Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Dans un mois : stop ou encore ?

77,15% pour Macron dans les Yvelines Les résultats dans toutes les communes

- Michel Seimando

Le départemen­t a choisi Emmanuel Macron (77,15 %), repoussant fermement Marine Le Pen (22,85 %). Les Yvelinois habitués au bleu vont-ils tourner à l’orange lors des législativ­es ? Pas sûr. Dimanche soir, 57 406 électeurs ont voté blanc (7,91 %). Un signe ?

La vague est immense. Le départemen­t des Yvelines habitué à la couleur bleue a viré à l’orange dimanche soir, donnant au candidat d’en Marche ! une large victoire. Avec 77,15 % des voix, Emmanuel Macron rassemble 503 655 électeurs sur les 950 853 inscrits et balaie la candidate du Front national, Marine Le Pen, qui a rassemblé 22,85 % des suffrages (149 137 votes). Pourtant derrière cette victoire éclatante en apparence, plusieurs enseigneme­nts sont à retenir.

▲La comparaiso­n avec 2002 : le FN progresse.

Il faut revenir quinze ans en arrière lorsque Jean-marie Le Pen était arrivé au second tour de l’élection présidenti­elle en 2002. Dans les Yvelines, le Front national avait alors recueilli 14,41 % des voix, soit près de 93 700 voix à l’époque. Aujourd’hui, le score de Marine Le Pen comparé à celui de son père est plus important. Dimanche soir, elle a rassemblé 149 137 votes, c’est dire la progressio­n du parti frontiste dans les Yvelines.

La candidate FN l’emporte même dans sept (petites) communes sur les 262 du départemen­t : Merville (52,71 %), Guitrancou­rt (54,93 %), Portvillez (50,69 %), Limetz-villez (50,38 %), Guernes (52,46 %), Le Tertre Saint-denis (64,06 %) et Flacourt (56,52 %). Jeufosse n’a même pas pu désigner de vainqueur avec 50 % pour chacun des candidats.

▲Pas de front républicai­n.

Contrairem­ent à celle de Jacques Chirac en 2002, la victoire d’emmanuel Macron ce 7 mai n’est pas due à un front républicai­n. Beaucoup d’électeurs ne se sont pas rendus dans l’isoloir (lire ci-dessous). Le taux de participat­ion de 76,32 % contre 81,96 % en 2002 est d’ailleurs historique­ment l’un des plus faibles avec celui de 1969 pour des élections présidenti­elles.

A cela plusieurs raisons : la victoire de l’associatio­n pour le renouvelle­ment de la vie politique s’est construite en déjouant les règles du système. En évinçant en un an, les deux partis dits de gouverneme­nt le PS et LR - pourtant habitués à figurer au second tour de la présidenti­elle comme en 2012, Emmanuel Macron n’a pas pu attirer les électeurs orphelins de François Fillon et de Benoît Hamon. Il a même fait éclater l’échiquier politique, rendant un électorat plus inconstant et plus méfiant.

Par ailleurs, le score très élevé, au 1er tour, de Jean-luc Mélenchon et son absence de consigne de vote claire n’ont pas aidé. Enfin, cette campagne pour le moins atypique a vu deux candidats dont les discours de rupture n’ont pas pu reconstrui­re un front républicai­n totalement absent. « J’avais conscience que la radicalisa­tion de François Fillon et de Jean-luc Mélenchon pouvait conduire une partie de leurs électeurs à tellement s’éloigner qu’ils auraient du mal à revenir dans une offre républicai­ne classique », expliquait ainsi Emmanuel Macron le 5 mai dernier dans le Sud de la France.

▲Un record des votes blancs et nul.

Conséquenc­e directe de l’absence de front républicai­n, de nombreux électeurs ont refusé de choisir entre les deux candidats. Avec 7,91 % de votes blancs (57 406) et nuls 1,62 % (15 446) - une première - les électeurs yvelinois, notamment ceux des zones rurales, ont voulu envoyer un signal fort au vainqueur de la soirée. Ils ont indiqué ne pas croire qu’il pouvait réussir à baisser la courbe du chômage en France. Ils ne croient pas non plus à un discours qui ne s’adressait pas vraiment à eux, ces Yvelinois en difficulté sociale, qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois. Ils ont enfin indiqué par leur vote se sentir totalement exclus de cette mondialisa­tion prônée par le candidat d’en Marche ! résolument tourné vers l’europe. « L’abstention et le vote blanc prouvent que le projet d’emmanuel Macron ne répond pas aux attentes des Français », indiquait Jeanfrédér­ic Poisson, le député de la 10e.

Face à cette victoire avec moins d’électeurs qu’habituelle­ment, le candidat d’en Marche ! n’a pas d’autres choix que de recomposer l’échiquier politique totalement explosé. Comment pourra-t-il rassembler de la social-démocratie au gaullisme ? Alors que Jean-luc Mélenchon et sa France insoumise appelait déjà dimanche soir à rassembler toutes ses forces pour les législativ­es du mois de juin, le candidat de feu PS, Benoît Hamon, appelait à un « maximum de candidatur­es d’union à gauche » voulant « constituer la base d’une plateforme commune à toute la gauche pour gouverner dès le 18 juin ».

▲Une recomposit­ion politique. ▲Le rebond LR ?

Sans un candidat Les Républicai­ns, les Yvelines s’abstiennen­t ou votent au centre. C’est l’enseigneme­nt de dimanche. Mais comment va réagir l’électorat de la droite et du centre aux prochaines législativ­es ? Les électeurs yvelinois vont-ils repartir vers le bleu abandonnan­t l’orange de Macron ? En plaçant un candidat d’en Marche ! dans les douze circonscri­ptions du départemen­t, de nombreuses triangulai­res voire des quadrangul­aires (FN et la France insoumise) pourraient apparaître. Et à ce jeu, le parti LR pourrait perdre du terrain. « Il nous a ringardisé­s », avait dit Rachida Dati à la fin du premier tour. Quid enfin du PS éclaté façon puzzle. Dans les Yvelines, pourra-t-il garder ses deux bastions : la 11e (Trappes) et la 8e (les deux Mantes) ? Sur l’échiquier politique, les pièces sont vraiment par terre.

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(©MAXPPP) Emmanuel Macron après la proclamati­on des résultats dimanche soir.

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