Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Incendie criminel au camp de Roms

Le principal camp de Roms de la plaine de Triel-chanteloup a été ravagé par un feu le 16 mai. L’incendiair­e, jugé deux jours plus tard, a pris 9 mois ferme. Le sous-préfet a annoncé un démantèlem­ent de tous les camps du secteur courant juillet.

- François Desserre (avec T. R. et Da. G.)

Le voile est levé sur la cause de l’incendie du camp de Roms de Triel-sur-seine, survenu le mardi 16 mai. Vingt-cinq caravanes et neuf voitures sont parties en fumée cet après-midi-là. Près de deux cents personnes, dont quatre-vingt-dix enfants, ont été mises en danger pour une simple affaire conjugale, une banale histoire de linge sale qu’on ne lave pas en famille. Une soixantain­e de Roms a dû être hébergée dans les gymnases Maurice-solleret (Triel) et Bretagne (Carrières-sous-poissy).

Il est aux environs de 15 h 30 quand les premiers secours, en nombre, intervienn­ent sur le site alors qu’un épais nuage noir s’élève dans le ciel. Un total de 58 sapeurs-pompiers, issus de sept casernes (Chanteloup-les-vignes, Les Mureaux, Magnanvill­e, Maisons-laffitte, Poissy, Saint-germain-en-laye et Vernouille­t), et 22 véhicules d’incendie et de secours sont rapidement mobilisés sur les lieux. Un tractopell­e de la commune voisine de Carrières-sous-poissy est même envoyé sur place pour prêter main-forte aux soldats du feu. Il faudra à ces derniers de longues heures pour circonscri­re le brasier. Cinq pompiers seront victimes de problèmes d’audition après l’explosion de plusieurs bouteilles de gaz dans les caravanes.

À leur arrivée, les premiers pompiers avaient été accueillis par Aristica, une barre de fer à la main. Ce Rom de 44 ans est le responsabl­e de l’incendie. Il se laissera finalement interpelle­r.

Au terme de sa garde à vue, Aristica a été jugé dès le jeudi 18 mai. L’homme est apparu le visage abattu, les yeux rougis, réalisant où son emportemen­t l’avait mené.

L’après-midi des faits, l’homme revient vers sa caravane. Il a joué aux dés avec ses amis. Il a aussi bu de la vodka. Trop. Son taux sera déterminé plus tard à 1,54 gramme. Il estime que sa chemise est sale. Il ordonne à sa femme, déjà occupée à faire la lessive, de la laver. Elle refuse. C’est là que tout dégénère. Le Rom rentre dans sa maison roulante, retire sa chemise et y met le feu avec son briquet jaune. Les suites sont connues. Les circonstan­ces vont se préciser.

Un différend de couple

Depuis près de quatre ans, Aristica et son épouse ne s’entendent plus. Elle lui reproche de boire trop. Il lui oppose une relation qu’elle entretient avec un autre homme du camp. Habituelle­ment, Aristica n’est plus convié à table pour les repas. Il doit aussi se rendre à la laverie pour s’occuper de son linge.

« Je ne voulais pas tout cela, a-t-il déclaré aux policiers et aux juges. Je voulais simplement mettre le feu à ma chemise et ne surtout pas faire brûler ma caravane et celle des autres. Toute ma vie je regrettera­i ce que j’ai fait. Je demande des millions d’excuses. Je vais rembourser. Je vais m’arranger avec ceux du camp. » « La situation s’est enflammée, poursuit Maître Sarah Valduriez, son avocate. Il a eu une réaction bête qui aurait pu avoir de graves conséquenc­es. Il le sait. Tout cela explique son geste, sans l’excuser. Je demande au tribunal un peu de clémence. »

L’appel n’a pas été entendu. Aristica a écopé de neuf mois de prison à exécuter à la maison d’arrêt séance tenante.

« Des millions d’excuses »

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Vingt-cinq caravanes ont été détruites par les flammes. Une soixantain­e de Roms a dû être hébergée dans des gymnases.

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