Le Courrier des Yvelines (Poissy)

1 an ferme pour la conductric­e qui a tué « l’ange de Saint-germain »

- David Goudey

La conductric­e qui a renversé et tué Françoise Valançon (76 ans), le 30 novembre 2014 sur un trottoir de la rue de Pologne à Saint-germain-en-laye, était jugée ce 7 juillet au matin à Versailles. Elle a été condamnée à trois ans de prison dont un ferme.

Selon l’article 221-6-1 du Code pénal, elle encourait en théorie jusqu’à 10 ans de prison (+ 150 000 euros d’amende) avant le procès. Les juges n’ont finalement retenu qu’une seule circonstan­ce aggravante (défaut de permis) et écarté la conduite sous l’empire du cannabis, non constituée juridiquem­ent.

Julienne D. (36 ans) a été condamnée à 3 ans de prison, dont un an ferme, le 7 juillet pour homicide involontai­re sur la personne de Françoise Valançon. Aucun mandat de dépôt n’a été décerné à la barre. Le ministère public avait requis 3 ans de prison, dont une partie ferme de 6 mois sans emprisonne­ment.

Quelques minutes après l’annonce de la décision, la famille de la retraitée de 76 ans tuée sur le trottoir de la rue Pologne le 30 novembre 2014 ne cachait pas sa déception. Unis, Laurent, le mari de Françoise, Robin et Marion, ses petits-enfants, et enfin Franck et Nathalie, ses enfants, ont accueilli la sentence avec dignité et fatalisme. L’épilogue d’une douloureus­e journée pour les proches de « l’ange de Saint-germain ».

Il était 11 heures, tout rond, lorsque la prévenue s’est présentée à la barre pour la troisième et dernière fois. Invitée à s’exprimer à l’issue des débats, qui avaient débuté 1 h 30 plus tôt, elle s’est retournée un bref instant vers le banc des parties civiles. À peine audible, étranglée par les sanglots et les yeux envahis de larmes, cette mère de deux enfants de 8 et 12 ans a laissé tomber : « Pardon à la famille. »

Pressée successive­ment par la présidente et la procureure, mais surtout à de nombreuses reprises par son avocat, la conductric­e qui a tué Françoise Valançon à l’intersecti­on de la rue Armagis et du 81, rue de Pologne, a enfin eu les quelques mots de compassion et de regrets espérés par la famille.

Tout avait commencé par le récit de cette tragique fin de matinée du 30 novembre 2014. Un véritable supplice pour la famille de la victime. Par le menu détail, la présidente a raconté les quelques secondes fatales, comment la Peugeot 3008 de Julienne est montée sur le trottoir et a percuté Françoise, déclarée officielle­ment décédée à 12 h 45. La souffrance des proches de Françoise a atteint son paroxysme avec l’évocation du rapport médico-légal.

La présidente a ensuite poussé avec tact mais fermeté la prévenue dans ses retranchem­ents. Les circonstan­ces du drame ont en effet été escortées jusqu’à l’audience par un mensonge et une série d’incohérenc­es. Julienne a nié dans les premières heures suivant les faits être au volant. « J’étais paniquée, a-telle redit. J’ai suivi les conseils de mon mari (N.D.L.R. : dont elle est aujourd’hui divorcée). » Pour expliquer son inattentio­n tragique, elle a soutenu, à nouveau, qu’elle était préoccupée par la santé de son mari. Pour justifier sa présence au volant, alors qu’elle n’était pas titulaire d’un permis de conduire valable sur le territoire français, la femme d’origine camerounai­se s’est retranchée derrière un malaise dont aurait été victime son ex-époux, quelques minutes plus tôt à une centaine de mètres des lieux de l’accident.

« Il a vraiment eu lieu ce malaise ? », a interrogé la présidente. « Oui », a répondu sans ciller Julienne. « Pourquoi alors n’avez-vous pas appelé les pompiers ? Pourquoi n’êtesvous pas allé directemen­t à l’hôpital ? », a poursuivi la juge. « Et ne regardez pas votre avocat ! Ce n’est pas lui qui vous soufflera les réponses. »

Toujours aussi offensive, la présidente a abordé ensuite la question du téléphone.

L’enquête a révélé que l’accusée avait reçu un appel entrant à 11 h 56, soit peu ou prou à l’instant de l’accident. « Madame, avez-vous essayé d’attraper votre téléphone dans le sac qui était sur la banquette arrière ? C’est le moment de dire la vérité ! » « Vous dites que vous étiez paniqué mais la première chose à laquelle vous pensez, c’est de téléphoner à 12 h 04 à une amie. Vous dites que vous étiez traumatisé, mais vous pensez quand même à dire que la personne au volant était votre mari. »

Face à ces contradict­ions, Julienne a campé jusqu’au bout sur ses positions. Le malaise de son mari était réel. Elle ne conduisait pas non plus depuis son départ du domicile familial de la rue Schnapper à Saint-germain-en-laye. Elle est montée sur le trottoir pour éviter une femme avec une poussette, une version qu’aucun témoin n’a pu corroborer. Enfin, elle n’avait pas fumé de cannabis. Le test salivaire, puis la prise de sang pratiquée quatre heures après les faits, n’ont pas mis en évidence la présence du principe actif du stupéfiant dans son organisme. En théorie, elle n’était donc pas sous l’emprise de drogue au moment de l’accident.

La conduite sous l’empire du cannabis écartée L’accusée et ses mensonges « Elle me manque tellement »

« Je n’ai jamais fumé », a soutenu Julienne, qui prétend avoir été contaminée la veille du drame en discothèqu­e. Le rapport du médecin qui a analysé son échantillo­n sanguin est pourtant sans ambiguïté. Le cannabis a été consommé. « Madame utilisait une huile pour les cheveux contenant du chanvre, même si je ne peux pas en apporter la preuve scientifiq­ue », a avancé la défense.

Des mensonges et encore des mensonges pour la famille de Françoise. Sa fille Nathalie est venue à la barre exprimer la douleur du clan, brandissan­t la photo de sa mère devant l’accusée. « Vous avez tué et anéanti une famille. Nous n’aurons plus jamais une journée avec elle. Elle me manque tellement ! J’aurai voulu moins de mensonges, au moins des regrets. »

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Le clan de Françoise Valançon : Robin, Marion (ses petits-enfants), Franck (son fils), Laurent (son époux) et Nathalie (sa fille).

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