Le Courrier des Yvelines (Poissy)
26 ha de vignes dans la plaine de Versailles
Le premier vignoble professionnel d’ile-de-france est à Davron. Dans quatre ans, les vendanges promettent un cru issu des cépages de crus de qualité, et typique des Yvelines.
Planter du Chardonnay, du Pinot noir, du Chenin ou du Merlot dans la plaine de Versailles, c’est le pari relevé par trois jeunes amoureux du vin dont l’ambition est de ressusciter la filière viticole historique du bassin parisien. Car jusqu’au 19e siècle, Paris et sa ceinture comptaient 44 000 hectares de vignes donnant l’une des plus importantes productions. Le phylloxera ayant anéanti les vignes, ne subsistent plus que des plantations dans un cadre associatif et, outre une expérimentation menée à Montesson, l’ile-de-france ne comptait plus aucun vignoble professionnel.
Si le projet de Arnaud Pélissié, Julien Bengué et Julien Brustis se concrétise, c’est parce que les nouvelles réglementations européennes permettent de planter sans arracher au préalable, comme c’était le cas jusqu’en 2016. Mais aussi, parce que le réchauffement climatique et l’évolution des techniques permettent de franchir la Loire avec des cépages jusqu’alors cantonnés au Bordelais, à la Bourgogne ou au Languedoc.
Lorsqu’arnaud Pélissié et Julien Bengué ont monté un club de dégustation d’étudiants, ils n’imaginaient pas se retrouver dix ans après la fin de leurs études et des parcours professionnels distincts, avec un engouement inchangé et l’envie d’entreprendre. Ainsi, avec Julien Brustis, oenologue, pour compléter le duo, est née en 2015 la Winerie Parisienne, premier chai ouvert dans la capitale depuis 1970 (et installée à Montreuilsous-bois depuis l’an passé, pour accompagner le développement de l’entreprise) dont l’activité se concentre sur la vinification de raisins issus de vignobles sélectionnés de différentes régions de France. L’assemblage définit la signature de la Winerie.
Les trois entrepreneurs (âges de 27 à 31 ans) voulaient aller plus loin en créant leur propre vignoble. « C’est dans les Yvelines que nous avons concentré nos études», explique Arnaud Pélissié, séduit par «l’enthousiasme du conseil départemental et de son président. » À Davron, ils ont trouvé « l’exposition nord-sud et le sol peu profond, sur une dalle calcaire qui favorisera la meilleure maturation », souligne Julien Bustis. Pour faciliter la mise en oeuvre rapide du projet, l’établissement public foncier d’ile-de-france, sur fond yvelinois, a assuré le portage foncier des 26 ha, pour le compte du Département.
182 000 bouteilles d’un cru unique
3 ha (16 550 pieds) ont été récemment plantés et 23 autres le seront dans les deux ans à venir. Une récolte test aura lieu dans deux ans, les premières vendanges l’année suivante et les bouteilles sont annoncées pour 2021. Avec des conditions optimales, 7 000 unités (50 hectolitres) à l’hectare sont espérées soient 182 000 pour la totalité de la parcelle. Les trois entrepreneurs ne cachent pas attendre ici « des potentiels intéressants », estime l’oenologue.
« Nous faisons le pari du Nord », explique Julien Brustis, et « la plantation de cépages connus du grand public dans une région viticole inexplorée va permettre l’émergence d’un style de vin nouveau, au caractère unique. » Un monocépage « représentatif du lieu où il est produit. »
Si le maire de Davron s’est réjoui de cet apport « de poésie dans la plaine de Versailles », le président du conseil départemental, Pierre Bédier n’a pas caché son engouement pour un projet qui, outre sa dimension d’attractivité touristique, est une entreprise inscrite « dans notre philosophie privilégiant la production de richesses. » C’est aussi un apport pour la filière agricole qui compte « 2 000 emplois dans les Yvelines. »
Avec ce vignoble, la Winerie Parisienne fait le pari de l’innovation, de la formation, envisage la création d’une quinzaine d’emplois et le recrutement d’une cinquantaine de saisonniers en année pleine de production.