Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le musée d’archéologie nationale pense à l’avenir
Le 12 mai 1867, le musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines de Saint-germain-en-laye était inauguré par l’empereur Napoléon III. 150 ans plus tard, celui qui est devenu le musée d’archéologie nationale (Man) a la tête tournée vers l’avenir.
Le 12 mai 1867, un dimanche, l’empereur Napoléon III prend la direction du château de Saint-germain-en-laye où il est attendu pour inaugurer le musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines. L’aboutissement d’un projet qu’il a ardemment porté (voir ci-dessous). 150 ans plus tard, le site, aujourd’hui dénommé musée d’archéologie nationale (Man), commémore cette date anniversaire (voir encadré) tout en ayant la tête tournée vers son avenir.
« Nous sommes à un plafond de verre »
Après sa création en 1862 et son inauguration cinq ans plus tard, ce sont principalement les années Malraux qui ont marqué l’histoire du musée. Ces dernières ont entraîné une profonde transformation du musée avec, notamment, une réduction des nombres de salles d’exposition et la création de réserves. Depuis, malgré des dépoussiérages et des réaménagements, c’est toujours sur ce schéma « Malraux », datant des années 60, que repose le Man.
« Aujourd’hui, nous sommes à un plafond de verre, explique Hilaire Multon, le directeur du Musée d’archéologie nationale-domaine national de Saint-germain-en-laye. Si on prend l’échelle européenne, les grands musées qui conservent les collections archéologiques ont fait leur mutation dans les 20 dernières années. La conscience que l’on a, c’est que l’on peut tirer parti de cet anniversaire pour montrer qu’il y a aussi une capacité à se projeter dans l’avenir et dans le XXIE siècle. Un chantier important de restructuration est indispensable pour lui éviter une mort lente. Les attentes des visiteurs dans le musée se sont considérablement transformées. Il faut une réflexion sur l’ergonomie, la fluidité, les espaces et les services.»
Ce regard porté vers l’avenir s’est inscrit à l’occasion du Projet scientifique et culturel (PSC) du musée. Ce document d’une centaine de pages, élaboré sous la direction de Catherine Louboutin, adjointe au directeur et responsable du pôle scientifique, fait un bilan des forces et des faiblesses. Il fait également un bilan des « attentes aussi bien du public, des scientifiques que de la communauté qui travaille dans la maison, sur ce que l’on pourrait faire pour faire en sorte qu’il soit à l’aune de ce que l’on peut attendre d’un musée national », indique-t-elle.
Rendre l’ensemble du château accessible au public
L’idée directrice développée par ce PSC serait de rendre l’ensemble du château accessible au public avec une présentation qui ne serait pas nécessairement plus abondante, mais « plus aérée et mieux contextualisée, expliquée. Il nous manque à la fois des espaces de confort et des espaces et des dispositifs d’accompagnement des collections qui sont exceptionnelles.
De nombreuses animations sont programmées dans le cadre 150e anniversaire du musée. Pour marquer la date du 12 mai, l’accès aux collections sera entièrement gratuit. À compter de ce vendredi 12 mai, le public pourra ainsi profiter d’un nouveau parcours de visite libre, intitulé « J’étais là en 1867 ». Dans les salles, il mettra en valeur une dizaine d’objets majeurs présents dès la création du musée. Un second parcours, « 150 ans d’enrichissement » sera mis en place à partir du 17 juin pour mettre en valeur, cette fois-ci, des objets acquis par le musée entre 1867 et 2017.
Une légion romaine s’installe au domaine
Toujours à l’occasion de cet anniversaire, le Man prévoit d’organiser une reconstitution du monde romain les 13 et 14 mai avec l’installation du campement de la légion VIII Augusta dans le domaine ». Aujourd’hui, si l’ensemble du château est bien dévolu au Man, seuls environ 60 % du bâtiment sont accessibles au public. Cette mutation comprendrait, notamment une ouverture de salles historiques aujourd’hui fermées au public grâce à l’externalisation des réserves en dehors de Saintgermain-en-laye. Elle prévoirait aussi une présentation du château. « Elle est aujourd’hui absente, ce qui conduit à une certaine ambiguïté, car le site n’est pas présenté dans ce qu’il est. Il y a une confusion dans l’esprit du public. Il y a une nécessité archéologique et historique de présenter national. Tout le week-end, cette animation donnera lieu à des déambulations dans la ville (11h), des ateliers sur la vie quotidienne (11h à 18h) ainsi que des présentations et des manoeuvres de l’armée romaine (14h30 et 16h30).
Deux colloques sont aussi programmés : «Quand l’archéologie construit ses archives», les 9 et 10 novembre et «Archéologie en musée et identités nationales en Europe (1848-1914). Un héritage en quête de nouveaux défis au XXIE siècle», du 6 au 8 décembre.
Une médaille frappée par la Monnaie de Paris
Parallèlement aux animations mises en place, la Société des Amis du musée d’archéologie nationale propose également l’acquisition de l’une des 150 médailles commémoratives numérotées, frappées par la Monnaie de Paris à l’occasion le site et de pouvoir faire la distinction entre monument historique qui a une valeur patrimoniale pour lui-même et un musée archéologique abrité dans un château qu’il a, en fait, contribuer et permis de sauver. » La refondation du Man prévoit également le développement de partenariats scientifiques et culturels.
Cette ambition du Man inscrite dans le PSC a été validée par le service des musées de France (SMF). Reste maintenant à actionner sa mise en oeuvre concrète. Son exécution pourrait se faire sur une période comprise entre 5 et 10 ans. du 150e anniversaire de l’inauguration du MAN.
Enfin, un livre souvenir, intitulé « Sept regards sur le Man », regroupant le regarde porté sur le musée par des personnalités devrait paraître en décembre prochain aux éditions Artlys.