Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Alien : Covenant
Selon la règle établie en 1979, dans l’espace, personne ne vous entend crier. Et les passagers du Covenant, en route pour coloniser une planète, vont vite s’en rendre compte lorsqu’ils dévient de leur trajectoire après avoir capté un étrange signal de détresse, sans se douter une seconde de ce leur réserve leur nouvelle destination. Un silence bien inquiétant, pour commencer, puisqu’aucun animal ne se fait entendre. Sauf la bestiole qui sort du dos de l’un des humains, qui a eu le malheur de marcher sur des spores et libérer ce qu’elles contenaient, et semble bien décidée à décimer tout ce beau monde dans un grand déluge d’horreur et d’hémoglobine, comme pour nous confirmer le retour de la saga « Alien » à ce qu’elle fait de mieux. Mais avec des personnages sacrificiels (voire sacrifiables), car le héros n’est pas celui que l’on croit : laissé sans corps à la fin de l’opus précédent, l’androïde David est en effet de retour, plus proche que jamais du Dr. Moreau D’H.G. Wells. Se prenant toujours autant, si ce n’est plus, pour un Dieu, il multiplie les expériences glauques et se présente comme le coeur et l’anti-ellen Ripley de cette franchise, grâce à cet épisode qui ressemble à ce que « Prometheus » aurait dû être : un vrai prequel, assumé et pas caché derrière des interrogations métaphysiques fumeuses. Ridley Scott semble d’ailleurs bien conscient des reproches qui lui ont été faits et cherche à les corriger, comme en témoigne le sort réservé aux Ingénieurs. Ce n’est pas pour autant que tout fonctionne : nerveuse et racée, la mise en scène touche à la perfection, dans une atmosphère inquiétante qui vous prend aux tripes pendant la seconde partie du récit, malgré des rebondissements prévisibles et un dernier acte trop rapide. Une grande qualité plastique qui ne masque que partiellement des problèmes de fond, à commencer par des protagonistes peu attachants (voire stupides) et dont le sort peine parfois à nous intéresser, ou des réponses qui ne plairont pas à tout le monde, comme lorsque l’implicite fait place à l’explicite. Bien plus réussi que « Prometheus », « Alien : Covenant » relève donc le niveau sans atteindre les sommets espérés. Mais ce sera peutêtre pour la suite, déjà prévue.