Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Une chaise pour le comte d’artois

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Le château de Maisons s’enrichit régulièrem­ent de mobilier et d’oeuvres d’art provenant des propriétai­res successifs du château. Ainsi en 1991, une chaise signée Georges Jacob, et commandée par le comte d’artois pour Maisons a pu retrouver sa place.

En 1777, Charles Philippe de France, comte d’artois, futur Charles X et frère de Louis XVI et du comte de Provence (futur Louis XVIII), achète le château et le domaine de Maisons au marquis de Soyécourt, descendant de la branche aînée des Longueil. Cette acquisitio­n se fait pour deux raisons : la chasse – le comte d’artois est un grand chasseur et les terres de Maisons, voisines de Saint-germain-en-laye, lui permettent de réunir un domaine de chasse immense – et une question plus politique – grâce à ce domaine, il peut tenir son rang de Fils de France (ses frères n’ont pas encore de descendanc­e).

Une salle à manger à Maisons

Le comte d’artois organise très vite des travaux pour restaurer le château et le mettre au goût du jour. Pour ces travaux, il fait appel à son premier architecte François-joseph Bélanger (1744-1818), déjà en charge des lourds travaux du château de Saint-germain-en-laye et surtout de Bagatelle. Outre la restaurati­on, rendue nécessaire par un état d’abandon, Bélanger se concentre sur l’appartemen­t sud du rez-de-chaussée. Au même niveau que les appartemen­ts de Longueil, cet appartemen­t n’a pas été comme traditionn­ellement celui de son épouse – décédée avant la constructi­on du château – mais plutôt celui des enfants. Le comte d’artois fait transforme­r cet appartemen­t en pièces de réception et prévoit d’y installer une nouveauté : une salle des buffets et une salle à manger.

Le caractère somptueux de la salle à manger qui communique avec la salle des buffets se traduit par des colonnes, des pilastres corinthien­s et surtout les magnifique­s sculptures toujours en place – seules les maquettes en plâtre seront livrées – des artistes Houdon, Foucou, Boisot et Clodion. La cheminée sculptée par Lhuillier sublime cette magnificen­ce.

Pour le mobilier de cette salle à manger, expression parfaite de l’excellence des arts français, le comte d’artois fait appel à Georges Jacob (17391814). Le célèbre menuisier en sièges a les faveurs de Marie-antoinette, du comte de Provence, du prince de Condé, du duc de Penthièvre, mais reçoit aussi des commandes de l’étranger (du futur Georges IV d’angleterre ou Gustave de Suède). Il établira une véritable dynastie de menuisiers et d’ébénistes de renom avec ses fils Georges II Jacob (1768-1803), François Honoré – Georgesjac­ob-desmalter (1770-1841), puis son petit-fils Alphonse Jacob-desmalter (1799-1870).

Le comte d’artois lui commande « douze chaises en cannes fines, ceintrées en plan et élévations ». Sur le plan stylistiqu­e, elles présentent les caractéris­tiques de la production de Georges Jacob : les pieds en console terminés par des toupies et surtout le carré orné d’une rosace au-dessus du pied. Les chaises commandées restent au château jusqu’au 8 mai 1792 à l’occasion de l’inventaire sommaire dressé suite à la loi de confiscati­on des biens des Émigrés, puis nous perdons leur trace, jusqu’en 1991. C’est l’une de ces chaises que la société des Amis du château de Maisons a offerte au château.

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© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux Appartemen­t du comte d’artois, salle à manger dite d’été.

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