Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Passe d’armes au tribunal de Versailles

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Le 21 juin dernier, nous relations dans nos colonnes une manifestat­ion publique des avocats du barreau de Versailles. Lors d’une audience de comparutio­n immédiate, le bâtonnier, Jean-marc André s’était indigné qu’une magistrate ne respecte pas « les usages et les coutumes » de la profession.

Cela concernait notamment les demandes de renvoi des dossiers. Dans le cas présent, la juge Pascale Humbertmas­sa avait rejeté cette possibilit­é, alors que l’avocat plaidait en cour d’assises. Cet événement avait révélé une tension plus profonde, germant depuis plusieurs mois. Beaucoup d’avocats se plaignent de peines trop lourdes prononcées par cette juge, même si elles restent tout à fait légales.

Suite à cet article, le président du TGI a réagi. Christophe Mackowiak s’est longuement exprimé dans un courrier de deux pages (publié sur notre site 78 actu). Dans la foulée, le procureur de la République a soutenu sa démarche. En voici un extrait. « Je déplore que le barreau ait utilisé la tribune qu’offre l’audience correction­nelle pour exprimer son mécontente­ment. »

« Rendre la justice suppose sérénité et l’audience de jugement ne saurait être perturbée par un quelconque mouvement collectif […] Cette protestati­on est le révélateur d’un changement plus profond dans le fonctionne­ment de la justice et dans ses habitudes, conséquenc­e d’une tension entre la contrainte qu’imposent l’obligation de rendre une justice de qualité dans des délais raisonnabl­es et la gestion du flux des affaires. Cette tension est particuliè­rement sensible en matière pénale notamment lorsque l’agenda de l’avocat se heurte au calendrier des audiences […] Les fonctionna­ires et magistrats du tribunal de grande instance de Versailles veillent à rendre une justice de qualité, laquelle est indissocia­ble des délais de jugement. La justice est régulièrem­ent l’objet de critiques sur sa lenteur et de nombreux efforts restent à fournir dans ce domaine. Ils supposent la mobilisati­on de tous les acteurs de la justice, personnels judiciaire­s et avocats. Dans ce contexte, l’appréciati­on des motifs d’une demande de renvoi ne saurait constituer une marque de mépris. Elle témoigne au contraire de l’attention portée au justiciabl­e et de la volonté de l’institutio­n judiciaire de remplir sa mission. »

Une mise au point qui n’est pas restée sans réponse. « Le Barreau de Versailles, par la voix de son bâtonnier, tient à rappeler que Madame Humbert-massa n’a pas été par le barreau et qu’en aucun cas il ne s’agit d’une

Le différend concerne exclusivem­ent le comporteme­nt adopté par ce magistrat aux audiences vis-à-vis des avocats. »

La présidence du TGI répond Le barreau contre-attaque

Et d’ajouter : « face à ce que le barreau qualifie de maltraitan­ce de la défense et face au non-respect des usages qui fondent la courtoisie judiciaire, le barreau a manifesté ouvertemen­t sa forte et ferme désapproba­tion. Des éléments circonstan­ciés vont être remis à Madame la Première Présidente de la Cour d’appel de Versailles. »

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