Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Un déchaîneme­nt de violence inouï

- David Goudey

C’est l’histoire de l’honneur bafoué d’une femme, de deux amis totalement irrespectu­eux et de trois hommes s’arrogeant le droit d’endosser l’armure de chevaliers blancs.

Il était entre 19 et 20 heures, le 4 septembre. Une femme traverse une petite place jouxtant la rue Félix-faure et l’avenue Stalingrad. Deux quadras, assis sur un banc une canette de bière à la main, la sifflent. Comme manoeuvre de séduction, on a déjà vu plus élégant. Maria (*) n’apprécie d’ailleurs que très modérément et le fait savoir. « Je ne suis pas un chien, ce sont les chiens qu’on siffle. » L’altercatio­n verbale, brève mais intense, aurait pu en rester là.

Tout débute par une femme sifflée

On ne saura jamais vraiment si une vendetta a été sciemment lancée ensuite. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que, une trentaine de minutes plus tard, Maria est revenue sur les lieux à bord d’un taxi conduit par l’un de ses voisins. Le ton est à nouveau monté et tout s’est enchaîné.

Armé d’un bâton, l’artisan taxi frappe d’abord à la tempe et dans le dos l’un des deux malotrus. Le gérant d’un salon de coiffure tout proche, accompagné de son frère, combattant de MMA, surgit à son tour. Les coups pleuvent. L’un des « siffleurs » se relèvera avec un énorme coquard. L’examen médical révélera également une perforatio­n d’un tympan. Son copain a eu moins de chance. Sa mâchoire est fracturée.

L’une des deux victimes se rend le lendemain au commissari­at pour raconter les faits et déposer plainte. Son ami sera retrouvé à l’hôpital. Les trois agresseurs sont finalement interpellé­s le 12 septembre.

Le 13 septembre, le trio a été présenté devant le tribunal. Leurs victimes, dont les visages tuméfiés attestent de la violence inouïe des coups, étaient également présentes. Dans le box des accusés, on a tenté d’expliquer l’inexplicab­le.

Un combattant de MMA impliqué

« Je voulais simplement leur faire la morale, raconte Abdel (49 ans), l’artisan taxi impliqué. Ils étaient très agressifs et ivres. J’ai mal réagi. » « Je suis intervenu pour mettre fin à la bagarre, soutient, lui, Aboubacar (33 ans), le gérant du salon de coiffure. Ils sont en fait revenus trente minutes plus tard et c’est là que tout a dégénéré. »

Une version niée par les victimes. « Il a essayé de me frapper, jure à son tour Ibrahim (25 ans). Mon instinct de combattant de MMA est ressorti et j’ai enchaîné deux coups. »

« Le fait d’avoir sifflé une jeune femme ne justifie en rien cette expédition punitive », a assené l’avocate des parties civiles. « Nous regrettons vraiment ce qui s’est passé », se sont ensuite excusés les accusés. Suivant les réquisitio­ns du procureur, le trio a écopé de peines avec sursis : 6 mois pour Abdel, 4 mois assortis d’une mise à l’épreuve de 1 an et demi pour les deux frères. L’audience qui statuera sur l’indemnisat­ion des victimes a, elle, était fixée au 23 janvier 2018. (*) Le prénom a été changé.

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