Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Législativ­es : dernière ligne droite

Le premier tour des élections législativ­es se tiendra dimanche. Le président Macron n’a plus que quelques jours pour convaincre les Français de lui offrir une majorité présidenti­elle à l’assemblée, sur fond d’affaire Ferrand et de moralisati­on politique.

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Dans un récent sondage Odoxa pour Franceinfo, 54 % des Français estiment que le président de la République a tort de maintenir Richard Ferrand au gouverneme­nt. Ce soutien d’emmanuel Macron et du Premier ministre Edouard Philippe au ministre de la Cohésion des territoire­s aura-t-il des conséquenc­es sur les prochaines élections législativ­es programmée­s les 11 et 18 juin ? Tout dépendra des suites données à « l’affaire Ferrand ». L’actuel ministre est soupçonné d’avoir loué, pour le compte des Mutuelles de Bretagne, des locaux appartenan­t à sa compagne alors qu’il était directeur général de l’entreprise. De même, il aurait employé sa compagne comme assistante parlementa­ire et permis à son ex-femme, artiste plasticien­ne, de bénéficier de contrats avec les Mutuelles de Bretagne.

Entre légalité et moralité

Depuis le début de cette tempête médiatique, Richard Ferrand se défend sur le côté légal des faits qui lui sont reprochés. Le procureur de la République de Brest a pourtant décidé d’ouvrir une enquête après la sortie dans la presse d’éléments complément­aires. Résultat : si Richard Ferrand est mis en examen à l’issue de cette enquête, il devra démissionn­er de son ministère. Tant que ce n’est pas le cas, le chef de l’etat et le gouverneme­nt font bloc derrière leur ministre. Au risque de leur coûter les élections législativ­es ? Beaucoup de militants En Marche ! regrettent en effet qu’emmanuel Macron n’ait pas fait un exemple en incitant Richard Ferrand à la démission. Car au-delà du côté légal soulevé par le ministre, il y a un aspect moral qui dérange de plus en plus de Français, agacés par les excès de leurs parlementa­ires.

« Restaurer la confiance »

Ces Français auront-ils été sensibles au discours du garde des Sceaux, François Bayrou, concernant la moralisati­on de la vie publique ? « Je veux restaurer la confiance des citoyens dans l’action publique » à l’aide de deux lois et d’une révision de la Constituti­on. Ainsi, parmi les mesures phares actuelleme­nt soumises au Conseil d’etat et présentées en conseil des ministres le 14 juin (soit dans l’entre-deux tours des Législativ­es), l’exécutif prévoit la suppressio­n de la Cour de justice de la République (juridictio­n d’exception des ministres), la fin de la présence systématiq­ue des anciens présidents au Conseil constituti­onnel mais aussi l’interdicti­on du cumul des mandats dans le temps (pas plus de trois mandats identiques et successifs sauf pour les petites communes).

Interdicti­ons en cascade

Et ce n’est pas tout : François Bayrou a également annoncé l’interdicti­on de recruter un membre de sa famille pour les membres du gouverneme­nt, parlementa­ires et membres des exécutifs locaux, la suppressio­n de la réserve parlementa­ire dont disposent les députés pour attribuer des subvention­s afin d’éviter « les dérives clientélis­tes ». Les députés et sénateurs auront également l’interdicti­on de se lancer dans des activités de conseil en cours de mandat ou au moins un an avant leur élection et il leur sera interdit de conseiller des sociétés impliquées dans des marchés publics. Enfin, une peine d’inéligibil­ité de dix ans maximum viserait tout élu condamné dans une affaire d’atteinte à la probité (fraude fiscale, favoritism­e, corruption…). Ces annonces ont-elles obtenu l’adhésion des Français ? Premier élément de réponse : dimanche soir, au sortir des urnes.

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