Le Courrier des Yvelines (Poissy)
«Mon poussin»
Du haut de ses 18 ans, Vincent mène une vie de rêve : même s’il n’est pas vraiment précisé où il en est côté cours, ses parents paraissent aimants et peu envahissants (au premier abord seulement, notez-le bien) et - surtout - il file le parfait amour avec la belle Elina, à tel point qu’ils parlent déjà d’appartement commun et d’enfant, malgré leurs deux années de relation. Ou plutôt « parlaient » car, patatras !, tout s’effondre lorsque le jeune homme se fait larguer par sa douce du jour au lendemain. Entre larmes, léthargie et position foetale, son quotidien change radicalement, malgré quelques fulgurances comme ce moment où il décide d’avaler le contenu d’une bouteille de parfum pour prouver ses sentiments et tenter de recoller les morceaux. Un passage par les urgences assorti d’un lavage d’estomac plus tard, ses géniteurs décident de prendre les choses en main et de lui faire suivre comme un programme de désintoxication, où il sera notamment question de claques et d’insultes envers Elina, pour que Vincent puisse passer à autre chose. Et c’est là que le concept de cette comédie signée Frédéric Forestier (« Le Boulet ») atteint son sommet, l’alchimie et le timing comique entre Pierre-françois Martinlaval et Isabelle Nanty se mariant très bien avec le talent de Thomas Solivérès, valeur montante du cinéma français attendu sous les traits de Spirou en février prochain. Ajoutez à ce trio la petite soeur rebelle mais en manque d’attention jouée par Manon Valentin, vous constaterez qu’il n’est pas rare de rire devant « Mon poussin ». Sa première moitié du moins. Car la seconde inverse les rôles avec des parents qui se rendent compte qu’ils s’y connaissent peut-être moins que prévu en matière d’amour, et se lancent dans une guerre des nerfs qui rappelle celle de « Papa ou Maman », en moins bien et moins vachard, malgré une séquence à déconseiller aux estomacs fragiles. En mettant les ados de côté au profit des adultes, le film perd de sa force et nous laisse sur une note décevante alors qu’il avait plutôt bien commencé. D’où l’importance de bien garder en tête ses premiers pas réussis de ce « Poussin » qui perd un peu de ses plumes à mi-parcours.