Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Baby driver
Lorsqu’il sera l’heure de faire le bilan de l’année cinématographique, il faudra sans doute accorder une place de choix aux bandes-originales qui ont fait tourner la « coolitude » à pleins tubes, des « Gardiens de la Galaxie 2 » à « Moi, moche et méchant 3 », en passant par l’explosif « Atomic Blonde », attendu dans nos salles le 16 août. Mais le grand gagnant, dans cette catégorie, sera sans doute « Baby Driver », qui fait de la musique le moteur de sa mise en scène et son montage. Et des actions de son héros, chauffeur pour braqueurs de banques dont les gestes et folles embardées sont rythmées par les titres qui résonnent dans ses écouteurs. Cette particularité, à la fois propre et extérieure au récit, la scène d’ouverture nous la fait bien comprendre avec un morceau de bravoure dingue de précision qui nous laisse bouche bée et montre que le choix de chaque chanson n’est pas guidé par un quelconque opportuniste mais qu’il a bien été pensé en amont. Et qu’il n’a rien de gratuit, car Baby souffre d’acouphènes depuis un accident de la route dans lequel il a été impliqué étant enfant, et seule la musique lui permet d’atténuer les bourdonnements. D’où un polar riche en coups de feu, rebondissements et hémoglobine, qui tourne presqu’à la comédie musicale et permet - enfin - à Ansel Elgort de faire preuve de charisme dans un rôle qu’il maîtrise sans fausse note et face à un casting au sein duquel on retrouve Kevin Spacey, Jon Hamm, Jamie Foxx et Lily James, ex-cendrillon de Disney qui fait ici figure d’échappatoire pour Baby. Mais on regrettera que la romance, comme le scénario en général, soient un peu trop classiques, même si Edgar Wright parvient à les transcender par l’image et le son pour signer l’un des films les plus originaux et jouissifs vus cette année. Dans la lignée de ses déjà excellents « Scott Pilgrim » ou « Shaun of the Dead », le réalisateur anglais prouve qu’il sait s’approprier la pop culture et la transformer sans jamais tomber dans la citation facile ni trébucher sur ses ambitions. Et à l’image de son nouveau bébé, bien parti pour être l’un des sommets de l’été, il nous rappelle qu’il est bien l’un des cinéastes les plus cool en activité.