Le Courrier des Yvelines (Poissy)

La relaxe pour le papa violent

- F. D.

Rodney (27 ans) et Janice (*) vivent une relation compliquée, pour ne pas dire tumultueus­e. Entre eux, c’est l’amour vache. Les disputes, les échanges d’insultes, quand ce ne sont pas les coups, escortent la vie du couple depuis leur rencontre au début de l’année 2016. Il arrive pourtant que l’ouragan cesse. Leur enfant, né fin avril, en témoigne.

Le 8 mai, cette histoire a pris un nouveau virage avec l’arrestatio­n de Rodney et sa comparutio­n, le 10 mai, devant le tribunal de Versailles. Le jeune homme était accusé de violences. Ce jour-là, une nouvelle dispute éclate. Rodney est de passage au domicile de la mère de Janice pour voir son fils, âgé d’une dizaine de jours. Le couple est alors séparé. « Je voulais le prendre un moment, l’embrasser, puis repartir. Elle veut m’empêcher de le voir. Elle s’est énervée. Elle croyait que je voulais l’enlever. J’ai été violent, oui, en lui mettant notamment la main sur la bouche. Mais je l’ai juste repoussée avant de fermer avec le pied la porte de la cuisine. C’est là qu’elle s’est coincé les doigts. Les seuls coups que j’ai portés, ils étaient destinés à des objets. »

La jeune femme, éplorée tout au long de l’audience puis dans la salle des pas perdus dans l’attente du délibéré, a raconté qu’elle avait également reçu un coup de pied au ventre, qualifiant le prévenu, très maître de lui dans le box, de « manipulate­ur ». « Il y a déjà eu deux plaintes pour violences déposées par Madame contre vous », a poursuivi la présidente. « Vous savez, elle est aussi très agressive, a répondu le mis en cause. Elle mord, elle griffe. Regardez mes bras. »

Ce 8 mai, Rodney décide donc, après la tempête, d’emmener son fils avec lui. Janice, paniquée, prévient sa famille puis la police. Son frère et sa soeur retrouvent Rodney à la gare. Il s’apprête à prendre le train. Le ton monte. « Le train n’a d’ailleurs pas pu partir », décrira la présidente à la lecture des procès-verbaux de la procédure. La police interviend­ra pour ramener les esprits à la raison.

« Cette femme est terrorisée », a insisté ensuite son avocate, réclamant 5 000 euros au titre du préjudice psychologi­que. « Nous sommes face à l’archétype de la relation toxique et des violences conjugales ordinaires, a appuyé la procureure. On ne se laissera pas berner. Les propos de Monsieur ici sont très embarrassa­nts, notamment quand il nous dit, je cite :

Vous entrerez donc en voie de condamnati­on. Je demande 8 mois avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans. »

« Vous avez surtout en face de vous un couple immature, a plaidé l’avocate de Rodney. Les violences sont des deux côtés. Lui aussi a déposé des plaintes. » Et de rappeler encore une fois : « Regardez ses bras ! Ils sont couverts de griffures. »

Un détail, mais pas des moindres, sur lequel les juges se sont appuyés pour rendre leur décision. « Il y a des doutes dans cette affaire, a asséné d’entrée la présidente à son retour dans la salle d’audience. On voit bien que Monsieur a subi aussi des violences. Celles dont Madame dit être victime, pour certaines, ne sont pas confirmées par l’examen médical. L’accusé est donc relaxé. » Et d’ajouter, sur le ton du sermon. « Vous avez un enfant ! Je vous enjoins à devenir des parents responsabl­es ! »

Scènes de ménage à répétition Deux victimes pour les juges

Le parquet de Versailles a ouvert une informatio­n judiciaire contre l’homme qui a frappé Guy Duchesne, le président de la Fédération nationale des anciens combattant­s en Algérie, Maroc et Tunisie (Fnaca) de Rambouille­t. Sa mise en examen est intervenue le jour de ses 21 ans, le 9 mai.

La justice a décidé de poursuivre cet habitant de Guyancourt pour violences volontaire­s ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Son placement en détention provisoire a été demandé et obtenu auprès du juge des libertés et de la détention.

Les faits s’étaient déroulés le 8 mai, près de l’étang de la Tour. Alors qu’il promenait son chien, Guy Duchesne avait été pris à partie par l’homme. Il avait reçu plusieurs coups de poing à la tête et au corps. Un témoin était intervenu et avait également été frappé. Guy Duchesne s’était effondré quelques mètres plus loin. Il décèdera dans la nuit.

Lors de son interpella­tion, l’agresseur s’était opposé aux policiers et aux gendarmes. Son père s’en était mêlé et avait insulté les forces de l’ordre.

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