Le Courrier des Yvelines (Poissy)
La grandeur miniature de Versailles exposée dans un jardin
Béatrice Caudron et Pascal Chesnel, maquettistes professionnels, exposent jusqu’au 16 juillet, puis à nouveau à partir de septembre, une superbe maquette de 16 m2 représentant Versailles en 1704.
Le cadre est bucolique, entre la Seine et la voie ferrée, au coeur du village de Médan. Sous une grande tente de réception installée dans le jardin de leur propriété, Béatrice Caudron et Pascal Chesnel, couple de maquettistes professionnels, ont aménagé - depuis le 10 juin et jusqu’au 16 septembre, avec une reprise à partir de septembre -, une exposition originale : Versailles miniature.
On y trouve des panneaux thématiques évoquant la vie et les usages au temps de Louis XIV (À la table du Roi Soleil, la gastronomie, art de vivre, la journée du Roi, Si Versailles m’était compté, Rencontre avec Le Nôtre, etc.), des montages vidéo retraçant l’historique de la construction du château de Versailles « éternel chantier » ou racontant comment il a su résister aux périls de l’histoire jusqu’à nos jours.
« Nous sommes les seuls en France »
Le clou de la visite est une superbe maquette à l’échelle 1/600, d’une superficie de 16 m2. représentant la ville de Versailles (ville, château et parc) en 1704. Elle a été réalisée selon la technique employée au temps de Louis XIV, à partir de papier chiffon, de soie, de colles animales ou végétales, de pigments naturels, de sable pur (sans traces de coquillage)…
Autant de matériaux mis en avant sur un panneau de l’exposition qui explique le procédé de réalisation. « C’est un savoirfaire rare, nous sommes les seuls en France », précise Pascal Chesnel. « Nous avons conçu cette exposition également comme un parcours dans la matière, on peut toucher, sentir. Même si on n’apprécie pas particulièrement Louis XIV on peut y prendre du plaisir en famille. » Des animations ludiques pour les enfants sont en préparation pour le mois de septembre.
Plans-reliefs
Pascal Chesnel a transmis à sa compagne Béatrice Caudron sa passion pour les plans-reliefs des villes fortifiées réalisées pour le compte du Roi Soleil et que l’on peut toujours admirer au Musée des plans-reliefs aux Invalides. Des oeuvres uniques au monde, aucun autre monarque n’ayant eu cette idée ingénieuse. « À l’époque, il était impossible de voler et ces plans-reliefs permettaient au Roi d’avoir une vision aérienne des villes de son royaume. Ces pièces ont servi pendant 200 ans. »
Jusqu’en 2006, le couple d’artisans d’art collaborait régulièrement avec le Musée des plans-reliefs. « On faisait de la restauration pour eux ». Ils ont également répondu à de nombreuses commandes publiques de musées ou de communes souhaitant avoir leur propre copie de plans-reliefs issus de la collection du musée des plansreliefs (Perpignan, Saint-tropez, Montdauphin, etc.). « Pour Bastia, Cambrai et Chantilly, nous avons réalisé des copies des villes actuelles. »
En 1998, le couple a l’idée de s’attaquer à Versailles. « On s’est dit que Louis XIV était à l’origine de cette collection et nous avons pensé la maquette comme s’il pouvait la regarder en 1704 au moment de la période exubérante de Le Nôtre avec ces bosquets extraordinaires qu’on ne trouve plus sous la même forme aujourd’hui. »
Valeur inestimable
Pour guider le visiteur, Béatrice et Pascal se sont inspirés des indications personnelles du Roi. « Il avait écrit une promenade à l’attention de ses visiteurs. Aujourd’hui, on fait revivre ce manuscrit. »
Douze mois de recherches (sur la base de documents topographiques et historiques) ont été nécessaires. Quant à la fabrication, elle a nécessité de faire appel à une douzaine de corps de métiers différents, en France, en Allemagne et en Italie, notamment. La maquette a totalisé 18 000 heures de travail avec la participation de bénévoles locaux. Une fois achevée, elle a été exposée pour la première fois à Versailles en 2006, puis trois mois plus tard au Centre de diffusion artistique de Poissy. « Cela avait été un grand succès. Nous avions reçu respectivement 9 000 et 5 000 visiteurs. »
L’exposition actuelle à Médan fait office de « showroom » pour Pascal et Béatrice. « Elle nous sert aussi à financer une tente plus grande. » Ces derniers souhaitent convaincre des villes en France ou en Europe de les accueillir pour qu’ils puissent présenter leur chef-d’oeuvre de miniature à la valeur « inestimable ».