présidente du comité départemen­tal de soutien à Raymond Barre, avec le président du conseil général Paul-louis Tenaillon et son vice-président Pierre Lequiller ; les barristes affirment avoir rassemblé un tiers des élus.

Le 24 avril 1988, au premier tour, l’abstention progresse (18%), surtout dans les villes touchées par la crise économique : Achères (20%), Sartrouvil­le et Les Mureaux (21%), Chanteloup (25%). Au second tour, on ne voit pas de rattrapage du retard: la baisse est de 2 points à 16 %. Une première crise de participat­ion à la vie politique est donc notée.

François Mitterrand arrive en tête avec 29,38 % surtout dans les villes de gauche traditionn­elle comme Achères (35,7%) Verneuil-sur-seine (35%), Poissy (34 %), Sartrouvil­le (32 %). Jacques Chirac second 24,49 % : il est en tête à Chatou (29 %), Saint-germain-en-laye

Les deux partis de droite locaux UDF et RPR se scindent en deux : ceux qui suivent Edouard Balladur, Premier ministre, comme le sénateur-maire de Rambouille­t Gérard Larcher, le député de Versailles Etienne Pinte ou le maire de Poissy Jacques Masdeu-arus et ceux qui restent fidèles à Jacques Chirac, le député-maire de Saintgerma­in Michel Péricard, le premier secrétaire départemen­tal du RPR, Pierre Bédier et Franck Borotra. La députée des Yvelines Christine Boutin fait campagne pour Philippe de Villers. Les sondages se révèlent à nouveau faux.

Le 23 avril 1995, au premier tour, l’abstention progresse encore avec 23% des suffrages exprimés.

Le départemen­t s’affirme une nouvelle fois chiraquien, voire « RPR ». Chirac est en tête avec 25,95% des voix, soit 5 points de plus que la moyenne nationale. Il est en tête au sud des Yvelines et - c’est nouveau - dans la Ville nouvelle. La région versaillai­se également avec ses 22 communes prend nettement parti pour Jacques Chirac dans son combat fratricide contre Balladur : Jacques Chirac avec 31% l’emporte sur Balladur avec 22%, comme au Chesnay avec 34,5% pour le premier contre 26,80% pour le second. Chirac frôle voire dépasse les 40% au centre du départemen­t, entre Versailles et Saint-germain, à Chavenay (41,22%), Rennemouli­ns (40,40%), Saint-nom-labretèche (40,30%) Bailly (39,82%), Noisyle-roi (38,5%).

Le candidat socialiste Lionel Jospin arrive en deuxième position avec un résultat (32 %), Maisons-laffitte (32 %), Le Vésinet (40,82 %).

Raymond Barre est troisième avec 18,49 % : c’est une petite déconvenue. Dans la ville de Saint-germain, souvent un fief centriste, il atteint 21,6 % des suffrages mais il n’arrive pas à prendre la deuxième place, tenue par François Mitterrand important, mais inférieur de 2% à sa moyenne nationale : 21,36 %, loin des 29,38 % de François Mitterrand en 1988. Il parvient à arriver en tête dans la Ville nouvelle de Saint-quentin avec 26,7%, mais avec 23% en moins que François Mitterrand. Le troisième est Edouard Balladur avec 19,57%, 1% supérieur à sa moyenne nationale et qui talonne quelque peu Lionel Jospin. A Viroflay, il est à égalité parfaite avec Jacques Chirac (24,51%), derrière Jospin.

Jean-marie Le Pen est en dessous de son résultat national et perd des voix par rapport à 1988 : 13,78%. Mais il reste fort dans certains lieux : Les Mureaux (25%) et Mantes-la-ville. Le candidat du PCF Robert Hue améliore quelque peu le score de Lajoinie en 1988, avec 6,6 % ; son meilleur résultat est à Trappes avec près de 19%. Nous trouvons également le score fort honorable d’arlette Laguiller avec 4,90%. Philippe de Villers du Mouvement pour la France obtient un modeste 4,44% des suffrages. La candidate écologiste Dominique Voynet régresse un petit peu par rapport à Waechter en 1988 : 3,26% (contre 3,6%). Enfin Jacques Cheminade termine la course avec 0,26 % avec 1458 suffrages sur 621386 exprimés dans les Yvelines.

Au second tour, les Yvelines votent très nettement pour Jacques Chirac avec 60,64 %, bien supérieur aux 52,9% du score national. On évoque même un « razde-marée » à Versailles avec 73 %, plus de six points supérieurs à 1988. Il fait le plein des voix de droite dans le départemen­t.

François Boulet le rappelle : « Le président de la République est la clé de voûte de la vie politique française. La vraie référence démocratiq­ue et populaire reste toujours ces élections présidenti­elles. Le pouvoir de l’etat s’incarne ainsi à travers des personnali­tés. » Cette élection est, par ailleurs, de loin la préférée des Français, et donc des Yvelinois : un vote important, populaire et personnali­sé pour le véritable « chef de gouverneme­nt » - le Premier ministre étant subordonné au pouvoir du président la République qui le nomme. « Un sacre républicai­n ou une monarchie élective », a-t-on dit avec raison ou donner une « tête à l’etat ».

Reprendre cette enquête sur le plan d’un (24 %). En revanche, il la prend d’une courte tête dans la ville nouvelle de Saint-quentin-enyvelines, avec 16,95 % contre 16,92% pour Jacques Chirac. Il obtient 19,5% des voix à Montigny, 20% à Maurepas. A Rambouille­t, il obtient 20,5 % des suffrages.

La « vigoureuse poussée » de Jean-marie Le Pen est la vraie surprise avec 15,05 % Nous sommes presque en « Chiraquie » avec un résultat qui correspond aux meilleurs départemen­ts électoraux pour le nouveau président Chirac (Corrèze, Cantal, Lozère, Alpes-maritimes, Hautesavoi­e, Vendée).

Au sud du départemen­t, toutes les 87 communes et les quatre cantons – Rambouille­t, Chevreuse, Montfort-l’amaury et Saint-arnoult - mettent Chirac en tête avec plus de 60 % des voix et une augmentati­on de 7 % sur 1988. Ses meilleurs résultats locaux sont au coeur du départemen­t, entre Le Chesnay (près de 75 %), Louvecienn­es (76,5 %), Bailly (78 %), Saint-nom-la-bretèche (79 %), et Rocquencou­rt (83 %) : une véritable diagonale chiraquien­ne apparaît qui suit la départemen­tale D307.

Au Tartre-gaudran, sur 24 électeurs, 23 font confiance à Chirac. Saint-cyrl’ecole, commune dirigée par le communiste Daniel Ferrenbach, offre une majorité à Chirac de 50,9 %. Idem dans la ville de gauche Sartrouvil­le : 50,19% des suffrages.

Le résultat de Lionel Jospin cependant résiste parfois. Dans la Ville nouvelle, si quatre communes sur sept passent à droite : La Verrière (62,6 %), Trappes (61,7 %) et Guyancourt (51 %) font confiance à Jospin et ce dernier obtient 49,2 % sur la Ville nouvelle. Au total, sur 262 communes, une dizaine donne la majorité à Jospin : La Verrières, Trappes, Guyancourt, Conflans-sainte-honorine (50,71 %), Les Clayes-sous-bois (50, 43 %). départemen­t récent - créé en 1964-1968 : les Yvelines ou 262 communes -, dans l’ouest parisien est intéressan­t pour l’histoire politique du court terme, mais également du temps long des XIXE-XXIE siècles, et surtout du demi-siècle passé. Des conclusion­s peuvent se dégager sur la géographie ou sociologie politique yvelinoise.

Les sources sont diverses : les Archives départemen­tales de la préfecture essentiell­es (1848 et 1965). Les années postérieur­es n’ont pas les 50 ans de rigueur pour les consulter. La presse locale et départemen­tale vaut le détour avec les trois journaux : Le Courrier des Yvelines, Toutes les Nouvelles de Versailles, de Rambouille­t et de la Ville nouvelle, Le Courrier de Mantes.

Les sondages se révèlent faux

des voix surtout dans des zones bien localisées, urbaines, où il passe souvent devant Jacques Chirac : les villes industriel­les en crise économique ou « dortoirs » avec présence d’immigrés : l’arrondisse­ment de Mantes avec Mantes-la-jolie (22,30 %), Trappes (16,52 %) Achères (17 %), Chanteloup-les-vignes (18 %), Sartrouvil­le (19,21 %), Carrières-sous-poissy (22,6 %). Maisons-laffitte voit également un bon score de Le Pen avec 15,57 % des voix.

Le candidat communiste André Lajoinie avec 4,68 % des voix, montre que la chute du Parti communiste français se poursuit. Il arrive en quatrième position derrière Jean-marie Le Pen dans les villes à direction communiste comme Trappes (16,46 %), Achères (12 %), Saint-cyr-l’ecole (11,79 %), Les Clayes-sous-bois (8,5 %). On peut y ajouter les résultats du candidat communiste « rénovateur » Pierre Juquin 2,02 %, celui d’arlette Laguiller Lutte Ouvrière (1,58 %) ou enfin Pierre Boussel (0,2 %). Une faible poussée écologiste est sensible avec Antoine Waechter (3,95 %).

Au second tour, le 8 mai 1988, on assiste à nouveau à un vote à contre-courant des Yvelines : Chirac avec 53,12% bat Mitterrand avec 46,88% : les résultats sont l’inverse du résultat national. Jacques Chirac fait mieux que Valéry Giscard d’estaing en 1981. A Poissy, le résultat de Mitterrand, vainqueur, est presque identique à celui de 1981 passant de 53,91 à 53,77%. La participat­ion, plus importante au second tour, a profité à François Mitterrand.

A Sartrouvil­le, la victoire de Mitterrand est nette avec 57% des voix, surtout sur les bureaux du Plateau où se concentren­t les voix dites populaires : des électeurs de Le Pen se sont reportés sur le président sortant, comme certains centristes ayant voté Barre. De même dans la ville nouvelle de Saint-quentin, Mitterrand obtient 58% et l’emporte dans six communes sur sept, sauf à Voisins-le-bretonneux.

Quant à Achères, Mitterrand réalise le beau résultat de 64,26% ; à Trappes, 71%. A Carrières-sur-seine, Chirac l’emporte de six voix (2 511 contre 2 505). Dans les villes aisées, Chirac réalise à nouveau des pourcentag­es de plus de 60% : à Versailles 66,5%. A Saint-germain-en-laye, il fait mieux que Giscard en 1981 et retrouve son résultat de 1974. Il est à noter que le bureau de vote du Bel-air voit la victoire de Chirac d’une courte tête. Le candidat réalise son meilleur score au Vésinet avec près de 75 % des voix. Quant à Rambouille­t, en 1981, François Mitterrand avait quelques voix en plus (50,07%). En 1988, c’est au tour de Jacques Chirac de prendre la tête dans la ville dirigée par le sénateur-maire Gérard Larcher : 273 voix en plus et 51,12%.

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