Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Un déchaînement de violence inouï
C’est l’histoire de l’honneur bafoué d’une femme, de deux amis totalement irrespectueux et de trois hommes s’arrogeant le droit d’endosser l’armure de chevaliers blancs.
Il était entre 19 et 20 heures, le 4 septembre. Une femme traverse une petite place jouxtant la rue Félix-faure et l’avenue Stalingrad. Deux quadras, assis sur un banc une canette de bière à la main, la sifflent. Comme manoeuvre de séduction, on a déjà vu plus élégant. Maria (*) n’apprécie d’ailleurs que très modérément et le fait savoir. « Je ne suis pas un chien, ce sont les chiens qu’on siffle. » L’altercation verbale, brève mais intense, aurait pu en rester là.
Tout débute par une femme sifflée
On ne saura jamais vraiment si une vendetta a été sciemment lancée ensuite. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que, une trentaine de minutes plus tard, Maria est revenue sur les lieux à bord d’un taxi conduit par l’un de ses voisins. Le ton est à nouveau monté et tout s’est enchaîné.
Armé d’un bâton, l’artisan taxi frappe d’abord à la tempe et dans le dos l’un des deux malotrus. Le gérant d’un salon de coiffure tout proche, accompagné de son frère, combattant de MMA, surgit à son tour. Les coups pleuvent. L’un des « siffleurs » se relèvera avec un énorme coquard. L’examen médical révélera également une perforation d’un tympan. Son copain a eu moins de chance. Sa mâchoire est fracturée.
L’une des deux victimes se rend le lendemain au commissariat pour raconter les faits et déposer plainte. Son ami sera retrouvé à l’hôpital. Les trois agresseurs sont finalement interpellés le 12 septembre.
Le 13 septembre, le trio a été présenté devant le tribunal. Leurs victimes, dont les visages tuméfiés attestent de la violence inouïe des coups, étaient également présentes. Dans le box des accusés, on a tenté d’expliquer l’inexplicable.
Un combattant de MMA impliqué
« Je voulais simplement leur faire la morale, raconte Abdel (49 ans), l’artisan taxi impliqué. Ils étaient très agressifs et ivres. J’ai mal réagi. » « Je suis intervenu pour mettre fin à la bagarre, soutient, lui, Aboubacar (33 ans), le gérant du salon de coiffure. Ils sont en fait revenus trente minutes plus tard et c’est là que tout a dégénéré. »
Une version niée par les victimes. « Il a essayé de me frapper, jure à son tour Ibrahim (25 ans). Mon instinct de combattant de MMA est ressorti et j’ai enchaîné deux coups. »
« Le fait d’avoir sifflé une jeune femme ne justifie en rien cette expédition punitive », a assené l’avocate des parties civiles. « Nous regrettons vraiment ce qui s’est passé », se sont ensuite excusés les accusés. Suivant les réquisitions du procureur, le trio a écopé de peines avec sursis : 6 mois pour Abdel, 4 mois assortis d’une mise à l’épreuve de 1 an et demi pour les deux frères. L’audience qui statuera sur l’indemnisation des victimes a, elle, était fixée au 23 janvier 2018. (*) Le prénom a été changé.