Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Les espoirs de Bijou partent en fumée

- Da. G.

Bijou (26 ans) est incarcéré depuis cinq ans pour divers crimes et délits (trafic de stupéfiant­s, vols aggravés, violences sur policier…). Au total, son casier judiciaire fait mention de quinze condamnati­ons, les premières alors qu’il était encore mineur. Il devait sortir de prison en novembre prochain et envisageai­t même de solliciter un aménagemen­t de fin de peine. Tout a changé depuis le 26 mars.

Longtemps détenu à la maison centrale de Saint-maur (Val-de-marne), où il a successive­ment décroché son brevet des collèges puis un bac littéraire et avait un emploi, le jeune homme de nationalit­é congolaise semblait pourtant être devenu un prisonnier presque modèle, armé pour une réinsertio­n une fois libre.

Transféré en février à la maison d’arrêt de Bois-d’arcy pour des raisons qui n’ont pas été précisées lors des débats, Bijou comparaiss­ait le mercredi 3 mai devant le tribunal correction­nel de Versailles pour avoir, le 26 mars, entraîné un surveillan­t de la prison de Bois-d’arcy dans sa cellule avant de le frapper et de le mordre au pouce. « Vous lui avez aussi craché dessus », a pointé la présidente.

Ce jour-là, le mis en cause avait fait l’impasse sur la cour de promenade. Il avait préféré faire une sieste. À son réveil, il avait demandé à sa victime d’aller lui chercher une cigarette dans une autre cellule. Ce dernier avait accepté. Mais à 17 h 30, au moment de la distributi­on des repas, la cigarette n’était toujours pas là. « Il m’a dit d’attendre la fin de la distributi­on, a raconté Bijou à l’audience. Alors j’ai proposé d’y aller moi-même. Il m’a repoussé avec sa main posée sur ma poitrine. C’était une provocatio­n. » Et d’ajouter, en s’adressant à la présidente. « Je ne suis pas un enfant, Madame. »

L’accusé a reconnu avoir attrapé par le col le surveillan­t puis l’avoir plaqué au sol mais a nié fermement avoir porté des coups et mordu. « Ça fait cinq ans que je suis en prison. Je dois sortir dans six mois. Quel intérêt aurais-je à faire ça ? Tout ça, c’est abusé. De toute façon, depuis que je suis à Bois-d’arcy, je n’ai que des galères. J’ai demandé un boulot, on me le refuse. Et maintenant on invente une histoire. Le surveillan­t est malhonnête. » Bijou n’a pas pu compter sur le témoignage de ses codétenus, intervenus pour séparer les deux hommes. Ils ont préféré se taire.

Une simple histoire de cigarette La morsure du surveillan­t avérée

L’examen médical de la victime ne laisse pourtant aucune place au doute. La morsure est notamment avérée. La procureur l’a rappelé dans son réquisitoi­re, demandant une peine d’au moins dix mois. Comme un lion en cage, prêt à bondir, Bijou a serré les poings. Déjà condamné à trente jours de quartier disciplina­ire par la direction pénitentia­ire, le prévenu a finalement écopé de dix mois ferme. Bijou passera donc encore seize mois en prison. Tout ça pour une cigarette. Ses espoirs de libération anticipée sont partis en fumée.

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