Le Courrier des Yvelines (Poissy)

L’heure du procès et de la douleur

Le 30 novembre 2014, Françoise Valançon (76 ans) perdait la vie rue de Pologne. Le procès de la femme qui l’a renversée a lieu ce vendredi 7 juillet à Versailles. La mise en cause est poursuivie pour homicide involontai­re avec circonstan­ces aggravante­s.

- David Goudey

Elle était son pilier, « mon ange gardien », l’amour de sa vie depuis 1958. Pour Laurent Valançon (85 ans), le temps s’est arrêté le dimanche 30 novembre 2014 sur un trottoir de la rue de Pologne (lire ci-contre) à Saintgerma­in-en-laye, où le couple s’était installé en 1995 pour couler une retraite heureuse.

Trente-et-un mois après le drame qui a emporté son épouse Françoise à l’âge de 76 ans, l’ancien boucher du Pré-saintgerva­is compte les heures qui le séparent du procès de Julienne X. (37 aujourd’hui), programmé ce vendredi 7 juillet (9 heures) devant la 5e chambre du tribunal correction­nel de Versailles.

Laurent n’a rien oublié de ce maudit jour de la Saint-andré. Rien oublié de ce terrible pressentim­ent qui l’a étreint lorsqu’il n’a pas vu revenir Françoise au domicile de la rue de Mareil. Rien oublié de son crochet par le marché de Saint-germain. Rien oublié, enfin, de son arrivée rue de Pologne où des policiers lui annoncent, à une centaine de mètres des lieux de l’accident : « C’est très très grave ! Votre femme est décédée ! »

Supplice ultime : on lui interdit de s’approcher de son épouse, pour lui épargner l’horreur. « Les

pompes funèbres m’ont dit ensuite que je ne l’aurai pas reconnu tellement l’accident l’avait abîmée. Lorsque j’ai rencontré notre avocat, il m’a

d’ailleurs dit : Ne me demandez pas de voir les photos, je

ne vous les montrerai pas ! » Lorsqu’il nous a reçus chez lui, il y a deux semaines, Laurent Valançon réclamait « justice ». « Pour moi, c’est un assassinat ! La conductric­e n’avait pas le permis, la voiture n’était pas assurée, elle avait fumé du cannabis et elle était sans doute au téléphone. En plus, elle a menti et inventé des histoires pour se dédouaner de ses responsabi­lités. Jamais elle n’a manifesté le moindre remord. »

« Françoise ne méritait pas ça, poursuit Laurent, envahi par l’émotion. Elle voulait que tout le monde s’aime et on l’aimait pour ça. Elle faisait l’unanimité. Toujours prête à rendre service, elle était le rayon de soleil du quartier, son petit ange comme on la surnommait. »

Vendredi matin, devant la 5e chambre du TGI de Versailles, Laurent pourra compter sur le soutien de son fils Franck (50 ans) et de sa fille Nathalie (53 ans). « Comme mon père, elle est dévastée, nous a confié Franck. Moi, je n’attends rien du tout. Ni de la justice, ni de cette femme ! Je n’ai que du mépris pour elle. »

Laurent, lui, n’attend pas non plus « d’excuses » de l’accusée. « L’instructio­n a été une souffrance de tous les jours », souligne le vieil homme, affaibli par un cancer qui s’est déclenché « un an pile après ». Choc émotionnel ? « On n’y croit ou pas mais ce n’est pas un hasard… »

« Je ne redoute pas le procès, je l’attends en espérant, conclut Laurent Valançon. J’espère pouvoir m’exprimer et aussi croiser son regard, la regarder droit dans les yeux. Je ne baisserai pas les yeux. Je ne demande pas de régime de faveur mais j’attends une sanction. »

L’horreur, la souffrance et la colère « Je veux la regarder droit dans les yeux »

Newspapers in French

Newspapers from France