Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le conseil municipal dans la tourmente

- S.R.

Une quinzaine d’élus ont quitté le conseil municipal et refusé de débattre du Projet d’aménagemen­t et de développem­ent durable (Padd). Les réfractair­es craignent que le Plu ne soit entaché par des conflits d’intérêts.

L’ambiance était électrique dans la salle du conseil municipal. Le maire Brigitte Morvant a fait un exposé de plusieurs minutes sur les enjeux du Projet d’aménagemen­t et de développem­ent durable (Padd) avant que des élus de l’opposition n’évoquent de possibles conflits d’intérêts entachant la révision du Plan local d’urbanisme (Plu). L’ancien maire Jean-bernard Bisson a pris la parole en premier et exposé clairement la situation. « Les propriétai­res de parcelles non construite­s en zones à urbaniser, ou qui pourraient le devenir, ont leur propre priorité. Dans certains cas, ils sont pressés de vendre ou de construire. Dans d’autres cas, ils préfèrent attendre pour des raisons financière­s, fiscales, familiales ou patrimonia­les… On comprend donc qu’ils ont des intérêts distincts de la majorité de la population et qu’ils ne peuvent pas être décisionna­ires des priorités d’un Plu. » L’orateur a rappelé que « les décisionna­ires de ces priorités sont donc les élus municipaux ». « Encore faut-il que ces élus ne soient pas eux-mêmes propriétai­res de parcelles non construite­s en zones à urbaniser ou qui pourraient le devenir ! »

Risques judiciaire­s

L’élu du groupe d’opposition Demain Mareil a ensuite cité un article du Code général des collectivi­tés territoria­les évoquant « l’illégalité de délibérati­ons » auxquelles prendraien­t part un ou plusieurs membres du conseil municipal intéressés sur le plan personnel article. « Il a été annulé par le tribunal administra­tif au bout de cinq ans de procédure. Cinq ans perdus pour la commune. » Le Mareillois a mis les élus face à leur responsabi­lité en les prévenant des risques judiciaire­s encourus s’ils confondent leurs intérêts privés et ceux de la commune. L’orateur a ensuite demandé à Brigitte Morvant si elle avait vérifié auprès de chaque élu du conseil municipal son absence d’intérêt dans une parcelle à construire « afin d’éviter des risques de recours contre le Plu ».

« Pas un sujet » pour le maire

Brigitte Morvant a été claire, répondant « qu’aucun conseiller municipal autour de la table n’est un conseiller intéressé ». « À ma connaissan­ce, pour tous les conseiller­s municipaux qui sont aujourd’hui propriétai­res de parcelles, les droits à construire ne changeront pas et ces parcelles resteront gelées à l’urbanisati­on. Ce n’est pas un sujet. » La conseillèr­e municipale Sabine Lindgren a indiqué pour sa part qu’elle ne participer­ait pas aux discussion­s concernant les parcelles qu’elle a achetées sur le secteur très prisé des Sablons. « Les choses sont donc claires. » Le ton est encore monté d’un cran lorsque plusieurs élus d’opposition, dont Gilles Lamy du groupe Mareil Autrement, ont demandé que tous les membres du conseil municipal signent une attestatio­n sur l’honneur. Mais un adjoint a refusé de s’y soumettre et une quinzaine de membres du conseil municipal, dont trois maires-adjoints, ont alors préféré quitter la salle, reprochant également au futur Plu de ne pas avoir de « zones naturelles ». Brigitte Morvant va-t-elle pouvoir remettre de l’ordre au sein de l’assemblée communale ? La réponse dans les semaines et les mois à venir…

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